Oumar Mariko, secrétaire général du parti Sadi, au Républicain : Nos luttes ne peuvent s''accommoder du programme d''ATT""

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Un général, président de la République, s’il vous amène un caporal ou un maréchal pour être Premier ministre, c’est la même ligne. Cependant, j’estime qu’il faut éviter de tomber dans les querelles de personnes. Si on nous dit que Modibo Sidibé a des valeurs intrinsèques, quel est ce malien qui n”en a pas .En réalité la question de la gestion des affaires d’un Etat est une question de vision politique. Et quand on a une vision politique néolibérale, on choisit les hommes de cette nature. Et il ne faut pas que les citoyens s’attendent dans ce contexte à ce que les responsables leur proposent un Etat providence. Ce gouvernement même avec lettre de cadrage n’amènera le Mali nulle part . sinon l’enrichissement pour la minorité, la misère pour le plus grand nombre et le bluff pour tout le peuple.

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Le Républicain : l’opinion publique se demande: où se situe le Sadi ? Où se situe Oumar Mariko ? où se situe le ministre Cheick Oumar Sissoko?  après les dernières élections générales dans notre pays.

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Dr Oumar Mariko : Permettez moi d’abord de vous remercier de m’avoir invité pour livrer mon sentiment sur un certain nombre de préoccupations qui intéressent notre pays et nos concitoyens . Je suis d’autant plus honoré que je suis la première personnalité malienne à être l’invité de la n’ y aura pas de tabous , je répondrai à toutes vos questions.

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Où se situe Oumar Mariko, où se situe Cheick Oumar Sissoko et où se situe le parti Sadi ? D’abord Oumar et Cheick Oumar Sissoko se situent dans le parti Sadi et le parti Sadi se situe dans l’opposition à l’ordre actuel. Parce que l’orientation du régime de Amadou Toumani Touré est une orientation néolibérale qui ne cadre pas, selon nous, avec les aspirations du plus grand nombre de maliens.

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C”est-à-dire que les travailleurs maliens, tous secteurs confondus, ne sont pas les priorités de la politique actuelle de notre pays. Nous avons à un moment donné participé au gouvernement avec l’idée de pouvoir apporter des changements (j’y reviendrai). Nous sommes un parti politique de gauche qui se distingue de la social démocratie et d’une certaine forme de communisme qu’on a connu dans notre pays. Notre parti va des principes fondamentaux et cardinaux qui fondent le socialisme scientifique.

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Dans la situation actuelle du Mali, l’opposition politique que nous voulons, passe par une alliance d’un certain nombre de classes sociales pour permettre l’accumulation interne des richesses de notre pays pour aboutir au mieux être pour les travailleurs et pour tous les Maliens.

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Les gens voudraient comprendre votre encrage dans l’opposition. Il y a peu vous disiez vous même que si le parti Sadi était sollicité pour rentrer au gouvernement, pour l’intérêt de la nation, vous le ferez. Ce n’est pas contradictoire?

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Vous savez au Mali on aime l’autocensure. Ce n’est pas la première fois qu’un parti qui a une position contraire à celle d’un pouvoir se retrouve avec lui. Mais, ce qui est nouveau, c’est le fait que cela arrive dans un contexte de calme et non de crise pour sauver la nation.

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Un parti est un regroupement d’hommes et de femmes qui défendent un idéal, un projet de société. Pour qu’un parti puisse véritablement vivre, il faut que toutes les opinions s’y expriment clairement. Il y a donc eu débat en notre sein…

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La situation de notre pays et la culture que nous partageons tous, nous a mené à une démarche consensuelle que nous espérions allait changer les choses. C‘était la vision du parti. Et quand je disais récemment qu‘on pouvait répondre oui si nous étions appelés c‘est encore la position du parti malgré les désaccords avec le pouvoir. Nous y sommes allés, encore une fois, mais sans nous interdire notre liberté de ton, notre force critique et notre capacité de propositions. Nous y sommes allés aussi parce que nous voulions rompre avec la réputation qui nous collait et qui disait que nous ne voulions rien faire avec personne , cela était préjudiciable pour le parti.

