Oumar Ibrahim Touré : L’heure de vérité

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La page Urd est (définitivement) tournée pour Oumar Ibrahim Touré. Demain, vendredi 24 mai 2013, l’ancien vice président du parti de la poignée de mains lance son propre parti, l’Alliance Pour la République, un parti qui « prône la solidarité, l’entraide, l’effort  et le travail, tout en encourageant la réussite sociale de tous et de chacun ». Pourquoi créer un parti maintenant ? Pour marquer quelle différence avec les autres partis ? L’Apr est-elle proche du Fdr ou de la Copam ? Quelles sont ses ambitions politiques à court et moyen termes ? Quelles sont les raisons du départ de son fondateur de l’Urd ? Et ses relations avec ses anciens camarades, plus particulièrement Soumaïla Cissé ? Quelle est l’avis de Oumar Ibrahim Touré sur la tenue de la Présidentielle au mois de juillet, et sur l’appel au dialogue avec le Mnla ?

Oumar Ibrahim Touré
Oumar Ibrahim Touré

L’ancien ministre de la santé répond à toutes ces questions à bâton rompu, dans une interview exclusive qu’il nous a accordés au QG du nouveau parti. Enseignement majeur : l’Apr sera présente à toutes les élections, y compris la Présidentielle du 28 juillet. Exclusif.

L’Aube : Demain, vos militants s’apprêtent à porter sur les fonts baptismaux votre parti, l’Alliance Pour la République, Apr. Qu’est-ce qui vous a motivé à créer ce parti, maintenant ?
Oumar Ibrahim Touré : C’est vrai qu’on ne peut créer un parti, seulement pour le faire. Nous avons analysé la situation, et notre parcours. Nous avons vu ce qui s’est passé dans beaucoup de partis, notamment de défaillances fortes sur la gestion de le ces partis. Il y a aussi la situation de notre pays. Le Mali connait en ce moment précis, dans sa construction démocratique, une sorte de remise en question. Ce qui s’est traduit d’ailleurs par une révolution. Cette révolution est passée au Mali par deux crises majeures. Nous avons le coup d’Etat. C’est une situation dans la quelle la responsabilité de la classe politique doit être évaluée. Parcequ’on ne peut pas tomber dans une telle situation, sans que quelque part au niveau de la classe politique il n’y ait pas eu de défaillances énormes. Et cette situation actuelle du pays nous amène aussi à nous interroger sur le bilan des 20 années de démocratie que le Mali a vécues. Nous nous sommes rendu compte qu’on s’était englué dans une sorte de concensus politique propre au Mali. Et finalement, tout le monde estime que la classe politique a des responsabilités énormes dans la déliquescence dans laquelle se trouve notre pays. Donc, en tant qu’hommes politiques, nous avons le dévoir de nous interroger et de voir quelles sont les aspirations du peuple malien. C’est cette analyse qui nous a convaincus qu’il faut un nouveau cadre, pour  coller à la situation du pays.
Nous avons également fait un constat, particulièrement sur les jeunes. Les jeunes sont en marge de la politique. Parce que tout simplement la gouvernance au niveau des partis ne leur permet pas. Finalement, ce sont des compétences que le Mali perd. Ceci est également valable pour les femmes. Donc, nous avons fait le constat qu’il y a un besoin profond de changement et de renouveau exprimé par le peuple et qu’il nous faut créer un nouveau cadre.

