Afin d’apporter son appui à l’organisation d’un scrutin apaisé et inclusif et profitant de son projet “Suivi, Analyse et Atténuation de la violence Électorale –EMAM“ financé par l’Union Européenne, Wanep-Mali a mis en place un dispositif de veille basé sur 150 observateurs déployés suivant une cartographie des zones à risques et couvrant 9 régions administratives et le District de Bamako.
La lecture de la déclaration de Wanep-Mali a eu lieu le lundi dernier à Bamako à la faveur d’un point de presse présidé par la présidente de la cellule de veille électorale, Mme Diarra Fatoumata Dembélé.
Dans sa déclaration, Wanep-Mali, s’est réjoui de constater que le gouvernement du Mali a pris des mesures fortes pour que les électeurs puissent accomplir leur devoir civique sans être exposés au Covid-19.
Cependant, les acteurs de Wanep déplorent quelques incidents qui sont souvent d’une importance majeure notamment l’enlèvement du chef de file de l’opposition avec son équipe de campagne le 25 mars 2020.
Ils regrettent que certains de ses observateurs n’ont pas été bien accueillis dans certains bureaux de vote : Tombouctou (3 cas), Mopti (1), Ségou (1) Bamako (1) et Kidal (3) pour des motifs passagers d’incompréhension et de difficultés de communication entre eux et les présidents de ces bureaux de vote.
Des observateurs de Wanep sur le terrain, 83 % d’entre eux ont remonté des rapports. Sur ce chiffre, 92 % des observateurs ont fait remarquer que les bureaux ont bien ouvert à 8h00 conformément à l’article 88 de la loi n°2016-048 du 17 octobre 2016 modifiée par la loi n°2018-014 du 23 avril 2018 portant loi électorale.
Le matériel électoral prévu par la loi était disponible dans 96 % des bureaux de vote couverts. Pour les autres cas, il a été constaté le manque de certains matériels électoraux du fait, par exemple, de leur enlèvement dans la Commune d’Amderamboukane où le vote n’a pu se tenir.
L’affluence des électeurs dans les bureaux de vote était faible selon les différents commentaires relayés par les observateurs de Wanep sur le terrain.
La participation des femmes est estimée entre 10 et 30 % des électeurs dans 30 % des bureaux de vote couverts, cette réponse est soutenue par 209 rapports d’observation.
11 % des rapports d’observation fait remarquer l’absence des forces de sécurité et de défense dans certains bureaux de vote de Ségou, Gao, Mopti et Koulikoro etc.
Sur l’ensemble des 150 observateurs déployés, 128 ont pu remonter des données relatives à la clôture dont 97 % ont clôturé à 18h00. Certains bureaux ont fermé avant 18h en raison de l’insécurité ou de l’absence de votants.
Pour 98 % des observateurs, les résultats ont été annoncés et affichés sur place après le dépouillement.
Les enveloppes de PV, tel que prévu par la loi, n’ont pas été scellées publiquement par exemple à Bamako (Badalabougou, dans le bureau de vote n°06 et à Sikasso (Wayerma A1, bureau n°01).
Des incidents et dysfonctionnements isolés ont été notés dans la région de Gao, cercle de Gao, centre de vote de Farandjiré, bureau N°04, les carte d’électeurs présentes dans le bureau étaient celles de la région de Mopti.
Dans la région de Mopti, cercle de Youwarou, Commune de N’dodjiga, une cinquantaine de bureaux de vote de la Commune n’ont pas ouvert suite à des menaces proférées par les groupes extrémistes violents. C’est aussi le cas des Communes de Kounary et Bassiro (arrondissement de Fatoma dans la même région). Les populations desdites communes, sur dérogation du Sous-préfet, ont pu voter dans des bureaux déplacés à Fatoma.
A Diankabou, cercle de Koro, région de Mopti, aucun matériel électoral n’a pu être acheminé empêchant le vote d’avoir lieu.
A Banamba, dans la région de Koulikoro, village de Dougouwolofila, un candidat d’un parti s’est introduit dans un bureau de vote pour s’adresser à ses adversaires entrainant un attroupement.
A Bih, cercle de Koro, région de Mopti, les bureaux de vote avaient été ouverts aux heures indiquées. Cependant, suite à des menaces, les agents électoraux ont fermé et se sont repliés à Kiri, à environ 15 km de Koro, avec le matériel de vote.
A Karkamba, cercle de Koro, région de Mopti, une coalition de partis politiques a tenté d’effectuer une distribution de matériels électriques aux populations du village indiqué. Ce geste qui s’apparente un acte de campagne a amené leurs adversaires à leur retirer le matériel en question. Une médiation des sages du village a permis de résoudre le différend.
A Koulikoro, un candidat a fait rassembler les cartes d’électeur de plusieurs personnes pour transférer leur bureau de vote à Bamako et, en réaction, des jeunes de la localité ont proféré des menaces ; ce qui a empêché les personnes concernées de voter.
A Gao, des cas d’achat de conscience ont été signalés : des cartes d’électeurs frauduleusement enlevées ont permis de faire voter des individus dans le centre de vote de Gadeye.