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ATT a eu besoin de nous dans son gouvernement pour se donner l’image d’un rassembleur, l’image d’un homme qui veut que tous les fils de ce pays se mettent ensemble pour gérer les affaires publiques pour passer un Cap. Il l’a posé en profession de foi et il a fait appel à nous dans ce sens .

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Aujourd’hui il n’a pas besoin de nous, sans doute parce que nous avons refusé de nous taire et que lui-même a vu les limites de notre cheminement. Il ne nous a pas fait appel.

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Cela veut-il dire que c’est ATT qui a pris l’initiative de la rupture, malgré le clin d’œil du Sadi ? Pourquoi?

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Une partie de la réponse à ses questions appartient à ATT, mais moi je peux vous assurer. Chaque fois que nous avons rencontré ATT, c’était des éloges à l’endroit du ministre Cheick Oumar Sissoko. Il le faisait clairement et ouvertement.

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Mais comme je l’ai dit plus haut, ATT a vu les limites de cette participation qui ne le servait plus, alors il a arrêté. Mais nous aussi nous savions que nos luttes ne peuvent s’accommoder du programme d’ATT. La preuve, avant même la composition du gouvernement nous avons opté pour l’opposition parlementaire.

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Donc, vous êtes dans l’opposition par défaut ?

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Pas du tout! Nous ne sommes pas dans l’opposition par défaut. Nous ne sommes pas dans l’opposition par défaut, parce que nous sommes le seul parti politique qui de la chute de Moussa Traoré à aujourd’hui soit allé dans un gouvernement et qui ne soit pas allé dans le sens d’une solidarité gouvernementale qui nuit aux intérêts des paysans, des ouvriers et des travailleurs de ce pays. Ça c’est un modèle.

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"Notre présence dans l’opposition est une démarche consciente."

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Si nous voulions être au gouvernement pour ne pas être dans l’opposition par défaut, on aurait pu simplement faire comme les autres, c”est-à-dire négocier pour être au gouvernement, il y avait cette possibilité. Mais nous avons consciemment proclamé que nous sommes une opposition parlementaire et nous sommes allés dans un groupe parlementaire avec un parti qui se réclamait clairement de l’opposition. On n’a   travaillé à créer un pôle d’opposition sur des valeurs que nous avons défendues depuis la création de notre parti.

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Quelle est la position du parti Sadi et l’appréciation du Docteur Mariko sur la nomination de M. Modibo Sidibé au poste de Premier ministre ainsi que sur la composition du gouvernement ?

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ATT a été élu à 71% des suffrages exprimés. Il constitue son gouvernement, quoi de plus normal. Mais quand on analyse la question on se rend compte que les partis politiques qui ont soutenu sa candidature contre des portefeuilles ministériels, contre un soutien avéré aux élections législatives passées et municipales à venir. Ce sont ces partis qui doivent se plaindre. Dans tous les cas ils doivent comprendre qu’ils n’ont pas aidé au développement des partis politiques et à l’encrage des partis politiques comme facteur important du développement de la démocratie. Ceci dit, franchement est ce qu’on peut demander plus à Amadou Toumani Touré?

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 "Les partis politiques ont soutenu la candidature d’ATT contre des portefeuilles ministériels !"

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Que pensez- vous de la nomination d’un général à la primature ?

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Il y a un général président de la République, sans parti politique, mais soutenu par des partis politiques depuis 2002. Qu’est-ce que vous voulez de plus ? C”est aux partis politiques de se poser des questions. Nous l’avions en son temps dénoncé. Depuis la transition des décisions ont été prises pour refuser l’affirmation des organisations, la marginalisation des partis politiques et des forces organisées.Cela ne date pas d’aujourd’hui. Ce travail a commencé depuis la transition, afin de donner un messie au Mali. Les partis politiques dans leur incapacité à trouver un candidat en leur sein, se sont mis ensemble pour aller chercher ce messie indépendant. Un général, président de la République, s’il vous amène un caporal ou un maréchal pour être Premier ministre, c’est la même ligne.

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Cependant, j’estime qu’il faut éviter de tomber dans les querelles de personnes. Si on nous dit que Modibo Sidibé a des valeurs intrinsèques, quel est ce malien qui n”en a pas .En réalité la question de la gestion des affaires d’un Etat est une question de vision politique. Et quand on a une vision politique néolibérale, on choisit les hommes de cette nature. Et il ne faut pas que les citoyens s’attendent dans ce contexte à ce que les responsables leur proposent un Etat providence. Ce gouvernement même avec lettre de cadrage n’amènera le Mali nulle part. Sinon l’enrichissement pour la minorité, la misère pour le plus grand nombre et le bluff pour tout le peuple.

