«Le Parlement chez vous» : L’Assemblée nationale se démystifie à Ségou

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«Peuple, tu es mystifié. Tu seras démystifié». Ainsi, décrivait le célèbre auteur dramatique français d’origine roumaine, Eugène Ionesco, l’incommunicabilité entre les êtres dans ses pièces, qui mêlent tragique et drôlerie symbolique. C’est justement pour se démystifier et s’ouvrir aux citoyens que l’Assemblée nationale s’est transportée à Ségou, dans le cadre d’un programme qu’elle a initié, dénommé «Le Parlement chez vous».

A travers ce programme, la maison du peuple compte s’ouvrir davantage aux populations, afin que celles-ci comprennent mieux ses missions et ses fonctions et pour rendre compte de ses activités aux citoyens, afin ceux-ci soient mieux informés sur le travail parlementaire.

Ségou, première étape du «Parlement chez vous» est la consécration d’un partenariat longtemps mûri entre l’Assemblée nationale du Mali et son partenaire financier, l’Association des parlementaires européens partenaires de l’Afrique (AWEPA). Cette rencontre, qui a démarré le mardi 25 octobre au Conseil régional de Ségou, prendra fin cet après-midi.

Elle a regroupé le Gouverneur, le Président de l’Assemblée régionale, les Présidents des Conseils de cercle, les Préfets, des Maires, les représentants des partis politiques, des autorités coutumières et la société civile de la région de Ségou. C’était sous la présidence du 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale, Mamadou Tounkara et en présence du Coordinateur de l’AWEPA, Antoine Brasset.

Dans ses mots de bienvenue, le Président du Conseil régional de Ségou, Siaka Dembélé, a salué la tenue de cette rencontre dans sa collectivité et relevé l’importance capitale qu’elle revêt. Selon lui, ce dialogue avec les populations permettra à celles-ci d’être mieux informées des activités de l’Assemblée nationale et, par ricochet, de mieux choisir leurs représentants à l’Hémicycle.

Pour sa part, le Coordinateur de l’AWEPA s’est dit convaincu que le développement à long terme de l’Afrique repose sur des Parlements forts, «qui jouent le rôle d’arbitres de paix, de stabilité et de prospérité. Pour cela, nous soutenons le renforcement des trois fonctions clés du Parlement que sont la législation, le contrôle et le représentation».

En effet, c’est pour cela que l’AWEPA met en œuvre actuellement des programmes d’appui à de nombreux Parlements nationaux et régionaux en Afrique. Aussi, a-t-il signé un accord de partenariat avec l’Assemblée nationale du Mali, qui va continuer jusqu’à la fin de l’année 2020. Son appui concerne, entre autres, des domaines comme le renforcement des capacités des députés et du personnel parlementaire, la sensibilisation des députés aux pistes de réforme du système politique malien et le soutien au réseau des femmes parlementaires.

Antoine Brasset a estimé que la création d’un tel cadre de concertation direct entre les députés et les citoyens était un élément essentiel du processus de renforcement de la démocratie au Mali. «Il est important que les élus puissent s’imprégner des préoccupations des citoyens et, de la même manière, que les citoyens soient mieux informés sur le rôle et le renforcement de l’Assemblée nationale», a-t-il déclaré.

A l’entame de ses propos, le 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale a fait remarquer «nos compatriotes qui passent devant l’édifice abritant l’Assemblée Nationale ont certainement une idée, pas toujours précise, du rôle de cette Institution dans le système institutionnel du pays. Assez peu d’entre eux savent comment elle est organisée et comment elle fonctionne. Pour beaucoup, c’est le lieu où siègent les députés, ayant à leur tête un Président connu comme étant le Président de l’Assemblée Nationale».

C’est pourquoi, il a affirmé que les populations, qui élisent les députés, celles au nom de qui les députés siègent, ont besoin d’être édifiées sur le Parlement, son rôle et son fonctionnement. «Le Parlement chez vous se veut une sortie parlementaire sous forme d’atelier de travail et de conférences-débats, pour édifier les populations sur l’organisation, le fonctionnement de l’institution et faire une restitution de certaines lois phares. Aussi, c’est l’occasion d’échanger sur les questions qui touchent le fonctionnement de l’Etat et la vie politique de la Nation», a-t-il déclaré, invitant les populations de la Cité des Balanzans à poser aux députés toutes leurs questions de compréhension.

«Informez-vous sur l’Assemblée Nationale du Mali, votre Assemblée nationale», a-t-il martelé. Aussi, a-t-il sollicité, «à la fin de ces trois jours, que vous aussi vous ameniez «Le Parlement chez vous», dans vos cercles et dans vos communes, en restituant aux populations tout ce qui sera vu et entendu ici».

Cette édition du «Parlement chez vous» à Ségou a été marquée par des présentations de l’Assemblée Nationale, son rôle et son fonctionnement, une communication sur  la loi portant modification du Code Domanial et Foncier en République du Mali, la lancinante question tragique des jeunes et de la migration, la restitution de certaines lois phares, comme le statut de l’opposition, la loi instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives  et électives et la nouvelle loi électorale.

La journée d’ouverture, quant à elle, a également été marquée par une exposition permanente de photos qui a permis de revoir certaines figures emblématiques de l’histoire parlementaire de notre pays. Il s’agit de photos de la déclaration d’indépendance du Mali à l’Assemblée nationale, du Père de la Nation malienne, Modibo Kéita, du 1er Président de l’Assemblée nationale du Mali, Mahamane Alassane Haïdara, de Mamadou Konaté et de la 1ère femme parlementaire du Mali, Mme Aoua Kéita.

Pour ouvrir cette rencontre, Mamadou Tounkara a été on ne peut humoristique: «il n’y aura pas de motion, ce matin, les amendements ne sont pas de mise, les Présidents de Groupes et de Commissions ainsi que les Rapporteurs seront privés de parole, enfin, sans mon marteau, que le Secrétaire général a oublié à Bamako, je déclare que la séance portant «Parlement chez vous» à Ségou est ouverte».

Youssouf Diallo, Envoyé spécial

 

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