Vous auriez été approché par plusieurs leaders politiques pour faire chemin avec eux. Pourquoi  vous n’avez pas choisi d’aller avec vos militants dans ces formations politiques pour  exprimer toutes ces préoccupations dont vous venez de faire allusion et les solutions que vous préconisez ?
J’ai été effectivement approché par tous les leaders politiques. Ils m’ont demandé, avec beaucoup de respect, de venir travailler  avec eux, ensemble. Mais, j’ai estimé que mon parcours politique, mais également mon parcours dans le gouvernement peuvent me conduire à la création d’une formation politique. Je dis que je ne peux pas aller dans un parti politique pour aller vivre les mêmes  problèmes que j’ai déjà vécus. Parce que j’ai vécu ces problèmes à deux reprises. J’ai été membre fondateur de l’Adema et également membre fondateur de l’Urd. Je sais pourquoi et comment je suis parti de ces deux formations. Donc, quitter pour aller dans une autre formation politique, ce n’est pas utile. J’ai un peu d’expérience, je souhaite la partager avec ceux qui partagent la même vision que moi, et ça me permet de créer un nouveau cadre. J’ai déjà tiré beaucoup d’enseignements. Je cherche à faire la politique en corrigeant toutes les tares que j’ai vues ailleurs. Et je vais m’efforcer de les corriger avec les camarades qui sont avec moi. Si nous sommes ensemble, c’est que nous partageons un certain nombre de valeurs et idéaux. Qui doivent conduire  certainement à corriger toutes les tares que nous avons eu à constater. Ce n’est pas facile. C’est un combat de longue haleine. Mais, nous allons nous y faire

Sur un échiquier politique malien riche d’une centaine de partis, est-ce que l’Apr ne serait pas un de plus ?
Pas du tout. Parce ce que ce n’est pas seulement l’Apr. Maintenant, il y a plusieurs formations politiques sécrètes. Nous avons une centaine de partis politiques. Mais, quels sont les partis politiques qui sont véritablement opérationnels ? Ils sont combien à l’Assemblée nationale ? Pas nombreux. Ce sont des choses qui nous interpellent tous, toute la classe politique, tous les démocrates

L’Apr pour faire quelle différence ?  Quels sont les grands traits de la ligne politique et des ambitions de l’Apr ?
L’Apr est l’Alliance pour la République. Nous avons pensé que la situation actuelle de notre pays exige l’alliance des forces patriotiques. C’est pourquoi, nous avons tenu à avoir dans le nom de notre parti, « Alliance ». Nous le faisons également parce que nous pensons que c’est un parti qui ne va pas être sur le plan idéologique, un parti qu’on pourra classer. Parce que le parti Apr ne sera ni libéral, ni socialiste, ni communiste, ni néolibéral. Il sera parti malien, défenseur des valeurs séculaires du Mali, un parti qui prône la solidarité, l’entraide, l’effort  et le travail, tout en encourageant la réussite sociale de tous et de chacun. Je crois que l’Apr va nous amener à ça. Mais, l’Apr va également être ce parti qui va travailler pour combler les attentes des populations. Parce qu’aujourd’hui, les Maliens ont besoin davantage de développement. Mais, ils ont besoin également d’avoir des institutions et même des partis politiques fiables. Nous, notre bataille, c’est de faire en sorte pour que nous puissions travailler et de donner davantage d’espoir aux populations. Et nous allons vraiment nous y atteler. Parce que nous sommes convaincus aujourd’hui que les Maliens ont besoin de quelque chose d’extrêmement important. A savoir d’institutions qui sont capables de garantir à l’ensemble des Maliens la sécurité des personnes et de leurs biens, la sécurité alimentaire et économique, la préservation de la paix et du mieux vivre ensemble et également travailler dans le sens d’une justice juste et équitable. Ce sont des combats que nous allons mener avec d’autres. Aujourd’hui, la situation de notre pays doit amener à réfléchir sur ces pistes là pour pouvoir dégager des solutions. Il ne s’agit pas seulement de dire qu’il y a des problèmes.  Aujourd’hui, les Maliens ont besoin d’un discours qui apporte des solutions. Donc, nous pensons, après ce que nous avons vu dans ce pays, que l’Apr peut jouer un rôle important à travers des hommes et des femmes qui vont l’animer et que les Maliens et les Maliennes vont découvrir bientôt.

 

La raison d’être d’un parti politique, c’est de conquérir le pouvoir. Et nous sommes à deux mois de l’élection présidentielle. Si demain, le parti vous propose d’être candidat, est-ce que vous seriez partant ?
Notre priorité, c’est d’abord de créer l’Apr, de l’installer. C’est vrai que, quand on crée un parti, c’est pour conquérir le pouvoir par la voie démocratique. Donc, dès que l’Apr va être lancée, elle décidera. Mais, je peux vous garantir que l’Apr fera tout pour être présente à toutes les élections, y compris la Présidentielle.

