Tout laisse croire que l’on s’achemine vers le scénario de 2002 où 24 candidatures avaient été enregistrées.
C’est une période très palpitante que notre pays va vivre dans les mois à venir avec le référendum constitutionnel et les élections présidentielle et législatives de l’année prochaine. Si le chronogramme des scrutins n’a pas encore été fixé (le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales propose cinq scénarios), les manœuvres ont commencé depuis déjà des mois dans la perspective de l’élection présidentielle. Les uns après les autres, les candidats et leur parti se mettent en ordre de bataille imposant ainsi une précampagne précoce. L’accélération du rythme de celle-ci justifie d’ailleurs l’initiative de cette rubrique que vous retrouverez désormais chaque semaine dans ces colonnes. Il faut le répéter : l’élection présidentielle à venir est très ouverte, le président sortant étant au terme de son dernier mandat. Est-ce cela qui expliquerait la multiplication des candidatures ? Pas si sûr, tant les motivations des différents candidats, déclarés ou potentiels, peuvent être variées. Certains d’entre eux ont effectivement toutes les raisons d’y croire. Par contre, l’on peut parier que d’autres ont comme motivation de prendre simplement date. Cela peut toujours s’avérer utile. Pour le moment, le constat est que les prétendants à Koulouba seront nombreux. L’on s’achemine vers le scénario de 2002 où 24 prétendants étaient en lice.
Certaines candidatures sont déclarées. D’autres prétendants entretiennent le suspense en sachant que tôt ou tard, ils seront obligés de se dévoiler. Mais à chacun sa stratégie. Dans les partis les plus représentatifs du moment, les choses semblent claires. L’ADEMA (Parti africain pour la solidarité et la justice) a choisi son porte-drapeau au terme d’un processus de sélection couronné le 30 juillet dernier par une conférence nationale qui a investi le président du parti, Dioncounda Traoré. L’Union pour la démocratie (URD) a aussi son champion : Soumaïla Cissé désormais libéré de sa charge de président de la commission de l’UEMOA. Celui-ci renoue avec la course à Koulouba après avoir mis ses ambitions entre parenthèses pour l’élection de 2007. Il a été investi à l’issue d’une conférence nationale élective le 18 septembre passé.
La Rassemblement pour le Mali, la troisième formation par sa représentativité, n’a pas encore désigné son candidat. Mais l’on sait que ce sera à coup sûr le président du parti, Ibrahim Boubacar Keïta. L’ancien Premier ministre qui a également été président de l’Assemblée nationale offre d’ailleurs aujourd’hui un déjeuner de presse. L’on sera sans doute édifié sur ses intensions au cours de cette rencontre. L’un des premiers candidats à se déclarer été Oumar Mariko, que le parti SADI a investi le 26 juin 2011 lors de la 2è session ordinaire du comité central du parti. Mariko brigue ainsi la magistrature suprême pour la troisième fois consécutive après 2002 et 2007. Ce n’est pas le cas de Housseini Guindo, le président de la Convention pour le développement du Mali (CODEM). Le jeune député élu a Sikasso a reçu l’onction des Partis unis pour la République (PUR), une coalition regroupant une dizaine partis (Codem, Pdm, MPlus/Ramata, Madi MPJS, PSD MCRM, PARI, RCD, PJDD, Parti Bolon Demen Ton) qui l’ont investi samedi dernier à Koutiala au cours d’un meeting. Le week-end a été également marqué par l’entrée en scène du jeune Moussa Mara.
Le maire de la Commune IV du District de Bamako a été investi dimanche à Kayes par le parti Yèlèma au cours de son congrès (voir article de O. Niang). D’autres candidats déclarés sont moins bien connus comme Cheick Bougadary Traoré, l’un des fils de l’ancien président Moussa Traoré, qui s’est engagé dans la bataille sous les couleurs de la Convergence africaine pour le renouveau (CARE). Ou encore le maire de Ouéléssébougou, Niankoro Yéah Samaké, qui a rompu avec l’URD pour rouler pour lui-même. Dans la catégorie des candidatures non officielles mais quasiment sûres l’on retrouve deux anciens chefs du gouvernement. L’ancien Premier ministre de la Transition, Soumana Sacko, sillonne le terrain depuis des mois, appuyé par la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS Faso Hèrè), un parti créé en mai dernier et dont le premier congrès est annoncé pour les 17 et 18 décembre. Ce sont ces assises qui désigneront officiellement le candidat du parti à la présidentielle.
L’autre ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, ne s’est pas encore déclaré. Mais le paysage fourmille de signes qui ne trompent pas. De nombreux clubs, associations et mouvements de soutien à sa candidature le poussent. Il a démissionné de la police, il y a environ un mois. Mais jusque là, l’homme n’a pas fait la moindre déclaration publique sur une éventuelle candidature. « Nous ne pouvons rien dire sur la date et le lieu de l’investiture puisque l’intéressé lui-même n’a rien dit pour le moment », explique sobrement un membre du secrétariat technique de la Permanence des clubs Modibo Sidibé. Cheick Modibo Diarra, l’ancien navigateur interplanétaire de la NASA et actuellement patron de Microsoft-Afrique, est dans une situation pratiquement similaire. Le club de soutien à sa candidature s’active. Il a été officiellement lancé ce week-end à la faveur d’une conférence de presse (voir article de B. M. Sissoko).
La candidature du président du parti Rassemblement pour le développement du Mali n’a pas encore été annoncée mais Cheick Modibo Diarra propose et défend déjà un projet de société pour les Maliens… Les regards sont, toute cette semaine, tournés vers le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) qui revendique l’héritage du président sortant. A ce niveau, nos confrères de la presse privée font état depuis des jours de divergences au sommet du parti quant au choix d’un candidat. Certains ont d’ailleurs vu dans le report de la date de la conférence nationale une confirmation ces divergences. Le 1er vice président du parti, Jeamille Bittar, serait impatient de lancer sa candidature alors que d’autres dirigeants de la formation freineraient des quatre fers. Mais un membre du Comité directeur temporise : « Nous avons des textes que nous devons respecter. Ces textes disent qu’une convention doit être organisée. La date de cette convention a été fixée aux 17 et 18 novembre.
La convention met en place un bureau définitif et convoque une conférence nationale. Si nous décidons de choisir un candidat, ce sont ces assises qui désignent le candidat et mettent en place la commission d’investiture. La procédure est claire. Je ne comprends pas pourquoi certains s’agitent. Nous avons du reste déjà quelqu’un à Koulouba même si certains se comportent comme s’il n’était plus le président », dénonce notre interlocuteur très critique sur la démarche de Jeamille Bittar qui aurait décidé de lancer ce samedi, un mouvement de soutien à sa candidature. Et le même responsable du parti particulièrement remonté de poursuivre : « Il est obnubilé par Koulouba. Nous avons essayé de le faire raisonner avec beaucoup de conseils. Mais il n’écoute personne. Il ne pense qu’à Koulouba. Dans tous les cas, le règlement intérieur est clair. Il dit qu’on ne peut pas créer une association au sein du parti. S’il le faut, nous allons prendre nos responsabilités et faire appliquer les dispositions du règlement qui sanctionnent une telle attitude ». Ça promet.