Lundi dernier, le Premier ministre aux pleins pouvoirs, Cheick Modibo Diarra, aurait été arrêté chez lui par une vingtaine de militaires et amené à Kati, siège de la junte, où il aurait été contraint à présenter sa démission. Personne n’a protesté, ni réagi, pleuré. Pourtant, il s’agit bien d’actes, illégaux dont le pays peut aisément se passer en ces périodes d’incertitudes. Dès le lendemain de ce coup de force inattendu, il sera remplacé par un homme de l’ombre.
Avec ses pleins pouvoirs, il se croyait tout puissant et inamovible. Quand certains lui ont demandé de démissionner, il a déclaré ne pas savoir à qui remettre sa lettre de démission. Etant toujours dans les airs, il se croyait investi d’un pouvoir surnaturel. Il, c’est le prétendu navigateur interplanétaire, Cheick Modibo Diarra, brutalement ramené sur Terre par la réalité d’un pouvoir contre nature. Tôt le mardi dernier, il a publiquement annoncé sa démission sur les ondes d’une télévision publique qu’il se plaisait à instrumentaliser et à monopoliser.
Pour l’heure, personne ne le regrette ni ne le pleure. Même pas ses amis conseillers spéciaux avec rang de ministre ou encore ses complices dans l’organisation de concertations nationales qui devaient aboutir à un chaos généralisé qui lui permettrait de se débarrasser définitivement de ses adversaires et détracteurs. En effet, selon certaines indiscrétions, avant d’être contraint à la démission, on lui a montré les preuves du plan machiavélique qu’il avait conçu pour faire des concertations nationales une source de vives tensions et d’instabilité sociale. Les faux participants qui devaient exacerber les débats, les slogans qui devaient enflammer les foules, les différents contacts pris afin de réitérer le scénario du 21 mai qui a vu l’agression du président de la République.
Je et moi
Personne n’a pleuré le Premier ministre déchu. Pourtant, il y a peu, Cheick Modibo Diarra déclarait à une autorité française que si jamais on l’empêchait de se présenter à la prochaine présidentielle, au moins cinq cent mille personnes mettraient le pays à feu et à sang. L’homme a dû déchanter quand il a été proprement embarqué chez lui, puis contraint de débarrasser le plancher, parce que personne n’a battu le pavé pour réclamer son retour. Cette leçon va-t-elle désormais lui permettre d’oublier son comportement égotiste ponctué de « je » et de « moi » ? Rien n’est moins sûr. Même lorsque toute honte bue, il a dû se résigner à présenter sa démission au président de la République, le réflexe du « moi Cheick Modibo Diarra » était là.
Bref, bon débarras se sont dit les forces vives de la nation, la transition peut maintenant commencer. Avec qui ? En premier lieu, le président de la République par intérim. Longtemps consigné aux seconds rôles par un Premier ministre imbu de ses pleins pouvoirs mal compris, Dioncounda Traoré n’a pas perdu de temps pour dénicher un nouveau chef de gouvernement à constituer. Alors que pendant toute la journée du mardi les supputations et spéculations allaient bon train sur le choix de Malick Coulibaly, ancien ministre de la justice, Tiénan Coulibaly, ex ministre des finances, et Michel Sidibé, chef de l’Onu-Sida, le président de la République choisit Diango Cissoko. Si le nouveau Premier ministre est connu du grand public pour avoir été le médiateur de la République, certains n’ont sans doute pas oublié qu’il a été le secrétaire général de deux présidents déchus.
Le premier est le général Moussa Traoré, renversé par une révolte populaire le 26 mars 1991. Le second est le général Amadou Toumani Touré, renversé par une mutinerie de la troupe. Bien sûr, ce n’est pas à la faute de Dinago même s’il était censé bien encadrer. Les généraux Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, trop imbus de leur grade de général, n’étaient pas des hommes à écouter les conseils d’un civil, fut-il haut commis de l’Etat, administrateur et juriste chevronné. Toujours est-il que Diango Cissoko s’est trouvé à deux reprises au mauvais endroit et au mauvais moment.
Y’Aura-t-il une troisième fois ? En tout cas, la communauté internationale ne veut ni ne peut plus sentir les putschs. Certains pays comme les Etats-unis, pour aider le Mali à sortir du tunnel, exigent depuis un certain temps des institutions légales et légitimes issues d’élections libres et crédibles. A Dioncounda Traoré, président par défaut, il est donc exigé, au cours de la transition, d’organiser une élection présidentielle libre et transparente, même si elle devait se faire sans la libération des régions du nord, pour parer le nouveau président de la légalité constitutionnelle et de la légitimité populaire. Mais ces atours sont-ils suffisamment protecteur dans ce pays tourmenté par des intérêts inavoués ?
