Perspective politique : Une 4ème République pour sauver le Mali

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Après seulement une année d’exercice de son dernier mandat constitutionnel, de nombreux hommes politiques s’élèvent pour mettre en garde le Président ATT. Ainsi, ils se positionnent pour les présidentielles de 2012 avec des fortunes diverses. Pour certains, afin de sauver le Mali, il faut une 4ème République. Comment parvenir à cette nouvelle République ? Pourquoi cette République ? Quelle sera sa méthode de gestion ?

A quelques mois d’exercice de son dernier mandat, ATT est déjà sous pression des hommes politiques. Les prétendants et les préparateurs de terrain pour les candidats potentiels s’affirment de plus en plus. A les écouter, on risque de se retrouver face à un nouveau COPPO (collectif des partis politiques de l’opposition) du temps du Président Alpha Oumar Konaré. Car, d’ores et déjà, en dehors des partis dits de l’opposition, des partis de la mouvance présidentielle ainsi que des indépendants semblent se décider à s’affirmer. Dans ce lot, il y a la COREAM (convention de réflexion et d’action pour le Mali) dont le Président n’est autre qu’un enfant de Sikasso, Bamba Gagny Kiabou. Né le 4 janvier 1960 à Mancourani, il ambitionne de prendre les destinées de son pays afin qu’il sorte de l’ornière. Suivez son regard et ses propositions !

Président de la COREAM, M. Bamba avec son parti a été membre de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) lors des élections présidentielles de 2007. Après la réélection de ATT, il estime que la mission et souhaite une bonne sortie de pouvoir au Président ATT. Puis, il s’empresse de dire ceci : «Aujourd’hui, nous ne sommes plus un parti d’accompagnement. Nous sommes désormais dans la peau d’un parti de Gouvernement».

Son regard sur l’état de la Nation
Licencié en droit privé, il commence à s’interroger. Ainsi, dit-il, quel est l’état de la Nation malienne ? Répondant à cette question, il souligne : « 72% (pratiquement 3 Maliens sur 4) de la population malienne vit en dessous du seuil de pauvreté absolue. Mais lorsque ceux à qui les maliens ont confié leur destin leur disent que leur pays n’est pas pauvre, ils ne leur précisent pas que la richesse supposée n’est que virtuelle, potentielle. …je lui ai répondu (sa femme NDLR) qu’elle a tort parce que les maliens ont avalé suffisamment de couleuvres comme ça. Ils veulent aujourd’hui des femmes et des hommes politiques qui leur disent la vérité. Bref ! Le taux précité de 72% de pauvres est un chiffre du Fonds des Nations Unies pour la Population et le Développement (FNUAP) de 2007. Chers frères ! Nous avons le devoir de solder les années de plomb du Mali. En 48 ans d’indépendance le pouvoir d’achat des maliens n’a pas évolué d’un iota, en dehors de quelques privilégiés bien entendu. Il a au contraire baissé. Je suis peut-être un poète comme le rappelle gentiment ma tendre épouse. Mais je sais très bien que la vie des maliens ne changera pas avec la couleur des fleurs et les chants d’oiseaux. Il faut beaucoup de travail et de nouvelles idées.

Les experts prédisent qu’à l’orée 2020 un certain nombre de pays africains seront en plein boom économique. Sommes-nous sûrs que notre pays sera du lot ? Voulons-nous que le Mali soit au nombre de ceux-ci ? Il faudra pour cela changer de politique et de rythme de développement, cesser de geindre sur le manque de ressources et aller chercher les moyens où ils se trouvent. Mais d’ores et déjà il faut bien gérer nos ressources propres.»

Citoyen malien ambitionnant de gérer le pays, il appelle ses concitoyens. A cet effet, il estime : «Gouverner c’est prévoir et anticiper. En politique il n’y a d’excuse que pour les cas de force majeure et d’imprévisibilité. La question essentielle reste celle-ci : quand atteindrons-nous une exploitation optimale des potentialités de l’Office du Niger ? Tout le reste est littérature et remplissage.»

Changement
Engagé à relever le défi, il propose un changement. Qu’est-ce que ce changement ?

