Le Premier ministre Modibo Sidibé n’a pas assisté au congrès du Pdes. Selon nos sources, aucune velléité de rapprochement n’est entreprise entre lui et le parti. L’attitude reflète très bien la prudence d’un homme expérimenté, qui a acquis une certaine longévité dans les ministères de différents gouvernements, doublé d’un officier de police.
Le Pdes pourrait, effectivement se révéler, pour lui, comme une trappe où il passerait trop vite. Déjà, des voix se sont élevées contre le Parti pour le développement économique et la solidarité. Les premières ont soulevé la question du soutien collectif apporté au président de la République. Des membres de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (Adp) composée de 43 partis politiques dont l’Adéma et l’Urd, qui constituent déjà la majorité absolue à l’Assemblée nationale, ont effectivement levé le ton contre les déclarations du leader du Pdes.
Lors d’une interview, avant la création du parti, Ahmed Diané Séméga, parlant du président ATT, avait soutenu : ‘’ Le témoignage qu’il a fait sur le Mouvement citoyen et ses militants, pour la qualité de leur accompagnement nous est allé droit au cœur. Oui, avec la bénédiction du Président ATT, nous travaillons à la création d’un Parti qui se situera résolument dans le créneau du Mouvement Citoyen : le soutien inconditionnel à l’action du chef de l’Etat qui conduit, depuis son élection en 2002, un gigantesque travail de transformation du Mali sur tous les plans.
Le chantier Mali progresse et s’amplifie ; en conséquence, notre soutien et notre engagement aux côtés du chef de l’Etat doivent également monter en puissance. Le nouveau parti sera l’instrument et le creuset de cette nouvelle étape.‘’ Mardi dernier, lors d’un entretien avec un cadre du Rpm, ce dernier nous avait confié que le sigle Pdes, qui est le même que le programme gouvernemental, ne devrait pas être adopté par un parti politique et que cette désignation était susceptible de recours judiciaire. Donc, ce n’est pas seulement la mouvance présidentielle dont, Djibril Tangara, président de la Fcd et Ousmane Ben Fana Traoré qui s’est soulevé contre ce sigle, puisque, selon nos sources, des hommes politiques de l’opposition ont tenu les mêmes propos.
En fait, si une forte proportion de la mouvance présidentielle, ajoutée au Rpm, s’oppose au Pdes, cela pourrait vite mettre en difficulté le Premier ministre Modibo Sidibé. D’autant plus que le député Oumar Mariko a proposé la motion de censure. C’est à ce titre que Modibo Sidibé se trouve piégé par la création du Pdes, puisqu’une quelconque opposition entre ce parti et la majorité parlementaire est susceptible de bloquer le travail gouvernemental, car l’exécutif a besoin de l’approbation du parlement, ne serait-ce que pour voter ses projets de loi. En somme, les frustrations politiques conduisent aujourd’hui des partis comme l’Adéma-Pasj et l’Urd à ressentir ce qu’ils considèrent comme un parti pris du président de la République pour le Pdes.
En effet, le nombre des ministres du Pdes au gouvernement est plus élevé que celui du parti majoritaire, l’Adéma-Pasj, qui a aussi soutenu la dernière campagne électorale et le programme du président ATT. La nouvelle situation politique pourrait donc être lourde de conséquences pour le poste du Premier ministre Modibo Sidibé qui a longtemps travaillé avec le président Alpha Oumar Konaré. C’est dire qu’il connaît bien le poids politique de la Ruche et sa capacité de nuisance. L’on comprend donc pourquoi Modibo Sidibé a gardé ses distances avec le Pdes, dont la création suscite déjà des mécontentements.
Baba Dembélé