Y compris la Présidentielle?
Absolument. Pourquoi pas ? L’Apr va exister avant la Présidentielle et elle ne peut pas baisser les bras et regarder la Présidentielle se passer. Maintenant, la forme que  cette participation va prendre, c’est une forme que les militants et les militantes de l’Apr vont définir. Ce qui est certain, c’est que les militants de l’Apr sont animés de la volonté d’être à toutes les élections de 2013.

 

Dans quel regroupement politique inscrivez-vous votre combat ?
Ça va venir après. Attendons de créer le parti. Avant même la création du parti, cette question a été particulièrement tranchée avec l’ensemble des militants et des militantes qui étaient à la base de la création du parti. Maintenant, à partir de là, ça va être déterminé. Parce que, dans tous les cas, tous les blocs nous ont démarchés.

Donc, vous n’avez pas encore décidé et défini votre positionnement?
Pour le moment, non. Parce que nous avons demandé à tout le monde d’attendre le lancement du parti. Et après, nous allons continuer les échanges. Dans tous les cas, nous irons dans le sens qui portera les intérêts du Mali pour défendre le développement du pays, pour défendre particulièrement la paix et la stabilité dans notre pays.

L’élection présidentielle est prévue pour le 28 juillet 2013, pensez-vous que ce pari peut être tenu ?
C’est une question que le ministère de l’administration territoriale gère. C’est le gouvernement qui décide. Le gouvernement dit que les conditions vont être réunies avant le 28 juillet. Nous devons faire confiance au gouvernement. Parce qu’il se fonde sur beaucoup d’éléments pour nous dire que les dates vont être respectées. Mais, nous savons qu’il y a beaucoup d’autres défis à relever et d’aspects qui peuvent surgir notamment sur le plan de la sécurité. Ça, ce sont des questions dont le traitement peut prendre un certain temps. Mais, je crois que le moment venu, le gouvernement appréciera et les forces politiques apprécieront si les conditions sont réunies pour organiser les élections. Mais, pour le moment, nous n’avons pas d’autres arguments que de suivre ce qui a été adopté par l’Assemblée nationale et ce qui a été proposé par le gouvernement du Mali.

La situation à Kidal : qu’est ce que vous pensez du dialogue entrepris par les autorités avec le Mnla et, plus largement, du concept dialogue et réconciliation?
Je pense que quelle que soit la situation, il faut dialoguer. Il faut qu’on se retrouve autour d’une table si nous appartenons à un même pays, à une même nation. Il faut que le dialogue soit un dialogue sincère, un dialogue franc. Il faut aussi tirer tous les enseignements de tous les problèmes que nous avons vécus par le passé.  Parce qu’on ne peut pas avoir des rébellions à répétition. Cela veut dire que les problèmes n’ont pas été réglés comme il se devait. On ne peut pas continuer chaque deux ou trois ans à avoir la rébellion. Tous les Maliens ont compris qu’il faut dialoguer de façon sérieuse avec des conditions bien précises ; dialoguer avec le Mnla et les autres groupements armés. C’est difficile de prendre les armes contre son pays et puis encore de venir négocier. Mais, je crois que dans tous les cas, il faut forcement qu’il y ait le dialogue.
Maintenant, il faut faire la part des choses. Ceux qui doivent être jugés, il faut les juger, parce qu’ils ont fauté. Mais, on ne peut pas aussi assimiler ce groupe armé à l’ensemble de nos compatriotes du nord, sonrhaïs, touaregs, tamasheks et peulhs et autres. Il faut que cela soit clair. Il faut que l’Etat  soit ferme sur cette question. Parce que s’il n’y a pas la fermeté et s’il y a une complaisance qui s’installe, on peut avoir une paix factice. Ça ne marchera pas. Aujourd’hui, avec ce qui s’est passé, le dialogue doit se faire conformément à l’aspiration du peuple malien. Parce que toutes les populations maliennes se sentent concernées. Ce n’est pas un problème du nord, c’est un problème du Mali.
Toutes les composantes de la population malienne doivent être concernées par le dialogue. Une commission dialogue et réconciliation a été mise en place. Après des contractions inutiles, tout le monde a compris qu’il faut laisser la commission s’installer et travailler. Et, c’est sur la base de ce travail que la commission va faire que les Maliens et les Maliennes apprécieront. Je crois que ce dispositif a été renforcé par la nomination d’un conseiller spécial chargé des négociations. Je pense que tout ceci mis ensemble permettra au gouvernement de sortir le pays définitivement de cette situation.