Pour M. Bamba : «L’homme politique, d’une manière générale, pense changement lorsqu’il envisage de prendre la place d’un autre au sommet de l’Etat. Ceci n’est qu’un changement de régime qui n’emporte presque jamais changement de politique. Notre pays a aujourd’hui besoin d’un vrai changement dans la conduite des affaires de l’Etat. Depuis l’introduction du pluralisme politique en 1992, autrement dit depuis 16 ans, le Mali est dirigé par le même personnel politique. 1991-1992 : le régime de transition (Comité de Transition de Salut du Peuple – CTSP) avec à sa tête le Général Amadou Toumani Touré. 1992-2002 : le régime de l’Adéma avec M. Alpha Oumar Konaré comme Président. 2002 qui voit le Président Touré signer son retour qui le mènera jusqu’en 2012 (terme légal du second mandat qu’il a obtenu en 2007) avec, dans son sillage, encore une majorité de cadres de l’Adéma pour la mise en œuvre de sa politique. Ceux qui fourbissent aujourd’hui leurs armes pour l’alternance en 2012 sont encore, pour la plupart, des hommes du sérail précité. C’est dire que depuis près de 20 ans, les idées ne se sont pas renouvelées à la tête de l’Etat malien. Le changement (des hommes et des idées) c’est la balance, l’équilibre de la démocratie. Or, c’est connu, on ne fait du nouveau avec du vieux. Le peuple malien n’est pas un peuple accroché au passé, à des souvenirs qui n’ont pas toujours été bons. Il a aujourd’hui besoin de femmes et d’hommes neufs pour le gouverner.

Dans l’entendement de la majorité de nos hommes politiques, le changement consiste à substituer un homme ou un régime à un autre. Nous pensons à la COREAM qu’il n’y a pas changement de politique tant que le régime successeur ne touche pas en profondeur le système de gouvernance qui l’a précédé. Le changement (des hommes et des idées) c’est la balance, l’équilibre de la démocratie. Le monde évolue vite, il faut s’y adapter.»

Dans sa démarche présidentiable, il ajoute : «J’opérerai une rupture non pas brusque mais totale avec l’immobilisme qui prévaut actuellement au niveau des instances dirigeantes du pays. Je ferai en sorte qu’il y ait une adéquation entre le poste à occuper et le profil de l’éventuel occupant. Nous ne trahirons pas nos compagnons de lutte mais nous ne ferons non plus de compagnonnage au détriment de l’excellence. Avec la COREAM ce sera la fin de la République des amis. C’est pourquoi nous demandons à nos partisans d’avoir des ambitions mesurées car, dans l’éventualité de l’exercice du pouvoir par la COREAM, il ne sera attribué un poste qu’à celui qui peut le remplir efficacement. Avec la COREAM donc, les maîtres mots seront changement de système, changement de personnel, rupture avec l’immobilisme».

Une 4ème République
Afin de pouvoir réaliser son rêve pour le Mali, il pense qu’il faut une 4ème République. Comment ? Pourquoi ? Quelle mode de gestion ?
A cet effet, il souligne : «L’une de mes priorités sera de solder les années de plomb qu’a connu le Mali. Pour cela il n’y a pas d’autre alternative que d’aller résolument vers la 4ème République. Un leader doit être à même de décrire à son peuple l’avenir qu’il veut bâtir.».

Pour arriver à cette République, il estime qu’il faut une révision constitutionnelle. Alors, dit-il : «Je ferai passer le Mali de la 3ème à la 4ème République en procédant à une révision constitutionnelle. A cette fin nous mettrons en place un pouvoir constituant dérivé composé d’éminents juristes. La Constitution actuelle a pratiquement été octroyée au peuple malien par le régime de la transition. Elle a été trop rapidement élaborée. Elle présente beaucoup d’insuffisances. Elle ne prévoit même pas une procédure de révision claire. Est-il écrit quelque part que notre pays ne changera de Constitution que dans les cas de révolution ou de coup d’Etat au point que nous n’ayons prévu qu’un pouvoir constituant originaire et non pas de pouvoir constituant dérivé ? Nous avons accepté la présente Constitution pressés que nous étions de sortir de l’ère Moussa Traoré. C’était salutaire en son temps. Mais après 16 ans à l’épreuve de la démocratie, nous pensons qu’il faut aux maliens une autre Loi Fondamentale. Nos juristes ont déjà élaboré des idées-forces de cette révision que nous remettrons en temps opportun comme des propositions.»

Ces réflexions du Président de la COREAM demandent à méditer. Elles viennent du journal ‘‘Si j’étais Président’’ signé Bamba Gagny Kiabou, le représentant de l’Avenir.
Futur candidat à la présidentielle de 2012, cet enfant du Kénédougou compte sur ses propres forces d’abord. Il pense qu’il faut réhabiliter le Mali qui souffre, selon lui d’une gestion clanique d’amis depuis le coup de force contre Moussa et son régime.
Nous osons espérer qu’il ait le courage de s’affirmer davantage car il a fait des propositions que nous estimons très salutaires pour notre pays.

B. DABO

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