L’observateur de la scène politique au Mali ne peut être que surpris de la léthargie sinon du piétinement des paris politiques. Les partis politiques ne sont présents que dans les colonnes des journaux et sur le petit écran. Aucune action concrète sur le terrain sinon les messes habituelles de revendication de leur présence dans une localité. La localité où se déroule ladite messe ne constate que la présence de grosse cylindrée et frou frou des bazins dernier trempé par la teinture hors pair.
Les problèmes de la localité ne sont ni débattus à plus forte raison attirer l’attention des décideurs là-dessus et proposer des solutions à court, moyen et long terme.
Pour le moment, nous n’avons entendu aucun parti politique aller en visite dans une commune, tenir une conférence de presse sur les disfonctionnements constatés, proposer des solutions allant dans le sens de la perfection du travail en cours. L’administration est entrain de faire un travail avec les communes (donc les élus des partis politiques) dans le silence.
Nous, observateurs impartiaux, nous ne croirons à aucun parti qui criait à « la fraude » après coup.
Tout se passe comme si chaque parti, sous le couvert de l’administration, tente d’organiser « sa fraude ». Alors nous nous trouvons dans la situation de la fable de La Fontaine « Le voleur et l’âne ». Nous, populations, nous sommes effectivement des ânes car quelle que soit la tête du chef en place, ce qui nous est demandé c’est l’obéissance, supporter le lourd fardeau des dettes contractées dans des conditions qu’eux seuls savent et utiliser dans des projets « milliardivores ». C’est pourquoi notre éducation à la citoyenneté est le dernier des soucis des paris politiques. Il y a plutôt une éducation à l’autocratie. En effet contrairement à ce que l’on croit, la multiplicité des partis politiques n’est pas un frein à l’autocratie. Au contraire c’est parce qu’il y’a beaucoup d’autocrates qu’il a beaucoup de partis politiques.
La démocratie c’est accepter d’être remis en cause, reconnaître le bien fondé de sa faiblesse et céder à l’intérieur de la même formation le pouvoir à celui qui est à même de sauver la situation. Ainsi la multiplicité de nos partis politiques est le premier signe indiscutable de la présence de trop « d’autocrates » promis « démocrates ». C’est notre analyse du mot démocrate, et il est bien possible que nous ne maîtrisions pas beaucoup la langue française, que nous voudrions aller à l’école des grands maîtres, nos maîtres sans honte, parce que notre souci est de comprendre, de savoir et d’aider ceux qui ne savent pas comme nous.
Le souci d’éduquer doit animer les partis politiques afin de former une population qui les aiderait avec leurs moyens intellectuels et financiers nécessaires pour concrétiser leur projet. C’est ce citoyen conscient qui est appelé militant. Combien de partis peuvent se targuer d’avoir ces ouvriers, paysans, prêts à l’accompagner de la façon dont nous venons de parler. Pour convaincre il faut être présent au coté des gens sur leurs lieux de travail et non des exhibitions pour des baptêmes et des décès. Si tous ceux qui vont à un enterrement rendaient visite au malade, la solidarité humaine visible à un enterrement aurait maintenu le malade en vie au moins un mois !
Il faut que plus en plus, dans notre société, nous fassions la différence entre « l’artifice » et la « sincérité », le « masque et « le visage ».
Nous, africains, nous sommes issus d’une société détentrice des meilleurs codes de défense des doits de l’homme. L’homme est important dans la société africaine, surtout sa vie. L’essentiel de l’existence de l’être humain est ce souffle. L’homme traditionnel africain ne comprend pas le cadre politique africain et un manque de modestie. L’homme politique met entre parenthèses la riche culture malienne. L’homme traditionnel africain, même s’il n’a pas écrit, reste un trésor de dépôt d’une somme d’expérience de gouvernance sociale et de conduite humaine ; il faut les écouter !
Nous voulons pour notre pays des hommes capables d’une vision synthétique des choses par des choix judicieux de conduites et de comportement conformes à notre être. Il ne faut pas que nos pays deviennent des laboratoires d’innovations hasardeuses véhiculées par des marchands de « bonnes volontés » rarissime dans la société de ces « bons samaritains ». Nous espérons que nos hommes se ressaisiront pour savoir qu’on ne peut pas se sauver seul, avec un clan. Seule une bonne politique basée sur un idéal de justice et de répartition judicieuse des ressources peut garantir une relative accalmie sociale, condition sine qua none d’un début de décollage économique. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le débat sur le fichier électoral, les pouvoirs exorbitants du président de la république dans la nouvelle constitution font rages. Ils sont des fuites en avant dans un pays menacé par la famine, les années blanches dans les universités.