En créant l’Apr à quelques mois de l’élection présidentielle, quel est le but final visé par son président ?
L’agenda n’est pas vraiment compliqué pour nous. Ce n’est pas parce que nous sommes à deux mois des élections présidentielles qu’on a créé le parti. Non, on n’a pas fait ce calcul. Nous sommes dans une évolution normale des choses. On dit qu’on va vers la création d’un parti politique. On est là-dessus depuis janvier et février. Parallèlement, nous avons les dispositions qu’il faut pour que nous ne soyons pas gênés si nous décidons d’aller aux élections. Nous sommes prêts. Nous connaissons le pays et nous avons des amis qui sont installés dans tout le pays.  Ce qui nous permet d’avoir des éléments sur lequel s’appuyer. Il n’y a aucun calcul. C’est l’aboutissement d’un long travail.

Parlant de votre rupture avec l’Urd, quelles sont les explications que vous pouvez donner. Est-ce que vous avez des regrets ?
Je ne souhaite pas trop m’étendre sur ma rupture avec l’Urd.  Parce que pour moi la page est tournée. Elle est tournée sans rancune.  Nous sommes des camarades. Nous avons travaillé ensemble.  Je crois que ce qui est fait est utile pour moi et pour l’Urd. C’est mieux comme ça. Vraiment, je n’ai aucun regret. J’ai estimé que c’était une décision à prendre et j’ai exécuté la décision ; tout comme l’Urd aussi a pris sa décision. Et c’est sans regret.
En ce qui me concerne, j’ai tourné définitivement la page.

Vos relations avec le parrain de l’Urd, Soumaïla Cissé ?
Vraiment, je ne veux pas personnaliser le débat. Je crois que le problème que j’ai aujourd’hui, je l’ai eu avec un parti et non avec lui.
Réalisée par Sékou Tamboura      

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9 COMMENTAIRES

  1. Ibrahim toure tu a le grand voleur,et tu moke a la population!!!!un Mafia come toi…… 👿

  2. Pauvre Mali !
    Voici les parrains de la mafia qui sont entrain de se positionner pour revenir aux responsabilités
    Ceux là qui ont détourné non seulement les deniers publiques mais aussi l argent destiné aux malades du sida de la tuberculose et du paludisme
    Pauvre Mali
    Les mêmes causes produisent les mêmes effets !

  3. Ce type se moque du peuple, apres tout ce qu’il a eu comme probleme, il a le courage de creer un parti pour ses interets personnels.C’est un loup, un predateur de la scene politique, il a supporte et accompagner ATT dans sa delire.Il doit prendre sa retraite politique

  4. APR=URD, même discours qu’un SOumaïla CISSE qui revendique le double héritage d’ATT et d’AOK.
    J’invite tous les maliens à aller voter pour le candidat qui semble être le meilleur, car c’est la seule manière de changer le cours du vent. Je pense personnellement qu’un renouvellement générationnel s’impose à la tête de l’État. Il faut vraiment se dire la vérité, si ses vieillards veulent réellement servir leur Pays, ce n’est pas en cherchant à être Président. Ils veulent tout simplement couvrir leurs passés. Voyez bien aux USA, aucun candidats ne se présente plus d’une fois que lorsqu’il est élu pour la première fois. Et les vieux sont toujours disponibles pour apporter leurs expériences aux jeunes Présidents. Nous devons donc changer de cap.

    • Les etats-unis c’est un autre debat@Alsace.Tu vois le probleme politique est plus profond que tu le penses.Comment tu veux que le systeme change dans un pays ou la jeunesse est plus pourrie que les vieillards?

    • des BB qui veulent gérer le pays. Soyons sérieux. Avec quelle expérience. Vous êtes pressés pour venir voler oui. Les vieux pensent plus au pays. Un jeune qui veut venir aux affaires n’est qu’un pur opportunistes préssés de réussir malhonnetement.
      Alors Alsace étale nous ton CV ?

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