Créé le 17 juillet 2010, le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) n’arrive pas, jusque-là, à tenir sa Convention nationale. La bataille de positionnement autour de la candidature du parti à la présidentielle de 2012 en est le motif principal. Faute d’une entente entre les prétendants, celle-ci pourrait profiter à l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé.
Le parti des amis du président ATT va mal. C’est le moins que l’on puisse soutenir au regard de la guerre de leadership qui oppose ses responsables au sujet du choix du candidat du parti à la présidentielle de 2012. Avant cette bataille de chiffonniers, certaines nominations de coordonateurs et de points focaux du parti avaient été contestées par des militants de base qui dénoncent des parachutages. Conséquence : l’héritage politique d’ATT est tiré à hue et à dia par ses amis qui ne regardent plus dans la même direction.
Après sa création avec la bénédiction du président, les initiateurs du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) attendaient un signal fort de la part de leur guide afin de se positionner pour la conquête du pouvoir en 2012. Quand cela ne fut pas le cas, le premier vice-président du parti, Jeamille Bittar, a pris son courage à deux mains pour se positionner comme le futur porte-drapeau du parti. Pour cela, il a su réunir un réseau de sympathisants autour de lui avec comme centre de gravité le monde des opérateurs économiques. Ceux-ci ont, à leur tour, fondé une union sacrée autour de Jeamille Bittar à travers un groupe de lobbying dénommé : "Union des mouvements et associations pour le Mali (UMAM)".
Avant la création de cette structure, le président du PDES, Ahmed Diané Séméga, avait senti le coup venir. C’est pourquoi, il a changé de stratégie en multipliant les descentes sur le terrain, histoire de contrecarrer "l’enfant têtu" de Santoro ni Karantela (Bittar) comme il a l’habitude de le qualifier. Sans succès !
Face à cette situation, la direction du PDES ne pouvait pas se hasarder à convoquer la Convention nationale au risque de se voir mise en minorité par les délégués du parti dont la quasi-totalité avait déjà opté pour Bittar. C’est pourquoi, le parti est allé de report en report, depuis décembre 2010, pour la tenue de sa convention.
Quand sa direction, malgré tout, s’est enfin décidée pour le 29 octobre 2011, Bittar a mis sa pendule à l’heure, en mettant ses adeptes en ordre de bataille pour le lancement du mouvement de soutien à sa cause, le samedi 22 octobre dernier, au Palais de la Culture de Bamako. L’objectif de Bittar et de ses partisans était de mettre la pression sur les dirigeants du PDES afin qu’ils cèdent à sa volonté : être, vaille que vaille, le candidat du parti pour la présidentielle de 2012, alors que cette question n’était même pas inscrite à l’ordre du jour de ladite convention.
Sentant le coup venir, les radicaux de la direction du parti ont décidé de reporter la tenue de cette instance afin de faire commettre par Bittar une faute disciplinaire : annoncer sa candidature pour la présidentielle de 2012 par une voie illégale, hormis celle de la direction du parti. C’est pourquoi, le secrétaire général du PDES, le ministre de la justice Maharafa Traoré a tenu, à travers une lettre circulaire, à mettre en garde les militants du parti contre le travail fractionnel ou encore l’imposture du clan Bittar à forcer la main du parti pour les besoins de sa candidature à la magistrature suprême du Mali. Comme si cela ne suffisait pas comme menace à l’endroit de Bittar, celui-là même qui, au départ du PDES, voulait devenir "balayeur" en son sein (Séméga dixit) des indiscrétions font état d’une éventuelle poursuite judiciaire contre lui. Selon certaines sources, il serait le prochain homme politique invité chez le juge anticorruption au Pôle économique et financier pour «détournement de deniers publics».
Et cela, après le cas du célébrissime douanier, Zoumana Mory Coulibaly de l’ADEMA qui s’est rangé avec armes et bagages du côté de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé dans la conquête du pouvoir en 2012.
En tant que pur produit de l’ancienne Union soviétique qui a certainement appris quelques pratiques du KGB – le service secret russe- Bittar a déjoué le coup en se gardant de faire toute déclaration officielle concernant sa candidature. Histoire de ne pas mettre la charrue avant les boeufs et de s’exposer à une éventuelle sanction de la direction du parti. En effet, lors du lancement de l’Union des mouvements et associations pour le Mali (UMAM) acquise à sa cause, le 22 octobre dernier, au Palais de la Culture de Bamako, Jeamille Bittar, malgré cette démonstration de force réussie en face de lui, s’est contenté de déclarer qu’il répondrait «au moment opportun à l’appel du peuple». D’autres sources indiquent que face au problème de leadership qui mine le PDES, le président ATT aurait décidé de se poser en médiateur entre ses amis. D’où le report de la Convention prévue initialement pour le 29 de ce mois, la tendance Ahmed Diané Séméga n’étant pas prête à cautionner le «diktat» de Bittar et de ses partisans qui allaient finir par s’imposer si jamais la date de la Convention était maintenue.
Face à la situation d’implosion qui prévaut au sein du PDES, certaines voix préconisent un consensus autour de la candidature de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, qui s’apprête à se lancer dans la course à travers une déclaration de candidature dans une capitale régionale du pays. Probablement à Sikasso, comme ATT en 2002.
Alassane DIARRA
La Convention du PDES prévue en décembre
Aux dernières nouvelles, la Convention nationale du Parti pour le développement économique et la Solidarité(PDES) se tiendra au Palais de la Culture Amadou Hampathé Bâ les samedi 3 et dimanche 4 décembre 2011 ou, à défaut, le week-end du 10 et 11 décembre. Les responsables du parti avaient voulu retenir la date du 17 et 18 décembre au CICB, mais les locaux de l’ancien Palais des Congrès sont déjà reservés pour des assises statutaires du PSP. Ce qui les a obligés à envoyer un courrier pour la réservation du Palais de la culture pour les 3 et 4 décembre. «S’il y a un empêchement quelconque pour ce premier week-end du mois de décembre, la Convention se tiendra le week-end suivant. Ce qui est sûr, cette importante assise du PDES va se tenir au Palais de la culture dans la première quinzaine du mois de décembre», a laissé entendre hier un haut responsable du parti présidentiel.
Bruno D SEGBEDJI