Partis politiques au Mali : Un mal nécessaire pour la démocratie malienne

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La crise qui s’est installée dans notre pays après la prise du pouvoir par les bidasses est l’aboutissement des dérapages et du flou que le général ATT a entretenu avec la classe politique dans notre pays. Tout porte à croire que nous n’avons pas de vrais partis politiques. Ainsi donc, ATT a quitté le pouvoir par la petite porte. Sans honneur, sans gloire. Avec le sentiment amer qu’il a raté son rendez-vous avec l’histoire.

Une cour de récréation turbulente. Telle est l’image que notre pays donne au monde après vingt un ans de démocratie, à travers ce coup de force de la junte. Le coup d’Etat initié par la junte, aujourd’hui, pose plus de problèmes qu’il n’aide à en résoudre. Avec un tel vide et en situation de crise majeure, l’armée apparaissait tout naturellement comme l’arbitre du jeu politique, la dernière frontière avant le chaos. Aujourd’hui, tout change. La scène publique s’anime de l’action de nombreuses structures de contre-pouvoir. Les partis politiques sont bien présents. Ils occupent tout l’échiquier national. Non que l’exercice soit difficile. Mais il est fort singulier. Parce que dominé par deux soucis contradictoires. En un mot, les hommes politiques ont essayé toutes les formules, des plus saugrenues aux plus traumatisantes, pour gérer le pays. La classe politique est prise en otage par une junte dans un jeu trouble qui n’est pas loin d’une instabilité. Une tâche qui ne sera pas du tout facile au président intérimaire, Dioncounda Traoré, investi selon la Constitution pour organiser l’élection présidentielle dans les quarante jours.
Le Mali, en cette période, aborde un tournant décisif dans l’histoire de la démocratie. Nous sommes face à deux clans. L’un et l’autre regardent vers des directions opposées. Nous devons cultiver l’excellence. Voilà ce vers quoi nous devrions nous orienter, si nous étions animés de la volonté d’endiguer la boue montante de la médiocrité qui menace la cité.
La situation au nord du pays ne préoccupe guère nos hommes politiques, mais tout ce qui les intéresse, c’est la course au pouvoir. Tout un chacun y va à sa manière. Les Maliens eux-mêmes jugent sévèrement la classe politique à travers leurs dissensions, depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays, en 1991. De Alpha Oumar Konaré à Amadou Toumani Touré, les chefs des partis politiques, les ministres, les députés et autres acteurs, aucun n’est nouveau dans le système du déluge. Chacun se souvient des querelles autour du pouvoir quand ils étaient tous aux affaires et la façon dont l’obstination respective a ouvert la voie au retour des bidasses, à quelques semaines de l’élection présidentielle. Le peu de crédit est le résultat d’un parcours chaotique, fait de fronts éphémères, de trahisons et de coups bas, en tous genres.
Il faut alors se frayer un chemin à travers des passions débridées, des ambitions déchaînées. Ils se montrent peu regardants sur les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à leurs fins. Qu’importe, comme qui dirait, que le chat soit noir, jaune ou bleu : pourvu qu’il attrape des souris. Voilà qui explique pourquoi nous n’avons pas de vrais partis politiques. La cote d’amour de celui-ci auprès de ses acolytes est indexée sur son degré de générosité. Dans notre pays, encore largement dominé par la tradition orale, la politique se présente comme un amalgame explosif de malentendus, équivoques, soupçons et quiproquos. En somme, un flou artistique savamment échafaudé où il y a à boire et à manger pour tous, où toutes les parties trouvent leurs comptes.
Destin GNIMADI

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