Paysage politique:L’Adema bientôt en lambeaux :

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Comme de par le passé, l’élection présidentielle ne manquera pas de mettre la «Ruche» en pièces. Les différentes tendances créées depuis un certain temps se livrent maintenant à une guerre ouverte qui laissera le parti exsangue.

Le Comité exécutif du Parti africain pour la solidarité et la justice (Pasj) ne trouve plus comme prétexte pour se réunir que la très discutable question du fichier électoral. Mais, réunion ne veut pas dire union. Et de cela, en ces moments troubles, l’Adema en a fort besoin. En effet, comme en 2001 et en 2006, à l’approche de l’élection présidentielle, «la Ruche» est fortement divisée sur des problèmes majeurs qui menacent la vie du parti.

En premier lieu, la désignation d’un candidat à l’élection présidentielle. Il y a quelques temps, le Mouvement des jeunes et le Mouvement des femmes Adema avaient souhaité, voire exigé, le choix d’un candidat issu des rangs de leur parti. Ils ne veulent pas revivre l’échec des élections primaires de 2002 à l’issue desquelles le candidat légalement choisi par les militants du parti s’est retrouvé trahi par les siens, lesquels ont préféré porter leur choix sur un candidat indépendant. Ils ne veulent pas revivre non plus le cauchemar de 2007, quand ils se sont encore déchirés en excluant de leurs rangs des cadres qui avaient eu la prétention de se présenter à la présidentielle contre la volonté de la majorité du Comité exécutif qui, n’ayant pas de candidat propre, avait misé sur un indépendant. Malgré toutes ces leçons, et bien d’autres encore, à ce jour, l’Adema ne parvient pas à se déterminer dans le choix d’un candidat consensuel à l’interne. Ni même à s’entendre sur le candidat à soutenir à l’externe.
En deuxième lieu, la division du parti en différentes tendances. Ces tergiversations, sur fond de mauvaise foi des uns et d’hypocrisie des autres, ont conduit à la fracture du parti. Quatre tendances se dessinent. D’abord, celle que pilote le président du parti. Dioncounda Traoré veut, poussé par quelques camarades et une nouvelle ambition, être le candidat de «la Ruche». Ses handicaps ? Il est effacé, peu charismatique, et a été mis en minorité au sein du Comité exécutif. Ses camarades ne croient pas qu’il ferait le poids face à des adversaires de taille, et ceux-ci ne manqueront certainement pas. En revanche, il a une large ouverture d’esprit, notamment envers ses anciens camarades du RPM et de l’URD avec lesquels il serait prêt à s’allier.

Ensuite, la tendance du premier vice-président, Ibrahima N’Diaye, également candidat à l’investiture de son parti. Notamment pour redorer son blason terni par son soutien à ATT contre le candidat de son propre parti en 2002. Son principal mérite ? Il tient à une candidature à l’interne et a déjà commencé sa campagne au cours de laquelle il ne cesse d’appeler à la cohésion et à l’union. Lui également est handicapé par le fait de ne pas avoir grand-monde derrière lui au sein du Comité exécutif, même s’il peut se prévaloir d’une base assez solide.

Enfin, à côté de ces deux hommes, il y a des candidats, mais qui ne comptent pas beaucoup et espèrent surtout monnayer leur ralliement en cas de deuxième tour au cas, très probable, où le parti serait contraint aux primaires. En revanche, d’autres cadres du Comité exécutif sont prêts à rouler pour des candidats désignés en dehors de la «Ruche». Par exemple pour l’ex-Premier Ministre, très probable candidat à la prochaine présidentielle. Dans cette optique, Modibo Sidibé et ses amis ont initié une série de rencontres avec des notabilités et des responsables politiques, notamment des Partis unifiés pour la République (PUR) et du Parti pour le Développement Economique et Social (PDES). A noter que dans leur stratégie, ces rencontres n’ont pas lieu avec les états-majors, mais avec certains de leurs responsables ayant une grande influence dans ces partis.

Outre tout ce beau monde, il y a ceux qui restent, volontairement ou non, dans l’expectative. Ils n’attendent plus que le signal d’ATT qui leur désignera à temps voulu le candidat pour lequel se battre. Ils sont les plus nombreux et bénéficieront de tous les moyens nécessaires pour mener une campagne qu’ils espèrent victorieuse. En plus de la très grande majorité du PDES, ils bénéficieront également du renfort de certains cadres tapis dans la plupart des partis politiques, notamment de ceux qui ont une véritable base électorale (maires, députés) et des acteurs majeurs des organisations de la société civile.

Et il est sûr que l’actuel président, pour ne pas l’exposer aux attaques généralement pernicieuses des acteurs politiques, ne découvrira pas de sitôt son dauphin. Et ce qui est encore plus sûr c’est que ce dauphin ne sera pas choisi dans le cercle du Pasj, du Rpm ou de l’Urd. Tout est mis en œuvre par Att et Alpha Oumar Konaré pour barrer la route de Koulouba aux leaders de ces partis. Dans leur entendement, un Soumaïla Cissé ou un Ibrahim Boubacar Kéïta, une fois élu président de la République, ne manqueront pas de se livrer à une chasse aux sorcières et aux règlements de comptes politiques.
Cheick TANDINA

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