Obstacles pour les femmes politiques : Comment surmonter les obstacles ?

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Les Nations unies ont mis à jour en 2023, “l’Indice des normes sociales de genre” (GSNI). Ce GSNI souligne les obstacles importants auxquels les femmes et les filles sont confrontées pour réaliser leur potentiel, allant de la politique aux conseils d’administration des entreprises.

“Ces obstacles sont largement attribuables à des normes sociales profondément ancrées. De manière préoccupante, près de la moitié de la population mondiale estime que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes”, affirme Adam Sidibé, ancienne députée de la dernière législature.

Pour elle, les femmes sont confrontées à deux sortes d’obstacles sur la voie de la participation à la vie politique. D’une part, des entraves structurelles causées par des lois et des institutions discriminatoires qui réduisent encore aujourd’hui leurs possibilités de voter ou de se porter candidates à un mandat politique.

D’autre part, faute de moyens, les femmes ont moins de chances que les hommes de suivre une formation, de nouer les contacts et de bénéficier des ressources nécessaires pour devenir des dirigeantes performantes.

“Les Nations unies proposent un arsenal qui va de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, au Programme d’action de Beijing aux Objectifs du Millénaire pour le développement. Nous avons transposé dans notre arsenal ces textes et nous efforçons de les mettre en pratique”, affirme Mme Dansoko, conseiller technique au ministère de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille.

ONU-Femmes va plus loin : “Nous aidons les femmes souhaitant exercer un mandat politique à développer leurs compétences et nous organisons des programmes d’éducation civique et de sensibilisation des électeurs à l’égalité des sexes. Nous soutenons les défenseurs de l’égalité des sexes en appelant les partis politiques, les gouvernements et d’autres parties prenantes à assumer leur part de responsabilité dans l’autonomisation des femmes”, disait sa secrétaire générale, lors de la dernière Journée panafricaine des femmes.

Pour Mme Dansoko au ministère de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, les actions à mener vont de la sensibilisation au soutien aux réformes, des soutiens techniques et financiers à la promotion d’une culture politique inclusive.

Pour Pr. Iba Ndiaye, enseignant chercheur, maître de conférences de l’enseignement traditionnel, il y a des défis qui sont communs à tous les acteurs politiques. “De façon générale, le défi est la faible connaissance de l’Etat et des institutions. On connait et on ne se reconnaît plus dans le chef du village et ses conseiller qu’au maire et au député”, affirme le professeur.

Il ajoute : “La plupart de nos textes sont d’inspiration française. Du coup, les femmes ne comprennent toujours pas. Même les formations se font en français”.

A son avis, la loi sur le quota “confine les femmes à évoluer dans un cadre limité. En termes d’être vecteur de changement social, nos sociétés ne sont pas dans des considérations telles que l’Etat moderne le veut, ce qui limite les femmes”, ajoute-t-il. Pour lui, “Si on regarde l’échiquier, ce sont les mêmes femmes qui sont devant depuis plus de 30 ans. Il faut un système pour changer cela”.

Pour Hamidou Doumbia, secrétaire général du parti Yéléma, “il y a cette tendance des hommes à vouloir marquer leurs territoires et notre société n’a pas encore accepté que la femme prenne tout le leadership. Il y a des avancées mais elles ont encore besoin d’être beaucoup plus persuasives. Tout dans notre société travaille à ne pas mettre la femme en confiance”.

Pour Moune Phan, juriste analyste, politicienne, spécialiste en géopolitique et géostratégie, relations internationales, présidente fondatrice de l’association Hope of Afrika international, présidente fondatrice du Think Thank (cercle de réflexions) Institut africain d’études politiques et stratégiques (IAEPS), pense que pour booster la participation des femmes en politique, il faut la loi 052 adopté en décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.

 

Des modules à l’école

“La loi 052 a suscité beaucoup d’espoir dans le milieu des organisations féminines et des organisations de défense des droits des femmes. Il faut aller davantage à sensibiliser et former la femme à s’intéresser à la vie politique et la gestion de la cité. Pourquoi ne pas mettre des modules dès l’école secondaire pour former et s’intéresser à la gestion de la cité car la politique c’est la gestion de la cité. Il faut une formation pour connaître le rôle de chacun ; aller prendre quelqu’un comme ça juste parce que c’est une femme non, c’est un gâchis, c’est à cela qu’il faut un bagage minimum de formation”, propose-t-elle.

Pour elle, le système éducatif malien doit être revu et cela ne se fait pas pour le moment. “On doit s’asseoir et revoir ses aspects. Avec la nouvelle génération, on doit penser à cela, l’amour de la patrie commence par là. On doit inculquer des valeurs et pousser les gens et la gent féminine à la politique depuis le secondaire, on ne doit pas attendre à ce qu’on atteigne un niveau ou stade avancé tel que l’apprentissage de la politique à l’université”.

Au-delà de l’école et autres, les femmes, à son avis, doivent être formées à la gestion de la cité.

“La 052, finalement, encourage en quelque sorte la médiocrité en ce sens où il faut fermer les yeux : on place cette femme dans une institution car c’est juste une femme nonobstant qu’elle n’a ni formation adéquate ou ni bagage intellectuel. Prenons un exemple : on prend deux hommes et une femme pour les élections municipales or cette femme n’a ni de bagage intellectuel qu’il faut, ni la compréhension des missions qui lui seront confiés”, dit-elle.

Aminata Yattara

Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les droits humains au Mali (JDH) et NED

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