Le parti des abeilles sort de deux campanes électorales extrêmement éprouvantes, les présidentielles et les législatives où il a perdu du terrain, laminé d’abord par Ibrahim Boubacar Keita, le candidat du RPM et l’URD de Soumaïla Cissé qui l’ont relégué en troisième position, ensuite face à ces mêmes partis qui l’ont renvoyé à ses classes en troisième position de l’échiquier politique national, après une hégémonie quasi ininterrompue qui a duré plus de vingt ans.
En proie à des turbulences irrépressibles, l’Alliance pour la Démocratie au Mali, parti Africain pour la démocratie et la Justice, a besoin de la main magnanime, que dis-je, charitable du président Ibrahim Boubacar Keita, pour figurer au gouvernement, afin de se donner les meilleures chances de rebondir et d’exister à nouveau. Sans quoi, avec les périls qui pointent au sein de son comité exécutif en proie actuellement à des dissensions mortelles, sa survie en tant que parti significatif de l’échiquier politique malien n’est pas assurée. Il faut dire que le deuxième vice-président, l’actuel président par intérim du parti a mis du sien par son autoritarisme et sa propension à faire cavalier seul par rapport à certaines décisions ou rendez-vous politiques relevant de la collégialité.
Ce sont ces manières cavalières, comme ce rendez-vous extrêmement important avec Koulouba où il s’est rendu seul qui a fait déborder le vase. A la suite de cet impair il a été violemment pris à partie et mis en minorité autant par les Amazones, les femmes du parti, que par ses pairs du Comité Exécutifs ulcérés. Il y a désormais un risque d’implosion, s’il veut se maintenir à tout prix à la tête de l’Adéma. En ce sens, le prochain congrès sera celui de tous les dangers.
De source sûre, on sait le président Ibrahim Boubacar Keita sensible aux malheurs de ce parti qu’il porte encore dans son cœur, malgré toutes les vicissitudes qu’il y a connues et les humiliations qu’on a voulu lui faire subir alors qu’il en était le président prétendant à la succession d’Alpha Oumar Konaré. Sa mansuétude envers lui est également due au fait qu’il a gardé de très bonnes relations avec la majorité du staff du parti dont certains y vont du frère à l’ami ou au tonton, pour les plus jeunes, avec lui. Bref, IBK n’a plus de contentieux avec les dirigeants du parti qui regorge encore de cadres compétents et d’une moralité irréprochable, mais mis sous l’éteignoir dans la Ruche. IBK a eu raison de faire confiance à deux hauts cadres de ce parti que sont Fily Bouaré, ministre de l’Economie et Moustaph Dicko en charge de l’Enseignement supérieur, pour ne citer que ceux-là, deux compétences avérées qui ont fait honneur à leur rang dans le gouvernement Tatam Ly.
S’il est évident que le RPM manque cruellement de cadres de haut niveau qui ont fait leurs preuves dans tous les domaines, il est tout aussi évident qu’IBK ne peut se passer de l’expertise de son ancien parti plus que rompu aux affaires publiques depuis plus de vingt ans. C’est pourquoi, très certainement l’Adéma aura encore un rôle significatif à jouer dans la majorité présidentielle et dans l’accompagnement du projet de société d’IBK.
Oumar Coulibaly