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En votre qualité de président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, que pensez vous des nouvelles lois sur l”immigration en France?

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Vous savez, ces nouvelles lois sont comme les lois Pasqua, comme les lois Debré et toutes ces lois que la France a connues. Au delà de la France , depuis un moment donné l’Europe est en train de s’organiser pour fermer ses portes. Elle considère l’immigration quant elle y trouve son compte et la déconsidère quant elle ne la sert pas. Les pays de l’Europe et notamment la France jouent à un jeu de ping-pong.

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Personnellement, avant même d’être président de la commission des affaires étrangères, je n’ai jamais accepté cette vision de la France, parce que je suis résolument engagé pour des frontières ouvertes parce que .

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les différentes lois que la France adopte traduisent son aversion pour l’immigration des ressortissants de nos différents pays.

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Maintenant en tant que président de la Commission des affaires étrangères, je vous informe que la question a été inscrite au centre du plan d’action élaborée par notre commission qui rejette les politiques actuelles de la France en matière d’immigration. Ces politiques ne nous servent pas du tout. En revanche, nous ne devons pas laisser les débats sur l’immigration entre les seules mains de l’Europe, de l’Amérique… etc

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Parce que le mouvement des hommes se fait à destination des zones qui ont accumulé des richesses. Et je suis convaincu que tant qu’il y a une inégalité flagrante dans le développement, les gens iront là où ils peuvent avoir les meilleures conditions de vie.

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Mais notre pays tire un avantage indéniable dans l’immigration. Cet avantage doit nous amener à faire de l’immigration un élément de notre politique nationale. Mais pour cela, il faut arrêter le discours dépassé selon lequel on veut dissuader les gens à partir au motif que l’Europe n’est pas un Eldorado.

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Nous devons savoir inverser les choses à travers une politique nationale de l’immigration qui doit faire en sorte que les pays qui reçoivent de nombreux immigrés maliens nous respectent. Nous devons avoir des négociations pour le respect de l’intérêt de nos compatriotes afin que le pays puisse tirer le maximum de bénéfice de sa diaspora.

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Pour moi, nous sommes absents du débat qui est resté entre les mains des européens et autres.

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Nous réagissons seulement pour critiquer ou pour admettre. Or il ne s’agit plus d’admettre, mais de critiquer et en faire une question de souveraineté, parce qu’elle est économiquement, socialement et culturellement importante pour nous. Sans oublier que les pays d’accueil en tirent un bénéfice réel. Autant on respecte les multinationales sur notre territoire, autant il faut que les Européens apprennent à respecter nos citoyens sur leur territoire, car ils apportent réellement à notre pays.

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Revenons à l”Assemblée nationale.Vous etes dans l”opposition parlementaire, allez-vous adhérer au FDR ?

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Nous avons dit que les alliances qui ne se font pas sur la  base d’un minimum de plate-forme politique ne valent pas la peine d’être faites. Vous pouvez arriver au constat avec nous que tous ces regroupements ont éclaté. Au premier choc, chacun est parti de son côté. Donc, il faut   de la consistante en matière de rassemblement. C’est pour cela que nous sommes restés à équidistance des deux regroupements ADP; FDR.

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"Nous voyons le Parena comme un parti qui a exprimé pendant les élections présidentielles des prises de position et des propos qui rejoignent les luttes que nous menons ."

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En nous engageant aujourd’hui avec le Parena, nous ne voyons pas cette structure comme un parti du FDR. Nous voyons le Parena comme un parti qui a exprimé aussi pendant les élections présidentielles des prises de position et des propos qui rejoignent les luttes que nous menons sur le terrain et pour lesquelles nous nous sommes engagés à ne pas reculer.

