Sérieusement miné par une querelle de leadership entre le président Ahmed Diane Séméga et le 1er vice-président Jeamille Bittar, le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) passe aujourd’hui l’un des moments les plus cruels de sa vie. Et pour cause : les rapports entre les deux hommes sont tellement tendus que certains observateurs prédisent déjà le départ de Séméga, car ce dernier ne supporterait plus les caprices politiques de Bittar.
Dans cette histoire, tout est allé très vite avant de se bloquer ensuite. Dès sa création en juillet 2010, les plus avisés de la scène politique malienne voyaient déjà la fin ou le blocage de ce parti avant le moment utile, et selon les commentaires des uns et des autres, c’est un parti monté de toutes pièces, sans fondement ni conviction ni assises politiques, un parti créé à la croisée des chemins de certains opportunistes et mécontents d’autres formations.
Après la mise en place d’un bureau provisoire avec Ahmed Diane Séméga comme président et Jeamille Bittar comme 1er vice président, le risque était trop grand, car chacun de ces deux hommes nourrissaient les ambitions de défendre les couleurs du parti à l’élection présidentielle de 2012. Dès lors, une crise de leadership s’est installée entre les deux responsables du parti, à tel point qu’ils ne se regardent plus qu’en chiens de faïence, entraînant du coup le parti vers la dégringolade. Par ailleurs, depuis sa création, le parti n’arrive toujours pas à organiser sa première convention. En effet, initialement prévue pour les 29 et 30 octobre 2011, ladite convention a été reportée sine die. Ce qui a plongé le parti dans une impasse sans précédent.
Malgré ce report de la convention du parti par le président Séméga, Bittar et ses partisans ne désarment pas. Soutenu par une frange importante du parti en tant que candidat des jeunes du parti à la présidentielle de 2012, Bittar semble avoir compris qu’il a des arguments à faire valoir lors de cette présidentielle. Ce qui a été confirmé le samedi 22 octobre lors du lancement des activités de l’Union des mouvements et associations pour le Mali (UMAM) qui entend soutenir « l’enfant de San ». Toute chose qui porte à croire que l’opérateur économique est prêt à se lancer dans la bataille avec ou sans le PDES, surtout que Bittar a promis à ses fans de répondre à leur appel en temps utile : une promesse qui en dit long sur sa détermination.
Sans le PDES, le travail du candidat à l’élection présidentielle de 2012, Bittar, consistera à présent à vider le parti de certains de ses cadres qui sont prêts à le suivre dans sa marche vers Koulouba. Cependant, avec le PDES, Bittar pour la présidentielle signifierait que Séméga, président du parti, serait évincé de son fauteuil au profit de son 1er vice-président qui l’aurait d’ailleurs « décapité ». C’est pourquoi certaines sources proches du parti affirment que la convention a été reportée parce que Séméga a eu peur d’être évincé de son fauteuil au profit de Bittar comme candidat du parti. En tout cas, entre les deux, le jeu politique est encore loin d’être joué et le malin Bittar dispose aujourd’hui de moyens pour parvenir à ses fins politiques, surtout qu’il est acclamé par des jeunes du parti.
Si jamais la convention du parti devrait se tenir dans ces conditions pour désigner le candidat du parti à la présidentielle de 2012, le risque pour Séméga d’être déposé par les militants est d’autant plus grand que c’est son challenger qui en sortira politiquement requinqué. Par cette démonstration de l’UMAM, Bittar veut-il pousser Séméga vers la sortie afin de bénéficier pleinement de la confiance des militants du PDES ? Dans tous les cas, le champ est libre pour Bittar, et sa candidature ne fait plus l’ombre d’aucun doute.
Zakariyaou Fomba
PRESIDENTIELLE 2012
Un bloc formé derrière Bittar
Jeamille Bittar sera-t-il candidat à l’élection présidentielle ? La question ne se pose d’ailleurs plus car depuis le lancement officiel de l’UMAM qui a sollicité sa candidature, celle-ci ne fait plus l’objet d’aucun doute. Et pour ce faire, un bloc se serait déjà formé derrière lui en vue de barrer la route à Hamed Diane Séméga et ses acolytes qui sont de farouches opposants à la candidature de Bittar.
Selon nos sources, ce bloc serait composé d’opérateurs économiques, de commerçants, d’hommes d’affaires, d’une grande partie de jeunes et de femmes du PDES qui auraient tous décidé de se rassembler pour former un bloc derrière Bittar. Déjà, des rencontres secrètes seraient tenues entre ces supporteurs de Bittar qui entendent tout mettre en œuvre pour permettre à ce dernier d’être celui qui sera investi candidat pour le compte du PDES à l’élection présidentielle de 2012.
Le sort de Séméga scellé ?
Depuis qu’il a appris la probable candidature de Jeamille Bittar, Ahmed Diane Séméga ne dormirait plus que d’un œil. Selon certaines sources, il nourrirait lui-même des ambitions présidentielles. Cependant, d’autres sources indiquent plutôt que c’est la candidature de Jeamille Bittar qu’il ne conçoit pas. En clair, pour Séméga, c’est « tout sauf Bittar ». C’est pourquoi des manœuvres avaient été orchestrées par lui et le secrétaire général du parti, Maharafa Traoré, pour empêcher la bonne organisation de la cérémonie de lancement officiel de l’UMAM qui a sollicité la candidature de Bittar et lui a promis son leur soutien indéfectible. Aussi, l’union bat-elle campagne pour lui afin qu’il soit le candidat du parti à l’élection présidentielle.
Toutes les manœuvres et autres complots ourdis par Séméga et consorts auront échoué puisque la cérémonie de lancement de l’UMAM a été une réussite totale. Bittar a gagné le pari de la mobilisation. Pour être témoins de ce lancement, des délégations sont venues de toutes les localités du Mali et de l’extérieur : des deux Congo (Kinshasa et Brazzaville », du Togo, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Conakry, du Niger… Dès lors, toutes les manœuvres de Séméga sont en train de connaître des échecs, même s’il espère toujours, lui à qui on reproche pourtant un manque de charisme, de popularité, etc.
Cependant, nos sources indiquent que Bittar s’apprête à accepter la sollicitation de sa candidature adressée par l’UMAM. Une situation qui risque de fragiliser à jamais le PDES puisque dès à présent, non seulement le comité directeur du parti se trouve aujourd’hui divisé, mais au sein des jeunes et des femmes du parti, il y a ceux qui roulent pour Bittar et ceux qui se sont rangés derrière Séméga et qui sont farouchement opposés à la candidature de Bittar.
Dieudonné Diama