Nouveau bureau politique du RPM: le quota des femmes est-il oublié ?

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Les militants du RPM (photo archives)

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu, le week-end dernier, au Palais de la culture, les assises de son 4è congrès ordinaire, couplé au 3è congrès ordinaire de l’Union des femmes du parti. Après plusieurs heures de transactions, un nouveau bureau est finalement mis en place avec 81 membres dont seulement 13 femmes.

Un accouchement douloureux et moins avantageux pour les femmes du parti du tisserand, qui filent pourtant de la bonne laine à travers leur détermination.

S’il y a un point noir dans la réussite fabuleuse du 4è congrès des Tisserands, c’est bien cette faible représentativité des femmes dans le nouveau bureau de ce parti politique dont le désormais ancien président fondateur ne cesse d’afficher sa bonne volonté dans la lutte acharnée pour la promotion des femmes. Pour preuve: depuis l’avènement de la démocratie au Mali, le président IBK est le premier à promulguer une loi qui donne à la femme tous ces droits. Il s’agit notamment de la loi instituant des mesures pour la promotion du genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.

En effet, l’article 3 de cette Loi stipule : « pour les élections législatives et locales, si deux candidatures de même sexe sont inscrites, que le troisième doit être de l’autre sexe».
La Loi va plus loin en indiquant que sur toute liste de candidature comportant deux places, chaque sexe doit être représenté. Et que pour la composition des organes exécutifs des collectivités territoriales, aucun sexe ne pourra être représenté à plus de 70%.

Malgré tout, les tisserands ont décidé de tisser leurs étoffes en octroyant seulement 13 postes à ces battantes femmes, indispensables pour filer de la bonne laine. Une surprise qui a indigné bon nombreux de femmes au sein du parti d’abord, et des responsables des organisations de défense de droit des femmes qui ne s’attendaient à pas cette faible signification de la présence des femmes dans le BPN/RPM. En tout cas, pour qui connait l’engagement du président IBK pour les femmes, ce bureau ne reflète pas ses plaidoiries en faveur des femmes, à chaque évènement de la nation. L’on se souvient encore de ses mises en gardes à propos de ladite loi à l’égard des petits «imprudents » provocateurs qui croyaient que cette loi est une véritable dérive de nos us et coutumes.

«Je vais vous dire quelque chose aujourd’hui, la femme est très importante pour moi. Car, elle est indispensable dans la vie de chaque homme. C’est elle qui veille sur notre bien-être depuis le bas-âge. Elle ne dort pas si l’enfant ne dort pas. Elle ramasse les pots cassés des bêtises de son enfant. Il n’est pas rare d’entendre certains pères de traiter leurs progénitures d’enfants de mauvaises femmes. En un mot, la femme est le plier de la société. Cette loi, je vais la promulguer avec plaisir pour rendre aux femmes l’honneur qui leur revient », a-t-il dit, sans ambages. Mieux, selon certaines indiscrétions, proches du parti, l’ancien tisserand en chef rejetterait toute proposition de nomination qui ne respecterait pas le genre, c’est—dire, un nombre conséquent de femmes. Mais malgré cette conviction mainte fois affichée du président IBK, son parti a semblablement mis aux oubliettes les valeurs attribuées aux femmes par des idéaux du parti. Du coup, elles se sont senties mises à l’écart. Ce qui a provoqué des remous entre tisserands et productrices de laines.

Cette attitude des tisserands fait dire à certains observateurs que cette loi n’est qu’une affaire de femmes du Mali et non des ténors de la politique malienne.
Alimata Diarra, enseignante et fervente militante du RPM à Sabalibougou dénonce ce taux très réduit des femmes au sein du bureau.

«Les femmes doivent provoquer une rencontre avec le nouveau président du parti, pour qu’il revoie à la hausse le nombre des femmes au sein du bureau. Mme la ministre qui est vice-présidente du BPN/RPM doit les obliger à respecter le quota des 30%. Nous ne sommes pas d’accord. Il faut faire quelque chose », a-t-elle dit.

Cette réaction atteste que le non-respect de la fameuse loi dans la mise en place du BPN-RPM est perçu comme le nez au milieu du visage.

Et pourtant, ce congrès devrait être une occasion pour les nouveaux responsables du parti RPM de prouver à l’opinion publique que leurs actions vont toujours s’inscrire dans la poursuite des aspirations de leur président fondateur, IBK.

Signalons que les femmes politiques au Mali, à l’instar de tous les pays africains, sont des piliers importants de la société et actrices incontournables lors des élections. Mieux, malgré leur poids démographique, les femmes peinent à se faire une place de choix dans l’arène politique et sociale, en raison des très fortes contraintes sociales, économiques et culturelles.

Par Christelle KONE

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