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C’est cela qui nous a décidé à aller avec le Parena à l’Assemblée nationale, mais, il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas de génération spontanée. Les responsables du Parena sont des personnalités avec lesquelles nous avons partagé pendant plus de vingt ans beaucoup de choses. Nous étions ensemble dans le combat contre le général Moussa Traoré, contre l’UDPM. Nous étions ensemble pour mener une partie du combat contre l’Adéma et nous avons eu à fustiger le comportement de l’Adéma-association dans l’opposition à Moussa Traoré. Il est arrivé par les vicissitudes de l’histoire et des luttes politiques qu’on se soit séparés à un moment donné.

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Nous sommes effectivement séparés.Chacun est allé de son côté, mais si aujourd’hui, les mêmes vicissitudes de l’histoire font qu’on se retrouve pour défendre des choses que nous n’avons jamais cessé de défendre. C”est normal. Nous souhaitons que le RPM et même d”autres partis de l”ADP nous rejoignent sur la base du constat de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Mali et qu’ensemble nous proposions une alternative.

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"Nous souhaitons que … d”autres partis de l”ADP nous rejoignent sur la base du constat de la situation."

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Le Parti Sadi a trois objectifs fondamentaux aujourd’hui dans sa démarche. Le premier est de mobiliser le maximum de Maliens dans les rangs du parti. Le deuxième objectif c’est de travailler à consolider un front de gauche qui peut s’attendre sur un minimum pour amener le changement dans notre pays. Ce front de gauche peut évoluer peut-être pour donner un seul parti politique. Un front de gauche à construire avec des partis politiques, des associations et des personnalités indépendantes. Et le troisième objectif, c’est d’être présent dans les luttes sociales.

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 Avec de tels objectifs, nous sommes ouverts à toutes les formes d’alliance. Donc, si le FDR veut qu’on aille ensemble en tant que FDR, on peut discuter. Vous savez, nous n’avions jamais été contactés ni par le FDR, ni par l’ADP pour une quelconque discussion au préalable.

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On sent venir une véritable recomposition du paysage politique malien. Est-ce que le parti Sadi inscrit ses actions dans le cadre de cette recomposition afin de constituer une force alternative au régime que vous qualifiez de néolibéral ?

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Absolument. Moi je pense qu’en 2012, on peut réaliser l’alternance. Au rythme où vont les choses au niveau de notre parti, nous avons de belles perspectives. Aussi, nous croyons fondamentalement que nous ne sommes pas les seuls sur l’échiquier politique et que nécessairement le vrai va sortir de l’ivraie. Nous n’avions pas eu les mêmes compréhensions ni les mêmes méthodes avec nos partenaires d”aujourd”hui mais nous sommes tous unis maintenant du fait de la misère sécrétée au quotidien par le système en place.

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Est-ce que l’attelage Sadi-Parena à l’Assemblée nationale va résister au temps ? Est ce qu”au premier soubresaut, le groupe parlementaire ne va pas voler en éclats ?

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L’attelage Parena-Sadi n’est pas sentimental. Il va durer plus que les gens ne l’imaginent et peut-être même va aboutir sur des choses plus intéressantes. Nous n’avons pas eu de préméditation sur la question. Nous nous sommes rencontrés dans la lutte. Cela est extrêmement important parce que tant que ces luttes n’auront pas connu leur aboutissement, l’attelage est appelé à perdurer. Ce n’est pas une profession foi, c’est une analyse objective. En plus, il faut dire que l’attelage s’est construit quand le Sadi était dans le gouvernement et cela n”avait pas géné. Nous adhérons à tous point de vue à la déclaration communequi avait été faite il ya quelques temps à l”Assemblée nationale et ce n” est pas le Sadi qui mettra l’attelage en cause pour une quelconque participation à un gouvernement . Et la même chose m’étonnerait de la part du Parena, il ne fera pas machine arrière. En tout cas une chose est sûre, nous sommes engagés.

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 "Le vrai va sortir de l’ivraie"

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Nous sommes même dans la dynamique qui consiste à dire qu’il faut que notre lutte puisse inspirer d’autres structures politiques pour qu”elles   se rassemblent davantage pour qu’enfin nous parlions du Mali. Que nous oublions notre ego et que nous parlions de notre peuple. Cet attelage, pour une nécessité de combat, est appelé à durer et à aller plus loin. Nous sommes actuellement en réflexion et tout se passe de façon naturelle. Il n’y a pas de calculs et cela coule de source.

