Outre la sécurité, le partenaire français a décidé de contribuer au développement du continent par l’augmentation de ses investissements, prêts et dons.
Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, figurait parmi les 53 dirigeants africains qui ont participé au sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique qui s’est déroulé les 6 et 7 decembre à Paris. Organisée à l’initiative du président François Hollande, cette rencontre de haut niveau a porté sur la paix et la sécurité, le partenariat économique et le développement, le changement climatique.
Les travaux, tenus à huis clos, ont abouti à plusieurs décisions importantes. S’agissant de paix et sécurité, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur attachement à la sécurité collective sur le continent africain et leur engagement à favoriser la paix et promouvoir les droits de l’Homme, en conformité avec les buts et principes de la Charte des Nations-unies et de l’Acte constitutif de l’Union africaine. Ils ont appelé de leurs vœux le renforcement du dialogue stratégique entre l’Afrique et la France pour une vision commune des menaces. Ils ont affirmé que paix, sécurité et promotion et protection des droits de l’Homme étaient indissociables et qu’une action rapide en cas d’atteintes graves aux droits de l’Homme pouvait constituer un outil efficace dans la prévention des conflits.
Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont accordés sur l’importance d’un système multilatéral efficace et représentatif du monde d’aujourd’hui, fondé sur une Organisation des Nations-unies à la fois forte et rénovée. Ils ont, en particulier, appelé à une réforme du Conseil de sécurité des Nations-Unies permettant de renforcer la place de l’Afrique dans le cadre d’un Conseil élargi, tout en préservant sa capacité à maintenir la paix et la sécurité internationales, au bénéfice de la sécurité collective telle que prévue par la Charte des Nations-unies.
UN FORUM D’AFFAIRES. Le sommet s’est réjoui des avancées importantes réalisées par l’Union africaine, les Communautés économiques régionales et les Etats africains dans la mise en œuvre d’opérations de paix africaines, au Mali, en République centrafricaine, en Somalie, en Guinée-Bissau, au Burundi, au Soudan (Darfour), aux Comores. Ces initiatives apportent des solutions africaines aux problèmes africains et doivent être soutenues par la Communauté internationale. Dans cette perspective, les chefs d’Etat et de gouvernement ont souligné l’importance de développer les capacités africaines de réaction aux crises. La France s’est engagée à soutenir les efforts de l’Union africaine pour parvenir à une pleine capacité opérationnelle de la Force africaine en attente et de sa capacité de déploiement rapide à l’horizon 2015, ainsi que la capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC), telle que décidée par le sommet de l’Union africaine en mai 2013.
Par ailleurs, les chefs d’Etat et de gouvernement ont appelé à une large mobilisation internationale pour accroître le financement des opérations africaines de paix et en assurer la prévisibilité. La France en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations-unies continuera à jouer un rôle actif en ce domaine. Ils ont également pris note de la proposition d’organiser en 2014, au Sénégal, un forum informel sur la sécurité en Afrique en liaison avec des partenaires internationaux et l’Union africaine, afin d’approfondir la réflexion sur les engagements pris lors du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont exprimé leur détermination à endiguer la production, la transformation, la consommation et les trafics de drogue sur les deux continents, à lutter contre les flux financiers illicites connexes et à renforcer la coopération judiciaire et sécuritaire à cette fin. Ils se sont prononcés en faveur d’une implication accrue des organisations internationales, sous-régionales et régionales dans la lutte contre ces fléaux. Ils ont estimé que les partenariats dans la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé doivent mettre l’accent sur la formation et l’échange de renseignements.
Dans le cadre du partenariat économique et développement, les chefs d’Etat et de gouvernement ont affirmé leur détermination à promouvoir des échanges commerciaux dynamiques et équilibrés entre l’Afrique et la France en poursuivant l’objectif d’un doublement du volume d’échanges croisés en cinq ans. Ils ont convenus d’intensifier les partenariats économiques et d’affaires en organisant une réunion des ministres de l’Economie africains et français en 2014 et un forum d’affaires Afrique-France réunissant les entreprises, et de définir en commun un agenda de grandes rencontres économiques et d’affaires.
