Depuis des mois maintenant, le ministère de la Santé est secoué par une crise sans précédent : une dizaine de fonctionnaires sont en prison, en plus de commerçants véreux avec lesquels ils ont organisé le pillage systématique des ressources du Fonds mondial. Pendant ce temps, le ministre, premier responsable du département, comptable devant le Gouvernement des agissements de ses subordonnées pavoise le pays, inaugurant ceci ou cela, discourant sur tout et rien. C’est tout simplement insupportable, indécent.
L’affaire qui ébranle le département a eu d’énormes répercussions négatives sur le Mali et son image à travers le monde. De son démarrage à maintenant, ce sont environ 6 milliards de francs CFA qui ont été offerts par les généreux donateurs pour lutter contre le paludisme, la tuberculose et le sida. Une mission d’enquête, dépêchée au Mali après une dénonciation suivie de plainte (du ministère) contre un fonctionnaire indélicat. Mais, en réalité, la mission découvrira que la plainte du ministre contre le fraudeur n’est que l’arbre qui tente de cacher la forêt. Elle découvre toute la panoplie du fieffé voleur, fraudeur, agent de l’Etat à l’imagination débordante. La course effrénée à l’argent facile a causé la disparition de dizaines de millions de francs CFA. Certains filous ont d’ailleurs eu l’outrecuidance de facturer une simple moto Jakarta à un million de francs Cfa alors que n’importe quel idiot du village sait que cet engin ne dépasse pas 350 000.
Au départ, le Gouvernement a réagi avec la légèreté habituelle : il n’y a rien à voir, alors circulez ! Puis, le président Amadou Toumani Touré en personne, après une audience avec Michel Sidibé, patron de l’ONUSIDA, a réalisé l’ampleur du drame et organisé une mission expresse aux Etats-Unis, dans le but de colmater les brèches dans cette histoire de catastrophe en termes de prestige et de sérieux. Selon ses accompagnateurs, ATT a réussi sa mission. Mais, il faut le dire clairement ici à l’attention de ceux qui cultivent l’art de la confusion. Le Fonds mondial sera renfloué à hauteur de 11 milliards de dollars, c’est vrai. Cependant, personne n’a jamais dit à ATT que son plaidoyer est à la base de ce renflouement. Aucun fonctionnaire du Fonds, basé en Suisse, n’a dit à ATT que la structure ferme les yeux sur le scandale de Bamako et qu’à la fin de la présente tranche, le Mali recevra des sous. Par contre, le Fonds est formel sur une chose : tant que les sommes volées ne seront pas entièrement recouvrées et les voleurs punis, le Mali restera au banc du prochain round. C’est une réalité que chacun peut vérifier auprès des têtes dirigeantes de l’organisme.
Pour revenir à Oumar Ibrahim Touré, il faut souligner, avec force, qu’un ministre ne peut pas se défausser sur ses subalternes et faire porter le bonnet d’âne à des lampistes. En tant que ministre, il est imputable de tous les actes, positifs ou négatifs, posés dans son département. Même si, par hasard, il est entièrement exempt de reproches et n’a reçu aucun sou, le fait simplement qu’il y ait eu ce type d’arnaques sur une longue période, le rend moralement responsable des abus. Il ne doit, en aucun cas, attendre une demande du procureur Sombé Théra pour répondre. La décence la plus élémentaire lui commande de démissionner et de se mettre sous à la disposition des enquêteurs et de la justice, afin de tirer au clair cette affaire.
On dit souvent qu’au Mali, les ministres sont incapables de démissionner. Il y a pourtant eu des précédents (Alpha Oumar Konaré, Soumana Sacko, Abdoulaye Camara…) et il est écrit dans le ciel qu’OIT ne s’en ira pas de son plein gré. Il revient à celui qui l’a nommé de la congédier sans attendre. Option ne gagne rien et ne perd rien à voir OIT débarquer de son ministère. Seul le Mali gagnera en respect et considération.
OPTION