Paysage politique : L’Adema-Pasj ne mourra jamais….

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Adema-pasjSi une formation politique va mal au Mali aujourd’hui, c’est bien l’Adema-Pasj. Le parti des anciens Présidents de la République, Alpha Oumar Konaré et Dioncounda Traoré et des Premiers ministres Younoussi Touré, Mandé Sidibé et Ibrahim Boubacar Kéita, est en plein doute.

A la faveur de la 13è Conférence nationale du parti, tenue en mars dernier, dans une modeste salle de la Maison des Ainés, de nombreux cadres et délégués du parti de l’Abeille solitaire se sont inquiétés de ce que certains responsables et fondateurs du Pasj ne se soucient plus du sort de leur formation politique.

L’attitude de l’ancien Président de la République, Alpha Oumar Konaré, vis-à-vis du parti grâce auquel il a été élu premier Président du Mali démocratique, n’est pas très appréciée des militants. Le député et Président du Groupe Parlementaire Adema à l’hémicycle, Issa Togo, élu à Koro, est on ne peut plus explicite. Convaincu en effet que la refondation, sinon la redynamisation de l’Alliance pour la démocratie au Mali passe inévitablement par l’implication effective du Président Konaré, il l’interpelle et l’invite au chevet du grand malade qu’est devenu le Pasj. Pour l’Honorable Togo, « aider à reconstruire le parti, c’est contribuer à la stabilité du pays. »

Le président intérimaire du parti, non moins candidat à la succession de Dioncounda Traoré à la tête des Ruchers, Tiémoko Sangaré, est lui aussi, convaincu que les Rouges et Blancs jouent leur survie. Le parti à un devoir de se réorganiser pour survivre sinon périra.

L’Adema est en effet victime aujourd’hui de ses cadres dont certains parmi les caciques  ont posé valise ailleurs. Il s’agit des cas de défections de certains cadres comme Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, Ibrahima N’Diaye, Zoumana Mory Coulibaly, Soumeylou Boubeye Maiga, Sékou Diakité, Youssouf Coulibaly, Me Kassoum Tapo, pour ne citer que ceux-ci  et qui ont décidé  de voler de leurs propres ailes dorénavant ou ont rejoint certains partis membres de la mouvance présidentielle ou de l’Opposition.

Les résultats du parti aux dernières élections (présidentielle et législative) ne sont pas des plus encourageants non plus. Du rang de première force politique du Mali avec le plus grand nombre d’élus locaux ou nationaux avant les événements du 22 mars 2012, le parti est passé au rang de 3è force du pays derrière l’Urd. De résultats consécutifs à des choix politiques souvent maladroits comme celui, en 2002, de préférer au candidat investi du parti un indépendant (qui sera élu futur président), le fait de s’aligner aveuglément derrière cet indépendant et de ne pas présenter de candidat à la présidentielle de 2007, l’inconséquence de certains de ses militants aux positions ambiguës et qui entraînera les départs de Zoumana Mory Coulibaly, de Sékou Diakité, Soumeylou Boubeye Maiga et, dans une moindre mesure, de celui de Iba N’Diaye et de Me Tapo (à la faveur des législatives à Mopti, celui-ci avait rejoint l’UDD).

En attendant une incertaine réunification de la grande famille Adema dont rêverait le Président Ibrahim Boubacar Kéita (dont nombre de collaborateurs restent de l’Adema), la bataille de la succession à Dioncounda Traoré est ouverte.

Cet autre exercice à l’issue très incertaine risque de secouer fortement l’unité même du Mali. Le parti étant celui des enseignants et des administrateurs, il compte encore de très nombreux militants à la base. Les principaux responsables en lice pour succéder à Dioncounda sont d’horizons tellement divers qu’il serait très important qu’un consensus soit vite trouvé avant la date fatidique du congrès électif du parti prévu pour fin mai. Car, pour la première fois, la carte de l’ethnie et de la région sera bien sur la table. Aux militants de savoir bien se comporter. Mais l’espoir est bien permis pour le plus cosmopolite des partis politiques du Mali.

Amadou Salifou Guindo

 

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