En vingt ans de démocratie, si notre avancée démocratique devrait se limiter à créer des partis politiques, à récuser tout débat politique fondé sur une écoute responsable des arguments des uns et des autres, nous disons que le chemin est encore long et très long ! Qu’on se souvienne de cette parole prophétique : « La démocratie un lux que l’Afrique ne peut se permettre ».
Faisons le bilan pas du tout exhaustif ! Une O.U.A. muée en U.A. incapable des résoudre les problèmes internes et souvent violent même sa charte de création. Par exemple « l’intangibilité des frontières issues du découpage colonial » : Somalie, Ethiopie, Soudan.
Pour le Mali l’incapacité des partis politiques à se réunir autour d’un programme de société comme nous l’avons dit plus haut. Dans cette incapacité, il y a oubli de la population, ses intérêts, son épanouissement, ses problèmes. Quelle que soit la coloration du président, il est le président de tous les Maliens, et, à ce titre il est obligé d’appliquer toutes les innovations justes et indiscutables pour l’intérêt du plus grand nombre.
La société de notre démocratie est une société prise en otage entre deux frères ennemis : ceux qui sont aux affaires et ceux qui ne le sont pas et veulent y être coûte que coûte. Nous débattrons de cela ailleurs. Nous voulons simplement faire comprendre aux hommes politiques que la critique stérile n’est pas un système d’opposition, encore moins de participer et de se mettre avec ceux qui critiquent. Celle attitude ne permet pas à un observateur impartial d’avoir une idée saine de celui qui agit ainsi. Si vous avez une idée contraire dans un ensemble dont vous faites partie, donner vos points de vue et des solutions pour la bonne marche de l’ensemble. Nous, nous appelons cela une position responsable. Sinon, vous refusez la participation en assumant les conséquences qui pourraient en résulter pour vous.
En dix ans de régime consensuel autour d’un président indépendant, aucune solution pour l’école malienne ; aucune démarche indépendante. Tout le monde veut être désigné certainement par le président de la république. Or, justement, cette désignation par le président de la république peut être le talon d’Achille de l’initiative car bien souvent certains problèmes peuvent être purement personnels. Les partis à l’Assemblée ou au haut conseil des collectivités peuvent désigner des notables dans toutes les régions du Mali pour asseoir un consensus entre les protagonistes et imposer cela à toutes les parties par la signature d’une plateforme chapeautée par un observatoire. Si les partis politiques y avaient pensé nous aurions compris leur volonté de construire le Mali. Oui ! Construire le Mali car, comme nous l’avons dit, même avec un très bon fichier électoral, une excellente constitution, on ne peut rien faire avec une population qui a faim et qui est analphabète. Voilà les deux pôles autour desquels on ne peut pas tergiverser. Quelle que soit votre opinion politique, ces deux problèmes peuvent être traités de différentes manières, mais il n’existe pas de cent manières. Quand on a faim c’est qu’on a faim et quand on ne sait pas lire, c’est qu’on ne sait pas lire.
Nous voulons des problèmes posés, des avis sur la façon de les résoudre. Il ne s’agit pas plus de faire un catalogue de bonnes intentions mais une planification des tâches durant un mandat (cinq ans).Nous serons à l’écoute des futurs candidats et nous nous ferons le devoir de donner notre avis dans le seul but d’éclairer la lanterne de nos concitoyens, car c’est un devoir impératif pour nous. N’avons-nous pas bénéficié de l’impôt du paysan pour le financement du peu d’étude qui nous permet aujourd’hui d’écrire dans une langue étrangère? Nous répondons oui ! Et nous lui disons grand Merci, et nous nous interrogeons toujours sur ce que nous pouvons lui donner à cette population prise en otage par les savants.
Nous, nous ne sommes pas des libérateurs, nous apportons notre médiocre pierre au sursaut pour leur libération.
Adama Ali KONE