Les actions entreprises par les autorités de la Transition pour être « comprises» et « accompagnées» n’ont pas l’heur de rencontrer une oreille attentive auprès des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Réunis dimanche en sommet ordinaire à Abuja, au Nigeria, ils ont brandi la menace de sanctions économiques et financières censées, en sus de la suspension de notre pays des instances de l’organisation et des sanctions individuelles.
Ce durcissement des mesures de rétorsion pourrait intervenir dès le 1er janvier 2022, si aucun progrès tangible n’est réalisé dans la préparation des élections à la fin de décembre 2021. La Cedeao tient à ce que l’élection présidentielle se tienne le 27 février 2022, alors que, côté malien, les choses semblent pourtant claires depuis un bon moment.
L’un des forts souhaits des Maliens est la mise en place de réformes politiques et institutionnelles devant assurer une stabilité institutionnelle durable au pays. Et les autorités de la Transition, conscientes des engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale, sont décidées à jeter les bases de quelques réformes, notamment celles qui puissent garantir l’inclusivité et la transparence des élections. D’où l’idée des Assises nationales de la refondation (ANR), qui ne fixeront pas qu’un chronogramme électoral mais définiront aussi les contours du Mali Kura.
Cette position, le chef du gouvernement l’a maintes fois expliquée. C’est dans ce même esprit que le président de la Transition a adressé, le 9 décembre, une communication officielle à la Cedeao pour l’informer que le chronogramme des élections sera transmis au plus tard le 31 janvier 2022. Sortir un chronogramme à cette date et tenir les élections en février paraît fort improbable. Ce qui fait dire aux dirigeants ouest-africains que « l’échéance du 27 février 2022 pour la tenue des élections risque de ne pas être respectée ». Ils avaient pourtant, lors du précédent sommet, pris acte de « l’officialisation par les autorités maliennes qu’elles ne respecteraient pas leur engagement à organiser fin février des élections présidentielle et législatives ».
Mais bien plus que la tenue des élections, c’est l’insécurité qui préoccupe au Mali. La Conférence des chefs d’État concède d’ailleurs la « détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, caractérisée par la récurrence des attaques terroristes au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigeria, et l’extension des attaques aux pays côtiers». Réussir des élections dans un tel contexte ne tient pas qu’à la seule force de la volonté.
Les autorités de la Transition se doivent de créer les conditions propices à la tenue d’élections qui ne réveilleront pas les vieux démons. Et c’est dans ce cadre que le gouvernement s’attèle, entre autres, à la finalisation d’une Stratégie globale de gestion intégrée de la crise au Centre. Cette stratégie comprend des mesures politiques et sécuritaires, notamment le renforcement du dispositif de sécurité et le dialogue envisagé avec nos compatriotes modérés pour isoler les groupes extrémistes radicaux, majoritairement étrangers.
Issa Dembélé