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Vous êtes perçus comme un messie à l’Office du Nigerqui vous l”a bien rendu en vous élisantmais la mafia locale y veille toujours ! 

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Messie, c’est trop dire. Mais par rapport à l’Office du Niger, le combat ne cessera pas. Nous connaissons déjà la problématique: le probleme de la redevance eau, le lachage de celui-ci , le problème de la taille des superficies allouées, celui des engrais, de la defense des agriculteurs. Nous sommes heureux de savoir que désormais, nous allons partager ce combat avec le Parena.

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Nous avions conscience que nous sommes sur des braises ardentes à Niono. La tribune offerte à l’Assemblée nationale n’est pas suffisante. Nous allons continuer à organiser les paysans sur le terrain pour qu’ils prennent le combat en main, eux-mêmes. Mais, il n’y a pas que l’Office du Niger. Il y a aussi les sociétés privatisées, dont les contrats de cession ne sont pas respectés. Les ouvriers des mines sont licenciés par-ci et par-là, sans droits. Nous devons pouvoir amplifier ces luttes afin que le gouvernement reconsidère ses positions ou nous donner la bonne occasion de lui retirer le pouvoir. Aux législatives, nous avons fait tabac à Niono. Mais, même aux présidentielles le résultat obtenu par ATT à Niono n’est pas réel. Et si on reprenait demain à Niono, je le battrai.

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Le Président ATT a mis à la disposition des pays membres de la CEN-SAD 100 000 hectares des terres de l’Office du Niger. Est-ce que cela est réaliste lorsque les familles de paysans maliens n’ont que 0,5 ha ?

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D’après les juristes confirmés, la décision est complètement illégale. Cette façon d’octroyer le domaine public à une structure internationale ou à des personnalités est complètement illégale. Nous devons nous battre sur ce terrain pour la dénoncer. La réalité est que le Mali n’arrive pas à se nourrir, malgré ses énormes potentialités. Au lieu de donner des surfaces à la CEN-SAD en espérant des hypothétiques mise en valeur, le mieux serait de s’organiser pour permettre au Mali de se nourrir et pourquoi pas exporter du riz. Le marché potentiel de consommation de riz existe en Afrique et cette exportation peut être plus bénéfique que celle du coton. Pourquoi dans ces conditions, on n’aménagera pas ces terres pour nous. Ce qu”ATT a fait est illégal et illégitime.

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Que pensez-vous des déclarations du directeur de l’intérieur qui affirme que la fraude a été la plaie des élections ? Cette déclaration vient à la suite de celle du président de la Cour constitutionnelle qui disait que "la fraude s’est installée en demeure."

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Le Directeur de l”Intérieur a même dit qu’on s’est installé dans une fraude jamais égalée. C’est un aveu de taille qui vient confirmer tout ce qui a été dit à propos de ces élections depuis de longues dates.L’aveu est désormais fait. Ce qui est aberrant c”est que je n’ai constaté ni amertume, encore moins de détermination à faire autrement. Actuellement, tout le monde se focalise sur les inscriptions volontaires en sachant pertinemment qu’en les faisant, il n’y aura personne. Il y aura les mêmes personnes qui vont aller voter et il y aura la même machine de fraude qui va s’installer.

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Pour que l’administration puisse nous convaincre de sa volonté à organiser des élections crédibles, il faut qu’elle arrive à jouer son rôle. Le rôle d’une administration en matière électorale, c’est de faire des recensements corrects. Quand une administration est incapable de faire des recensements corrects, ce n’est pas une administration crédible. L’administration malienne est incapable de faire des recensements corrects. Elle devrait être capable de connaître le nombre d’électeurs en République du Mali. Malheureusement, elle en est incapable, malgré les moyens et les potentialités humaines dont elle dispose. Mais la volonté politique n’existe pas pour qu’elle fasse ce travail là.

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"C’est l’Etat qui organise en réalité la mise à mort des partis politiques."

