Après la mise en place du gouvernement d’union nationale représentant toutes les sensibilités sociopolitiques, il reste à minorer les petits conflits relatifs à la gestion du pouvoir pour que les autorités s’attaquent rapidement aux dossiers « chauds » de l’heure. En tout cas, compte tenu de cette accalmie, même apparente, c’est le moment ou jamais de ne pas donner raison à l’autre qui clame que « la classe politique malienne est incapable de s’entendre ».
Armes politiques des détracteurs : plaintes, contestations, protestations…
Certaines forces vives de la Nation ont démontré qu’elles n’existent que pour entretenir et préserver des intérêts personnels et partisans au détriment de ceux du pays, du moins si l’on se réfère à leurs multiples plaintes, contestations et protestations dont elles s’étaient servies armes politiques avant de se contredire. Et ce n’est pas la CSM de Moussa Mara qui dira le contraire, encore moins le président de la COPAM, Hamadoun Amion Guindo, qui avait même confié au journal « Les Echos » qu’il trouve « excessive » la taille du gouvernement d’union nationale, et que si cela ne tenait qu’à lui, il ne devait pas dépasser une vingtaine de ministères au maximum. Mais si la COPAM avait trouvé « excessive » la taille du gouvernement, pourquoi n’a-t-elle pas renoncé aux deux postes qu’elle occupe dans ce gouvernement ? La COPAM est donc mal placée pour formuler une quelconque critique à l’encontre du gouvernement II de Cheick Modibo Diarra. Et que le Premier ministre fasse plaisir à X ou à Y, la COPAM est mal placée pour le dire tant qu’elle restera dans le nouveau gouvernement. N’est-ce pas elle qui a exigé l’organisation de concertations nationales avant la mise en place de ce gouvernement ? Pourtant, la COPAM n’a pas décliné l’offre de participer au gouvernement, quitte à ce que lesdites concertations nationales suivent après. Et c’est ce retournement de veste de la COPAM qui fut à la base de son divorce d’avec le MP-22. Et que dire du COREN qui se plaignait de ne pas voir un Sonrhaï dans le gouvernement, alors qu’une de ses réclamations devait plutôt être d’exhorter n’importe quel gouvernement à la libération du nord, une des missions qui est sa raison d’être ? Quant au FDR, il garderait de longues dents contre le Premier ministre pour n’avoir pas obtenu son limogeage de la Primature et ne le verrait toujours pas d’un bon à cause de la nomination de conseillers spéciaux par ce dernier. Pourtant, le Premier ministre n’a pas transcendé la loi en la matière.
Pas de gouvernement d’union nationale bis !
Nous avons cherché à savoir si la loi autorise la nomination, par le Premier ministre, de conseillers spéciaux avec rang de ministres. Contre toute attente, nous avons appris l’existence du Décret N° 2012 qui fixe l’organisation de la Primature selon lequel le Chef du gouvernement peut nommer un ou plusieurs conseillers spéciaux chargés de questions particulières relevant de son autorité directe et bénéficiant d’un statut déterminé de par leur acte de nomination. Partant de cet aspect, il ne s’agit nullement de la création d’un gouvernement bis par le Premier ministre, mais plutôt d’une question de compétence et de confiance qu’il éprouve à l’endroit des deux ministres Sadio Lamine Sow et Hamadoun Touré qui auraient quitté le gouvernement à cause de certains « faucons » de la politique qui ne voulaient pas les voir, même en peinture. Quoi donc de plus normal que le Premier ministre récupère ses éléments en qui il n’a pas perdu confiance, surtout que les textes l’autorisent ? Il est évident que ceux qui haussent aujourd’hui le ton face à la nomination de ces deux conseillers n’allaient pas non plus « cracher » sur l’occasion s’ils avaient bénéficié du même privilège ou de la même opportunité.
Des postes ministériels aux dépens de la paix au Mali ?
Lorsque le Président de la République avait demandé aux partis et regroupements politiques de remettre leurs CV au Premier ministre, combien de dossiers ont été transmis ? Plus de 800 CV pour 13 ministres à nommer. Etant demandeur de l’ouverture du gouvernement et étant dépositaire de CV par voie parallèle, le FDR doit garder profile bas et accompagner maintenant le processus de transition. Comme nous l’avons toujours évoqué, le danger serait ôte toi d’ici que je m’y mette. La gestion publique n’est pas un partage de gâteau. Etant dans ou dehors du gouvernement, chaque fils du pays peut apporter sa pierre à la construction de l’édifice national à travers des propositions constructives. Les critiques stériles encore en cours tiennent beaucoup plus à des questions de place qu’autre chose. Tout le monde ne peut pas figurer dans un gouvernement. Les débats inutiles nous ramènent en arrière. Donnons la main et taisons les bisbilles politiques afin de permettre aux ministres commis à la tâche de faire face aux dossiers brûlants de l’heure.
Oumar Diakité
Accueil Politique