DOUBLEMENT DES ECHANGES COMMERCIAUX. La France a, pour sa part, décidé de favoriser en Afrique les investissements, les échanges, les flux humains, la transparence des contrats et la responsabilité sociale et environnementale des entreprise. A ce propos, elle a promis d’investir sur le continent plus de 15 milliars d’euros dans les cinq années à venir et de doubler ses échanges commerciaux avec l’Afrique d’ici 2020. La France a aussi promis de contribuer au financement du développment en Afrique pour près de 20 milliards d’euros dans les cinq prochaines années. Un accent a été également mis sur la santé avec le financement de près de 2 milliards d’euros dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour les trois prochaines années. Concernant l’agriculture, la France a décidé de boubler son aide d’ici 2015 à l’agriculture familiale (soit 400 millions d’euros de nouveaux concours chaque année).
Pour ce qui est du changement climatique, les chefs d’Etat et de gouvernement ont souligné la nécessité d’un accord équilibré à Paris sur le climat en 2015, portant aussi bien sur l’atténuation que sur l’adaptation, et prévoyant les moyens de mise en œuvre, en particulier l’intensification des transferts de technologie, des mesures de renforcement des capacités pour les pays les plus vulnérables et la fourniture de ressources financières pour l’Afrique conformément à la convention. A cet égard, ils se sont félicités que le secrétaire général des Nations Unies ait convoqué un sommet sur le climat devant se tenir le 23 septembre 2014 et ayant pour objet de mobiliser l’action et les ambitions dans le domaine du changement climatique. Le sommet de l’Afrique avec l’Union européenne en avril 2014 offrira l’occasion de traiter les thèmes du partenariat économique et du changement climatique.
Face aux besoins importants de financements additionnels pour la lutte contre le changement climatique, le sommet a rappelé qu’il était essentiel de continuer à identifier des sources de financement diverses, notamment les financements innovants, comme la taxe sur les transactions financières mise en place par la France en 2012, dont une partie est allouée à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. La France s’engage à contribuer au Fonds Vert pour le climat et les dispositions de la loi de finances nationale ont déjà alloué à celui-ci une part des recettes de sa taxe sur les transactions financières. Elle poursuivra également son appui au développement de projets concrets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique à travers l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM). La France s’engage ainsi dans la réorientation qualitative indispensable des flux financiers pour soutenir un développement durable contribuant à l’atténuation et à l’adaptation climatiques en Afrique.
DEMOCRATIE ET BONNE GOUVERNANCE. Dans son discours d’ouverture, le chef de l’Etat français a déclaré que l’Afrique devait maîtriser pleinement son destin et, pour y parvenir, assurer par elle-même sa sécurité. Cela est d’autant plus immportant que le conitinent fait face aujourd’hui au terrorisme, aux trafics de toutes sortes : trafics de drogue, d’armes, d’êtres humains, des espèces protégées. Pour venir à bout de ces phénomènes, François Hollande a indiqué la constitution d’une force de réaction rapide, sous l’égide de l’Union africaine. » Ce projet, exige des moyens de commandement et de renseignement, il suppose que les unités de diverses nationalités qui composeront cette force, puissent intervenir ensemble. C’est la responsabilité des Africains. Mais j’annonce là-encore que la France est disposée à apporter tout son concours à cette force par la mise à disposition de cadres militaires, auprès de ses Etats-majors, et par les actions de formation », a-t-il dit, ajoutant que la France peut entraîner chaque année 20 000 soldats africains.
Sur la question du développement, le président français a noté que » la France est le pays qui investit le plus, par ses entreprises, en Afrique ; que la France est l’un des principaux pourvoyeurs d’aide publique au développement en Afrique ; que la France est la première terre d’accueil des étudiants africains ».
Le président François Hollande a annoncé que son pays pouvait participer à une fondation franco-africaine pour la croissance. Celle-ci, a-t-il détaillé, pourrait mobiliser des intérêts privés et des intérêts publics, des capitaux français, africains et européens pour nous tourner, ensemble, à travers cette fondation, vers l’innovation et les nouvelles technologies. François Hollande a aussi décidé de consacrer 20 milliards d’euros, au cours des cinq prochaines années, en dons et en prêts, au développement de l’Afrique. Le président français a insisté sur deux aspects dont l’Afrique ne doit se passer aujourd’hui: la démocratie et la bonne gouvernance. « L’engagement qui est le mien, l’engagement de la France, appelle aussi d’autres engagements venant de l’Afrique, et notamment des exigences de transparence et de bonne gouvernance. C’est la démocratie, ce sont les droits de l’Homme qui constituent les meilleures armes pour la stabilité et la sécurité », a-t-il déclaré.
C’est notre pays qui va abriter le prochain sommet. La proposition a été favorablement accueillie par les chefs d’Etat et de gouvernement.
Envoyé spécial
M. KEITA