Pdes : « Quand l’arbre tombe, les oiseux s’envolent »

Un dicton célèbre de chez nous dit que « quand l’arbre tombe, les oiseux s’envolent. » Et depuis la chute du grand arbre, ATT, le parti qui revendique son héritage politique et qui se dit prêt à mourir pour lui et le bilan de ses dix ans est dans un état de putréfaction très, très avancé. Car c’est la débandade depuis que le grand arbre est tombé. Ahmed Sow et Jeamille Bittar vont plus loin et associent désormais celui qu’ils vénéraient au diable en personne. Ils viennent chacun d’officialiser, sans préavis, leur départ du parti en créant chacun son parti. Le peuple malien sera-t-il aussi oublieux que cela ?

L’histoire nous enseigne que c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses amis. Et par les temps qui courent, l’ancien locataire de Koulouba n’a pas autant d’amis qu’il n’en avait entre le 8 juin 2002 et le 22 mars 2012. En effet, tous ceux qui, haut et fort, criaient qu’ils étaient prêts à mourir pour lui, ceux qui ne jurent que par lui ne le font plus et se sont tus depuis le coup d’Etat qui l’a renversé. Pire, ceux qui, pour mieux « défendre son bilan et pérenniser ses actions » et qui avaient jugé nécessaire de porter sur les fonts baptismaux, le 17 juillet 2010, un parti calqué sur le programme de gouvernance de l’homme (Programme de développement économique et social-Pdes, psalmodié comme écriture sainte par chacun de ses laudateurs d’alors).

Déjà, avant sa chute abyssale et son exil sénégalais, l’ancien commando parachutiste avait pourri l’atmosphère au sein du parti qui ne jurait que par lui par son incapacité notoire à trancher entre les différentes tendances qui en émergeaient en vue de la présidentielle avortée d’avril dernier. Cela n’a pourtant découragé ni les « loyalistes » alignés derrière Ahmed Diane Séméga (le seul qui lui est resté fidèle jusqu’ici), les réfracteurs dont l’autre Ahmed, le va-t-en-guerre, qui annonçait une vague au sein du parti après avril 2012 (puisqu’il entendait déposer Séméga par tous les moyens et rester seul maître du parti de « celui auprès de qui il a beaucoup appris » et dont il était alors le super-président d’honneur). Mais il y a aussi la tendance modérée mais tout aussi dissidente, celle de l’Umam de Jeamille Bittar, le patron des commerçants et industriels maliens, celui qui a jugé que ATT méritait une médaille de 300 millions en février 2011.

Mais aujourd’hui, si le premier-cité reste fidèle à son père spirituel, les deux derniers-cités ont, quant à eux, décidés de laisser à Séméga et à sa bande « leur Pdes » pour aller en créer les leurs. L’Umam de Bittar est déclarée comme parti politique au journal officiel et a eu son récépissé, il y a seulement quelques jours, Ahmed Sow et les jeunes qui le soutiennent estiment qu’il n’est plus nécessaire de jurer par le nom de celui qui n’est plus qu’une relique de ce qu’il était au moment où ils étaient prêts à donner leur vie pour lui. L’Asas décide en effet, à son tour, de se muer en parti politique. La vague annoncée par Ahmed Sow et qui visait à détruire Ahmed Diane Séméga n’aura plus lieu. Puisque de toutes les façons, Ahmed Sow admet par la même occasion qu’il n’est plus l’auteur du Projet de société d’ATT (Pdes) dont il revendiquait la propriété intellectuelle.

Si ces deux hommes se croient rusés, c’est compter que le peuple malien n’est pas dupe et qu’il a une très bonne mémoire. Il vient de voir en ces deux hommes l’incarnation de politiciens à l’attitude versatile.

Reste aujourd’hui à savoir si, à son tour, Ahmed Diane Séméga, s’en ira créer un parti pour ne plus être associé « au traitre de la nation qu’est devenu ATT depuis sa chute » ou s’il va continuer de défendre son héritage… comme Choguel Maïga, Issiaka Singaré et Oumar Kanouté l’ont fait pour l’Udpm.

Amadou Salif Guindo

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