«Dieu ne dort pas », chuchotent plusieurs Maliens face à la nouvelle flambée de violence en Egypte. Pour ainsi dire, le Président Mohamed Morsi subit, peut être, une punition divine après s’être opposé à l’intervention française au Mali. Guerre qu’il sait pourtant dirigée contre des gens qui ont semé les pires formes de terreur dans le Nord du Mali qu’ils occupent depuis près d’un an.
Lors de l’ouverture du sommet économique arabe, tenu à Riyad le 21 janvier dernier, le Président égyptien avait haussé le ton contre Paris en ces termes: «Nous n’accepterons en aucun cas l’intervention militaire au Mali (…) qui est de nature à alimenter le conflit dans la région», disant craindre «un nouveau foyer de conflit sanglant» en Afrique. Cette déclaration a d’autant surpris plus d’un Malien qu’elle émane du dirigeant d’un peuple frère. De sorte que beaucoup d’observateurs se demandent de nos jours si un peuple aussi grand que celui d’Egypte méritait un tel dirigeant. En tout cas, il n’y a pas à douter que cette déclaration de M. Morsi est à la hauteur de son insouciance du respect des droits de l’homme et de la liberté des peuples du monde. Sinon, comment comprendre que le Président égyptien prenne faits et causes pour des terroristes et autres narco islamistes qui ont indigné le monde entier (sauf ceux du genre Morsi) par leurs comportements qui tranchent d’avec ceux des hommes civilisés.
Ceux-là qui sont aujourd’hui combattus par les armées française et malienne ont, neuf mois durant, martyrisé tout un peuple à travers des viols, des pillages, des destructions de sites culturels et d’atteintes à l’intégrité physique de paisibles citoyens. Pendant tout ce temps, aucune déclaration de condamnation, à notre connaissance, n’est parvenue au peuple malien de la part de M. Morsi. Il a suffi que le peuple malien, appuyé en cela par le peuple français, réagisse à une agression qu’il a subie, pour que le Président Morsi desserre les dents. Le Mali et l’Egypte sont deux peuples frères. A défaut d’apporter son appui, ne serait-ce que moral, pour nous débarrasser de Satan, Mohamed Morsi a raté l’une des occasions de se taire. Car, ses propos sont de nature à dégrader les relations très bonnes qui jalonnent la coopération maliano-égyptienne. Mais, pouvait-on attendre mieux d’un islamiste face à une guerre contre des islamistes et autres terroristes ?
De l’avis de certains observateurs, cette prise de position du Président égyptien est indissociable du contexte politique actuel dans son pays. En effet, compte tenu du climat social et économique très difficile auquel il fait face, M. Morsi aurait cherché à resserrer les rangs des différents courants islamistes de son pays, en flattant les salafistes qui se sont élevés contre l’intervention française au Mali. Mais, c’est raté. Il y a une semaine, l’Egypte est devenue une véritable poudrière, prête à exposer à la moindre étincelle. En effet, depuis le vendredi dernier, jour du deuxième anniversaire de la révolution, des milliers d’Egyptiens sont descendus dans la rue pour protester contre une décision de justice qu’ils qualifient de politique. D’autres accusent les frères musulmans, dont le Chef de l’Etat, d’avoir trahi la révolution. Face à des manifestants qui ne représentaient pas forcément une menace, M. Morsi abuse de la force. Ainsi, le deuxième anniversaire de la chute de Moubarak, censé être célébré dans l’allégresse, a tourné au vinaigre avec le bilan horrible de plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés.
Il faut dire que l’Egypte de Mohamed Morsi vit au rythme des crises politiques et des manifestations dès son annonce, en novembre, de vouloir se doter de pouvoirs exceptionnels afin d’accélérer son projet de Constitution. Constitution qui, même adoptée, continue de diviser le pays. Des observateurs estiment que si Mohamed Morsi doit faire face à autant de crises, c’est sans doute à cause de ses erreurs de gestion. Le parti au pouvoir n’aurait jusque-là pas compris que l’Egypte ne se gouverne plus comme au temps de l’ancien régime. Depuis son accession à la magistrature suprême, Morsi monopoliserait les pouvoirs exécutif et législatif. C’est pourquoi, l’opposition égyptienne dénonce des abus et menace désormais de ne pas aller aux prochaines élections législatives.
D’aucuns prédisent que la crise que traverse le pays pourrait persister si Morsi et sa clique ne comprennent pas que le pays ne peut plus être dirigé par un seul groupe de personnes sans provoquer de vives réactions d’une partie de la population.
C’est pourquoi, nous disons que le Président égyptien, plutôt que de faire des déclarations inopportunes au sujet de la guerre que la France de M. Hollande mène courageusement contre le terrorisme au Mali, sait désormais à quoi s’en tenir. Il se devrait de balayer d’abord devant sa propre porte. Car, maintenant, c’est à chacun sa crise.
Bakary SOGODOGO
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Mursi est un fanatisme terroriste, mais Dieu ne dort pas destriudo nemigo du Mali sera votre pire début et se termine Moubarak enfer inshallahu
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