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L’administration malienne doit faire son travail. En ce moment là, la transhumance, les questions de candidatures indépendantes et les questions d’inscriptions seront facilement réglées par les partis politiques. Les partis pourront trouver des mécanismes internes nécessaires pour mettre un frein à la transhumance. Aucune candidature indépendante sérieuse dans ce pays n’a réussi, si elle n’a pas le soutien de l’Etat derrière. C’est l’Etat qui organise en réalité la mise à mort des partis politiques. Et en le faisant, l’Etat ne se rend pas compte qu’il prépare sa propre descente aux enfers. Je remercie le directeur national de l’intérieur pour cet aveu de taille. Actuellement, tout le monde constate que le principal contradicteur d’ATT, c’est lui-même et ses structures. Ils sont en train de servir l’opinion internationale de façon très intéressante. Cela permet aux uns et aux autres de savoir réellement qu’est-ce que cette démocratie malienne. On s’est battu pour la construire et on se bat actuellement pour ne pas la laisser détruire. Nous avons pris conscience que l’Etat actuel qui nous dirige veut détruite la démocratie pour installer le règne de la mafia. Et c’est ce que nous refusons.

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Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’AEEM que vous avez porté sur les fonts baptismaux et de façon plus globale sur l’Ecole malienne?

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Cette question m’interpelle au plus haut point. L’AEEM est un instrument de combat que nous avons mis en place dans les années 90-91, suite à la dissolution d’il y avait plus de 10 ans de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (l’UNEEM) dont je fus un militant et un responsable.

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L’AEEM a été conçue comme un instrument de défense des intérêts matériels et moraux des élèves et étudiants du Mali. C’est-à-dire la défense des conditions de vie et des conditions de travail en tant que Syndicat. L’AEEM a joué un rôle plus grand qu’on en avait espéré d’elle. Et cela rappelle une célèbre phrase de Tiébilé Dramé, quand il était responsable de l’UNEEM. Il disait qu”à l’avant-garde du combat des élèves et étudiants du Mali, l’UNEEM s’est retrouvée à l’avant-garde du combat du peuple Malien. C’est pareil pour l’AEEM et plus que l’UNEEM d’ailleurs.

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"Tiébilé Dramé disait qu”à l’avant-garde du combat des élèves et étudiants du Mali, l’UNEEM s’est retrouvée à l’avant-garde du combat du peuple Malien. " C’est pareil pour l”AEEM

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Aujourd’hui se sont installés à l’école des groupuscules de mafia qui parlent au nom du Syndicat, mais dont les éléments se servent et sont avec les ministres de l’éducation nationale, des directeurs de la sécurité d’Etat et avec le chef de l’Etat, etc. Là, c’est la signature de l’incapacité du système politique actuel à gérer l’école malienne.

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Je demande aux élèves et étudiants du Mali de se ressaisir et refuser de laisser leur sort entre les mains de quelques étudiants qui passent leur temps dans la cour de la sécurité d’État et à tourner autour des ministres de l’éducation. Ils doivent s’organiser pour se faire entendre du pouvoir.

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Par exemple aujourd’hui des étudiants sont en prison au Mali. On ne pouvait imaginer même sous le dictateur Moussa Traoré que l’on maintienne des étudiants en prison pendant tout ce temps . Les étudiants de l’école de médecine qui sont actuellement en prison ont fondamentalement raison.

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 Un autre sujet douloureux , le problème du Nord. Quelle lecture en faites-vous ?

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Le problème du nord pose le probleme d”une question nationale mal résolue, parce que les revendications sont de plus en plus claires et précises. Ce qui se passe au nord n’est pas de la bouffonnerie et mérite d’être pris au sérieux quand on sait que cette partie de notre pays est un véritable enjeu pour les puissances impérialistes. Il ne faut pas se voiler la face, le nord est extrêmement sensible.

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 La démarche actuelle du pouvoir pour la résolution de ce problème n’est pas la bonne. Ceux qui ont pris les armes ne sont pas les plus pauvres du nord et ceux qui sont en train de les combattre également n’ont pas fait preuve d’intégrité dans la gestion des affaires du nord. En dernière instance, nous sommes tous pris en otage, le peuple malien est pris en otage.

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"Les armes ne mettront pas fin à la crise au Nord."

