Alors que des rumeurs d’une plainte en cours contre l’imam Mahmoud Dicko, annoncée par ses proches à Bamako le 14 février prochain, sont d’actualité, Maliweb.net s’est entretenu avec le Secrétaire général du Collectif pour la défense des militaires, Younouss Soumaré, pour confirmer ou infirmer ces rumeurs. Selon lui, une plainte contre le célèbre imam de Badalabougou n’est pas encore effective, mais il n’exclut pas une plainte du CDM si jamais son retour constitue une source « de déstabilisation du pays ». Dans cet entretien, Younouss Soumaré donne la position du CDM sur la tenue des élections et invite dans la foulée les politiques à se joindre aux militaires pour réussir le projet de la « refondation du pays. Entretien.
Maliweb.net : Il y a des rumeurs comme quoi que le CDM est en train de préparer une plainte contre l’imam Mahmoud Dicko. Est-ce que vous confirmez ou infirmez ces rumeurs ?
YS : Quand l’imam partait, il n’y a pas eu un effet d’annonce. Donc, nous pensons qu’il peut rentrer sans faire tout ce bruit. Beaucoup de Maliens célèbres ou moins célèbres sont allés avant et après lui à l’extérieur et sont revenus sans être inquiétés. Nous n’avons rien contre l’imam Dicko mais nous anticipons une déclaration.
Il s’agit de quelle déclaration ?
YS : Il y a les sbires qui sont sortis l’autre jour devant une mosquée pour annoncer que l’imam sera à Bamako le 14 février. Nous anticipons la déclaration de ses sbires. Ils ont également appelé les gens à aller prier dans la mosquée de l’imam Dicko où il y a eu des morts. Vous connaissez quelle mosquée où il y a eu des morts ? L’imam Dicko est un politicien. Il quitte le Mali pour aller inaugurer une mosquée à l’extérieur (Algérie), les images nous montrent que ce n’est pas une mosquée, mais ce sont des hommes politiques et un Président qu’il est allé rejoindre. Vous rencontrez les dirigeants d’un pays avec lequel notre pays a des problèmes. C’est ce pays que vous voulez quitter pour revenir dans notre pays.
Donc vous allez porter plainte contre lui pour haute trahison ?
YN : Nous n’allons pas porté plainte contre l’imam d’abord, mais si la nécessite s’impose nous allons le faire. Entre temps, nous attendons d’abord la déclaration des sbires de l’imam. Nous avons des preuves tangibles. Et nous attendons à ce que les sbires de l’imam vont poser comme acte. Le pays nous appartient à tous et chacun à un rôle à jouer pour sa stabilité. Ils n’ont pas besoin d’aller faire du militantisme dans une mosquée. C’est un lieu de paix qui n’a pas besoin de tout ça.
Vous pensez que l’arrivée de l’imam Dicko peut contribuer à nuire à la quiétude du pays ?
YN : Oui, nous pensons que son arrivée peut contribuer à la déstabilisation du pays. Nous sommes dans un pays non stable. Nous nous battons pour qu’il soit stable.
Pour vous, il doit rester là-bas ou il doit rentrer dans son pays ?
YS : S’il ne se reproche pas quelque chose rien ne l’empêche de rentrer. Mais, s’il pense qu’il est coupable de quelque chose qu’il vienne répondre devant la loi de son pays.
Il ne se reproche rien. C’est vous qui pensez que son arrivée peut être source de déstabilisation du pays ?
YS : Il y a des indices qui montrent. Il n’est pas le seul imam du pays. Beaucoup sont sortis et revenus sans faire du bruit.
Est-ce ce bruit n’est pas dû au rôle que l’imam a joué au sein du M5-RFP ?
YS : Nous ne connaissons pas la position de l’imam. A un moment donné il avait dit qu’il retourne dans la mosquée, mais il n’est pas retourné et demeure dans la politique. Il n’est pas le seul imam qui était dans le M5-RFP. Beaucoup d’imams y étaient. L’un est même devenu ministre du gouvernement de transition. L’imam Mahmoud Dicko n’est pas resté dans son rôle d’imam comme le Chérif Bouyé Haïdara du Nioro du Sahel.
Est-ce que le CDM est favorable aujourd’hui à la tenue des élections ?
YS : Si les élections pouvaient développer le pays ou amener la stabilité, on voudrait bien aller aux élections. Depuis 1991 on est dans l’organisation des élections. Résultats, on a perdu 80% du pays.
Vous êtes favorable pour que les militaires restent au pouvoir jusqu’à quand ?
YS : Les militaires ont venus pour la refondation du pays. Et avec eux, nous avons commencé la quatrième république. Que les politiques se joignent aux militaires pour enraciner et consolider l’action entamée par les militaires. Au lieu de cela, ces mêmes politiques tirent les ficelles pour nous ramener dans la CEDEAO que nous avons quitté au profit de la confédération créée avec la vision du Burkina Faso et Niger. Est-ce dans ce contexte, on peut parler d’élections ? Tous les politiques savent qu’on ne peut aller aux élections maintenant. Il suffit seulement qu’Assimi Goïta dit demain que tout monde aille dans son fief pour aller battre campagne. Tous ceux qui vont partir au nord et à Bandiangara ne reviendront plus ici à Bamako. Ils vont se faire arrêter ou rattraper par les réalités sécuritaires. On ne peut pas organiser des élections dans un pays où l’Etat même se cherche. On ne peut pas se développer dans l’insécurité.
Mais, vous ne pensez que nous avons duré dans cette situation ?
YS : Allez aux élections n’est pas une question qui relève seulement de la volonté des autorités maliennes. C’est une question qui relève désormais de l’alliance des Etats du Sahel. Vous pensez aujourd’hui qu’une élection au Mali seulement arrange le Niger et le Burkina Faso. Je ne pense pas. Nous dévons adopter désormais la philosophie de l’AES. . Nous ne pouvons rien décider sans ses pays (Burkina Faso, Niger) avec lesquels nos ministres, notre Président et notre armée travaillent.
Propos recueillis par Siaka DIAMOUTENE pour Maliweb,net