Œil turbulent :Comme une feuille morte introuvable

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Pendant 17 jours, un vent violent et constant sortant des bouches des manifestants a terriblement secoué le grand arbre du pouvoir moubarakiste planté depuis tente ans. Haut perché au faîte de cet arbre, Moubarak est devenu une feuille morte lorsqu’il a annoncé le jeudi 10 février avec une voix tremblante : «J’ai décidé de déléguer au vice-président les prérogatives du président de la République conformément à ce que prévoit la Constitution».

Quelques jours avant, Moubarak avait dit qu’il quitterait le pouvoir en septembre de cette année pour tenter de maitriser le vent populaire en vain. Ce vent qui n’a cessé d’augmenter d’intensité à fait secouer et tomber Moubarak comme une feuille morte introuvable sous le tronc de l’arbre. À présent on ne sait pas où le puissant vent a balancé l’homme qui a régné sans partage pendant trois décennies. Souhaitons que cette tombée spectaculaire soit bénéfique au peuple égyptien qui a si longtemps enduré la soif de liberté et de démocratie.

Il souffle, siffle et expulse des vedettes

Il est un arbitre patient et pertinent. Sur son terrain, il est un juge impartial, perspicace et efficace. Il sait endurer les excès de zèle des vedettes qui se croient intouchables et irremplaçables. Mais, dès que sa patience est excédée, il a la possibilité de se dresser en maître absolu pour sanctionner et transformer les plus grandes vedettes en plus petits spectateurs inconnus sur les tribunes découvertes. Cet arbitre spontané est l’incarnation de la volonté d’un peuple trop longtemps exploité et bâillonné sur son propre territoire. Ce genre d’arbitre est spécial par son rôle plus meneur d’enjeu que  contrôleur de jeu.

 

Record en aide aux nécessiteux

Tout abandonné sur sa terre natale pour aller tout recommencer dans un pays d’accueil n’est pas du tout une partie de plaisir. Il est difficile que des millions de personnes déplacées pour des raisons d’affrontements armés ou d’affaissement économique contredisent une telle affirmation. Ces innombrables personnes sont très souvent confrontées à la difficulté d’adaptation à leurs nouveaux pays qu’ils ont foulés  pour protéger leurs âmes et améliorer leurs conditions de vie. Sans oublier qu’elles sont très souvent considérées comme des malpropres et des intrus par la plupart des citoyens de ces pays d’accueil en Occident et même en Afrique.

Le Canada, un des ces pays occidentaux, a battu un record dans l’exercice d’ouverture de ses portes d’entrée aux immigrants nécessiteux. Selon un rapport de Citoyenneté et Immigration Canada, les Canadiens ont accueilli 280 636 résidents permanents en 2010. Ce chiffre, inégalé en plus de 50 ans, surpasse de 6% les estimations gouvernementales. On ne peut que souhaiter que cette large ouverture des portes de l’immigration canadienne ne soit une grande désillusion pour ces nombreuses personnes qui ont pu y accéder.

De la démocratie démoniaque

En envahissant l’Irak, le pays de Saddam Hussein, il y a une dizaine d’années, l’Amérique belliqueuse de George W. Bush avait promis au monde qu’elle veut y déceler des armes de destruction  massive et implanter la démocratie. Cette Amérique n’a pu ni prouver l’un ni réaliser l’autre. En plus de sa triste performance de provoquer  des centaines de milliers de morts et de blessés parmi la population irakienne et dans les rangs de l’armée américaine, G.W. Bush a contribué à la formation de grands nombres de kamikazes qui continuent à semer la désolation en Irak. Comme le témoigne cet acte vindicatif récemment perpétré par un kamikaze qui a tué 33 morts, dont deux femmes en faisant au moins 28 blessées dans une ville sunnite située au nord de Bagdad. Malgré que le bus était arrêté à un poste de contrôle non loin de Samarra, ce kamikaze a pu s’embarquer discrètement et actionner sa veste bourrée d’explosifs.

Ainsi à la place de la démocratie qu’il a dit vouloir instaurer, l’Amérique de Bush a décuplé les démons assassins de cette même démocratie.

De l’hémorragie post-référendaire

Rares sont les politologues qui pouvaient prévoir d’autres bains de sang peu après le référendum du Sud-Soudan organisé du 9 au 15 janvier dernier. Selon ce résultat issu des urnes qui annonce que, 98,83% des voix ont choisi le oui, donc la région doit se transformer en un État indépendant avant la fin du mois de juillet 2011. Toute cette bonne prévision semble être compromise par les combats qui ont éclaté cette semaine entre l’armée du Sud-Soudan et des rebelles dans la région de Jonglei (Sud-Soudan) causant tout d’un coup 105 morts et un nombre plus élevé de blessés.

En Afrique où le record des conflits armés est détenu par les amoureux du pouvoir politique, des protagonistes n’hésitent jamais à construire ou rénover leur Palais présidentiel sur les tombeaux de leurs compatriotes.  

 

Voulant entrer au Palais, il prend la clé des champs

Décidément on aura tout vu et tout entendu en Afrique dans le domaine de la tragi-comédie. Un des opposants qui s’est très mal inspiré du malheureux et dangereux bras de fer entre Ouattara et Gbagbo se retrouve maintenant malgré lui dans la clandestinité au Gabon son pays natal. En effet, il s’agit de l’opposant politique nommé André Mba Obame, qui s’est autoproclamé président du Gabon le 25 janvier dernier. Quelques temps après, il avait composé son «gouvernement» tout en s’installant dans une  agence de l’ONU à Libreville.

Le propriétaire actuel du Palais présidentiel, Ali Bongo, qui l’a hérité de son père Oumar Bongo a donné l’ordre d’évacuer Mba Obame et 19 membres de son gouvernement de leur refuge onusien et déclaré son parti, Union nationale, désormais dissous. Depuis lors, ce président tardivement autoproclamé est recherché par les autorités de son pays sans qu’aucune autorité politique africaine ou internationale ne vole à son secours. Ainsi en voulant ouvrir les portes du Palais pour s’y installer confortablement, monsieur Obame a prit la clé des champs en se perdant dans la nature sans aucune boussole dans ses poches.

Lacine Diawara

 

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