Parenthèse : Parti pour le Développement Economique et Social Le mystère des amis du président ATT

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Comment donner du sens à un mouvement qui n’a plus de sens ? En créant un parti politique "ouvert à toutes les Maliennes et à tous les Maliens qui désirent continuer le combat politique autour des idéaux et des valeurs qu’incarne le président ATT" répond, sans sourciller, Ahmed Diane Semega dans une longue interview publiée lundi dernier dans les colonnes de notre confrère "L’Indépendant ". 

Apres avoir été l’un des principaux acteurs du retour à la démocratie en 1991, puis l’architecte du consensus de la classe politique malienne lors de son premier mandat à la tête du pays, pourquoi "l’homme du 26 mars"  accepte t-il enfin, après moult hésitations ou atermoiements, de soutenir ce nouveau "Parti pour le développement économique et social " ou PDES ? Voici donc un  nom qui, mieux que tout discours, situe son ancrage avec " le président ATT, derrière le président ATT et pour le président ATT " précise toujours Ahmed Diane Sémega. Du Maoïsme sans Mao ? Allez y savoir !

ATT et le jugement de l’histoire !

En effet, c’est en 2002 que le Général ATT a réussi  son retour triomphal à la tête de notre pays, grâce à une forte adhésion populaire, mais aussi et surtout au soutien très affirmé du président Konaré, alors très persuadé "que le choix d’ATT était bien et de loin celui de la raison ". Mais, plus prosaïquement, la victoire du Général apparut plutôt comme celle d’un homme qui, avec " ruse, intelligence et méthode " avait mis à profit dix années pour procéder à un maillage du pays et préparer ainsi son retour aux affaires. Il l’a fait, écrivait un célèbre confrère " non pas en se prélassant sur les bords du joliba, ou en élaborant des combinaisons d’appareil avec la classe politique, mais en allant-le fait est suffisamment rare pour être signalé-à la rencontre du " pays profond ".

Alors que les leaders politiques s’étripaient à Bamako, lui, sillonnait le pays et l’arrière-pays. Mieux que quiconque, ATT connaît les villages et les oasis les plus reculés, les notabilités locales et, par la force des choses, les attentes réelles des populations. Sa victoire fut aussi celle de la société civile et de tous ceux qui ont estimé qu’il représentait plus que les vingt-trois autres prétendants du premier tour, le meilleur gage de stabilité, de sécurité, de crédibilité pour le Mali.

 Fraîchement élu, le président annonça vite les couleurs à travers la réaffirmation de sa conviction reposant sur ce postulat : la réconciliation nationale nécessite absolument une reforme constitutionnelle. Pour une bonne raison: " je n’ai aucun a priori. J’ai été à l’origine de cette constitution puisque j’ai présidé la conférence nationale qui lui a donné naissance. C’est un peu " ma " constitution, mais je ne fermerai pas le débat si la nécessité s’en fait ressentir. Je n’attends pas de changement sur les points cardinaux du texte. Je ne toucherai jamais à la limitation du nombre des mandats présidentiels. Je vais peut être vous étonner, mais je trouve les nouvelles attributions du président de la République trop importantes et les responsabilités du Premier ministre trop restreintes. Je suis à l’aise en affirmant cela puisque je n’ai pas l’intention de créer un parti politique. J’ai l’ambition d’être le président de tous les Maliens ".

De nombreux citoyens se posent vraiment les mêmes questions sur l’avenir du PDES en l’absence de son principal concepteur et maître d’œuvre aux commandes de l’Etat, car il est bien évident que  dans ce concert d’éloges sur les réalisations palpables faites par le président, des voix discordantes s’élèvent aussi–en privé– pour fustiger ce qu’ils qualifient ironiquement de "politique zapping", une politique qui cherche, selon eux, à créer tant d’événements dans une journée que personne n’est en mesure de se fixer sur l’un d’entre eux, il empêche les citoyens de comprendre où ils vont. C’est une tactique efficace à court terme, mais le problème, c’est que l’essentiel disparaît.

Une force politique qui incarne les valeurs portées par ATT !

Ce nouveau parti, au nom très symbolique de PDES, serait créé pour donner corps et vie à ce vaste et " puissant" mouvement qui va militer de manière robuste et intelligente pour le président ATT, ou son dauphin désigné. Dans les deux cas de figure, la consigne sera partout la même : il s’agira de briser, par tous les moyens, l’hégémonie des  trois principales forces (Adema, Urd, Rpm) qui rayonnent sur l’échiquier politique. Si le nouveau parti bénéficiait largement des bénédictions du président ATT, l’on voit mal comment des "cadres " si préoccupés par de juteux plans de carrière refuseraient d’y adhérer. 

La peur de perdre des privilèges longtemps acquis rend naturellement compréhensibles ces spectaculaires retournements de veste, comme l’écrit d’ailleurs un éminent homme politique français : "Pour un peuple, comprendre le fonctionnement du pouvoir et s’en émouvoir, c’est forcément long. Tout cela est abstrait, loin de la vie de tous les jours. Pour les responsables politiques, c’est autre chose ; la force de l’intimidation, la séduction des promesses, l’espoir des récompenses s’additionne pour les faire taire. 

La rébellion, ce n’est pas de tout repos, il faut quitter les siens, c’est aussi beaucoup de solitude. Oh, les politiques ne sont pas fiers, mais comment faire défaut à son "camp" quand on croit que le "camp" est plus important que les convictions ? " Enfin, que penser des " saines "  " professions de foi " de Ahmed Diane Semega lorsqu’il dit " Le mouvement citoyen ne s’est pas mêlé et ne se mêlera jamais de la vie interne de quelque parti que ce soit ; de surcroit des partis qui soutiennent l’action du Président " ? Il devient encore plus mystique lorsqu’il soutient mordicus que " le mouvement citoyen qui s’érige en parti politique, disons le parti qui se créera autour du mouvement citoyen, est un parti pour le président ATT. Nous ne sommes pas électrisés voire hypnotisés par 2012. " " Nous brouillerions la clarté de notre message si nous nous perdions en conjectures sur l’échéance 2012 au lieu de nous occuper de la promotion du PDES notre principale mission Moi, ma préoccupation, c’est construire une force politique qui incarne les valeurs portées par le président de la République ". 

Dans une belle adresse faite à la presse il y’a quelques mois, Hassen Camara, ci-devant secrétaire politique du mouvement citoyen, écrivait ceci : " Le nombre de voix recueillies par l’ensemble des indépendants en commune IV est de 9243 voix contre 12591 pour les partis politiques. Ce qui est vrai concernant la déperdition des voix (liées à la multitude des listes) pour le mouvement citoyen dans le district de Bamako, l’est aussi pour lui dans toutes les grandes et moyennes villes du pays. Voilà pourquoi l’on peut dire que le mouvement citoyen n’a pas perdu les élections ni non plus qu’il a échoué.

Le mouvement citoyen, c’est des milliers et des milliers de voix à travers le pays; des milliers et des milliers d’hommes et de femmes aussi mais simplement mal encadrés et mal organisés. Le mouvement citoyen est un réservoir de milliers de voix avec lesquelles il faudra désormais compter, il caracolera devant ". Cette heure va-t- elle  enfin sonner ?

Bakary Camara

 

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