Des tentatives de votes multiples ont été empêchées occasionnant une tension entre les sympathisants de candidats à Dougouwolofila dans le cercle de Banamba.
A Dougouwolofila (Banamba, région de Koulikoro) : un candidat a tenté de s’emparer de l’urne par la force l’intervention du Sous-préfet a permis de clore l’incident, le procès-verbal n’a pas été établi à Sikasso (Ecole Wayerma A1) dans le bureau de vote n°1.
Enfin, à l’école fondamentale de Koulouba (Commune 3 de Bamako) la liste d’émargement n’a pas été signée par tous les membres du bureau de vote n°01.
Cependant, à la lumière de tout ce qui précède de ces élections législatives tenues le dimanche 29 mars, la cellule de veille électorale de Wanep-Mali préconise au gouvernement d’œuvrer à la création d’un meilleur climat favorable au dialogue et à la bonne tenue de toutes les consultations électorales, prendre les dispositions requises pour faire face à une éventuelle montée de la contamination au Covid-19, prendre en compte dans la mesure du possible les requêtes formulées par les acteurs politiques et de la société civile et assurer la présence effective de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.
Ibrahima Ndiaye
LES MALIENS FACE AU COVID-19
Panique suscitée par les réseaux sociaux
Le Coronavirus est maintenant une réalité au Mali. “Je ne croyais pas que le Mali soit épargné. On devait s’y attendre. Mais, nos hôpitaux ne sont pas équipés. Je me demande comment on fera à face à cette situation”, s’interroge Moussa Baro.
L’automédication est devenue le quotidien au Mali, au point que les produits adoubés par les réseaux sociaux ont vu leur prix explosé. Il s’agit de la nivaquine, de la chloroquine, de l’ail… L’ail, dont le kilo était à 1 000 F CFA, prix plafond, est cédé aujourd’hui à 8500 F CFA. “Peu m’importe le prix tant que je serai à l’abri de ce virus malveillant, je ne compte pas ce que je dépense”, se justifie A.C., déterminé à prendre toutes les dispositions pour se protéger.
Coronavirus est le sujet de toutes les discussions sur tous les réseaux sociaux. Alors au lieu de se contenter de rassurer, de donner des informations, les réseaux sociaux suscitent la panique.
Oumou Fofana
DEGATS COLLATERAUX DU COVID–19
Des spéculateurs font monter le prix du sucre
Dans les marchés de Bamako, le prix du sucre observe une augmentation spectaculaire. La raison : l’état d’urgence sanitaire, qui crée une panique et empêche la libre circulation des personnes.
Auparavant, c’est uniquement à la veille du mois de Ramadan que les prix des produits alimentaire augmentaient, précisément le prix du sucre. Cette année un changement inattendu est survenu avec l’apparition de la pandémie du Coronavirus. Beaucoup de commerçants profitent de cette crise pour en tirer profit. Ils augmentent les prix et ont comme prétexte : “les frontières sont fermées”. Depuis au moins une semaine, le sucre, au lieu d’être vendu à 500 F C FA le Kilo, est cédé à 550 F, voire 600 F CFA dans certaines boutiques de la place et cela devient un grand poids pour les citoyens, car le sucre étant un des produits les plus consommés.
Au marché de Magnambougou, un grossiste, sous anonymat explique les raisons de cette augmentation, il affirme qu’ “avec cette crise, on ne peut pas s’attendre à ce que le prix de nos produits baissent, sauf si l’Etat met en place des mesures d’accompagnements. Avec la fermeture des frontières, beaucoup de nos marchandises sont en retard. A cause du Covid-19 aussi, les clients se font rares et nous aussi on a des bouches à nourrir”.
Au Mali, il y’a deux variétés de sucre, celui produit par le Mali connu sous le nom de “Mali-Sucre” et celui exporté de la Chine, blanc et raffiné.
Cette année, explique-t-il, le sucre exporté a connu une augmentation de 21 500 F à 24 500 F par sac et celui produit par le Mali est vendu à 19 000 F CFA le sac.
Dans le même quartier à Mangnambougou, un boutiquier de la place explique que lui, de son côté donne toujours le sucre au même prix, car son stock n’est pas encore épuisé. Selon lui, cette augmentation est non seulement due à la crise sanitaire, mais aussi au fait que le mois de Ramadan pointe à l’horizon. “C’est vrai que la plupart des commerçants utilisent le Covid-19 comme excuse pour augmenter le prix des marchandises, même ceux qui sont déjà dans les stocks. Avec le Ramadan aussi qui approche, ils font exprès de changer le prix du sucre et attendent jusqu’à quelques jours du Ramadan pour venir dire que les prix ont baissés. Déjà que le Ramadan est un mois béni, au lieu de vendre les produits à un prix raisonnable pour avoir la pitié de Dieu, d’autres font de l’escroquerie”, explique-t-il.
Du côté de la population, c’est un cri de cœur qui a été lancé à l’encontre des hautes autorités pour prendre des dispositions urgentes sur le prix du sucre.
Hamady Sow
Ahmed Sagara
(stagiaires)