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 Aucune information ne circule sur ce qui se passe au nord. La commission des affaires étrangères dont je suis le président a posé le problème du règlement démocratique de la question du nord. Les armes ne mettront pas fin à cette crise. Quand on sait que, de part et d’autre, ceux qui prennent les armes sont ceux là-mêmes qui tirent le maximum de profit de cette situation. Dans notre commission à l’Assemblée nationale, nous avons proposé une rencontre entre parlementaires des pays qui se partagent le Sahara que sont le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso. Cette rencontre aura le mérite de faire circuler une bonne et saine information sur cette crise. Et cela permettra de mettre beaucoup d’acteurs hors jeu. Aujourd’hui, il y a beaucoup de chose qui se passent au nord du Mali et qui relèvent du domaine de la confusion.

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On constate une présence inexpliquée des américains. De plus en plus, on parle de l’Algérie. A côté de nous au Niger, il y a aussi des mouvements similaires. Et l’on se demande si toute la confusion n’est pas due au fait qu’un jour sur deux on nous dit qu’il y a beaucoup de pétrole et de gaz dans cette zone. Mais, nous sommes sûrs d’une chose : il y a la misère dans cette zone comme un peu partout au Mali. Nombreuses sont les familles qui n’ont plus de cheptel. Il y a quelque chose qui se passe sûrement au nord qui exige une forte implication indépendante des parlementaires pour édifier le peuple afin d’éviter un pogroom et la partition du pays.

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Quelle lecture , en votre qualité de député, vous faites du dernier rapport du vérificateur général

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S’il y a des maliens qui sont heureux du travail du vérificateur, nous en faisons partie. A l’époque, quand on dénonçait le détournement de la redevance eau à l’office du Niger, on nous accusait de vouloir pousser les paysans à la révolte et de les amener à ne pas la payer

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 Un seul tour du vérificateur a mis à nu un trou de 7 milliards de FCFA dans la gestion de la redevance eau. Je précise qu’il n’a pas encore touché à la gestion de l’engrais et à la gestion de la direction générale, et je suis sûr qu’on est parti pour un manque à gagner d’au moins 15 milliards de FCFA. A l’assemblée nationale, je n’ai pas pu obtenir un débat sur le rapport du vérificateur. Je l’ai posé à la plénière, on nous a argué le fait que les dossiers étaient pendant devant la justice. Mais, tout compte fait, le rapport du vérificateur est la réponse adéquate à la prétendue bonne gouvernance dont le Mali se targue. Ce n’est pas l’opposition qui porte la contradiction, mais une institution mise en place par le chef de l’État lui-même. Et cette institution vient de lui dire que sa gestion est mauvaise. Le pouvoir toute honte bue devait prendre le rapport du vérificateur au sérieux et chercher à récupérer les milliards volés au peuple malien.

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 En ce qui nous concerne, nous allons faire du rapport du vérificateur notre cheval de bataille. Mais, en attendant, je salue et félicite le vérificateur général et l’invite à s’intéresser à la gestion des contrats des sociétés minières et les conditions dans lesquelles nos entreprises et sociétés d’État sont privatisées.

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 Le résultat de cette vérification va finir de convaincre tous les Maliens que le pays regorge de ressources, mais détournés des objectifs de développement le plus souvent.La justice devrait s”y interesser au lieu de passer le temps à traquer des journalistes, des étudiants et les menus fretins.

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Le domicile de l’honorable Konimba été violé, il y a quelques semaines, par des agents de la sécurité d’État, en votre présence. Y a-t-il eu une réaction de l”Assemblée nationale face à cette conduite de la SE ?

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C’était en fait du banditisme d’État. J’étais-là.J”étais dans le bureau de l”honorable Konimba quand la sécurité d’État a violé les locaux, arrêté et menotté un jeune qui discutait avec nous. L’information a été portée au président de l’assemblée nationale. Elle n’a pas réagi : nous encaissons, mais nous ne sommes pas d’accord.

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 Donc le bureau de Konimba a été bel et bien violé. Ils ont fait une descente musclée pour arrêter un étudiant. L’étudiant est un neveu de Konimba Sidibé qui s’apprêtait d’ailleurs à le livrer à la justice. J’étais contre le fait qu’on livre cet étudiant à la justice, parce que dans l”affaire de la FMPOS, l’Etat est responsable. Parce que la violation des franchises universitaires et le passage à tabac des étudiants sont antérieurs au désordre dans la faculté. Les étudiants ont fait preuve de légitime défense.

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Propos recueillis par
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El Moctar Kounta dit sydell
rnBirama Fall
rnAssane koné

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