Libérer le nord
Non en ce qui concerne les généraux Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, tous deux renversés, respectivement le 26 mars 1991 et le 22 mars 2012, par les forces armées et de sécurité. Non également en ce qui concerne le président Dioncounda Traoré sauvagement agressé dans son palais par des individus qui n’étaient pas tous des civils. Mais non aussi en ce qui concerne le désormais ex-Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, qui, le 10 décembre 2012 a été enlevé dans son domicile avant d’être contraint à la démission. Que personne ne le pleure ou ne le regrette, cela est compréhensible au vu de sa gestion catastrophique du pays.
Mais que cela soit du fait d’une junte qu’on croyait dissoute et qui n’a plus rien à faire dans la conduite des affaires publiques est assez lamentable pour un pays qui avait amorcé son processus démocratique. Les missions de l’armée se situent ailleurs, sur un autre terrain. En l’occurrence la ligne de front. Ce que le peuple malien attend d’elle, ce n’est pas de jouer aux policiers ou aux gendarmes, mais de faire ce qu’elle a promis de faire quand elle a pris le pouvoir le 22 mars : se lancer dans la reconquête des régions du nord et de laisser la politique aux politiques. C’est d’ailleurs pour cela que la communauté internationale a condamné ce coup d’Etat, qui ne dit pas son nom, contre Cheick Modibo Diarra, et demande aux forces armées et de sécurité de ne plus interférer dans la sphère politique. il y va du bien du Mali.
Cheick Tandina
Bonjour,
Pour être stable, un gouvernement d’union nationale nécessite un ÉQUILIBRE entre les différentes sensibilités en incluant toutes les forces vives de la nation sans oublier la société civile.
L’INDISPENSABLE SOUTIEN de tous les Maliens dépendra de cet équilibre.
Aidé par un Président conciliant et fédérateur, compte-tenu des enjeux, en homme de loi, aimant la justice et la médiation, le nouveau premier Ministre, Giango Cissoko, saura-t-il réaliser efficacement cette première vraie médiation publique, à travers la constitution du gouvernement d’union nationale, pour sortir, DURABLEMENT, le Mali de cette crise ?
Espérons-le.
Bon courage et bonne médiation pour une vraie union des Maliens.
Bien cordialement
Dr ANASSER AG RHISSA
EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
E-mail: Webanassant@yahoo.com
Le prétendu navigateur interplanétaire???? Respectez au moins le savoir car elle est la valeur sure de ce monde bas!!! Il s´est pas proclamé navigateur mais grace aux travausx qu´il a realisé.. On peut quand lui accorder cela meme s´il a echoue en politique…
vive lajunte, felicitation mon capitaine,mon colonel, mon adjudant chef.nous sommes avec vous, car vous etes des vrais patriotes. Ne regardez pas derriere, pensez aussi a faire vite pour liberer le nord.
Le lièvre et la tortue
Lancé sur orbite le 17 avril 2012 après signature d’un accord cadre entre la junte militaire de Kati et la Cedeao devant permettre le retour à l’ordre constitutionnel normal au Mali après le coup d’état du 22 mars, l’ancien premier ministre Cheick Modibo Diarra, a été forcé de démissionner dans la nuit du 11 au 12 décembre 2012.
Cette malheureuse et rocambolesque épisode du feuilleton malien est l’épilogue d’un bras de fer inutile et inopportun au sommet d’un état malade, souvent polissé mais réel et permanent entre un premier ministre “pleins pouvoirs” anticonstitutionnellement nommé, et un président par intérim particulièrement impopulaire d’un retour difficile à l’ordre constitutionnel dans un pays très pauvre, illettré, attaqué de partout et presque sans défense.
Dur dur d’être le Mali!
“Libérer les régions nord du pays et organiser les élections générales” voilà les deux missions assignées à CMD et à son gouvernement, mais ni l’une ni l’autre n’a jamais eu le début de solution, pourquoi?
Tout d’abord le couple exécutif malien (Dioncounda, CMD) n’a jamais reçu à danser le Tango malien de sortie de crise.
CMD, au début, très proche de la junte dont il s’accommodait parfaitement les agissements d’empiètements sur sa transition “pleins pouvoirs”, n’a pas été assez ferme non seulement lors du passage à tabac du Président Dioncounda, mais aussi pendant les multiples arrestations extrajudiciaires voire des agressions injustifiées et intolérables de la Gestapo de Kati sur les politiques, les journalistes et d’autres citoyens ordinaires.
Cette stratégie d’endossement de ses “pleins pouvoirs” aux caprices d’une junte militaire avide de pouvoir, dans le but de les voir consolider, a permis, à CMD, d’être aux petits soins de Kati (loi d’amnistie, loi de transformation du Cnrdre et non sa dissolution comme réclamée par la communauté internationale et la Cedeao, confiance renouvelée à l’armée malienne quand cette même Cedeao veut sécuriser les institutions à Bamako par les troupes étrangères ).
Ce rapprochement avec la junte, destiné, à court terme, à consolider son pouvoir dans la transition face à un Dioncounda affaibli à l’extrême, va par contre fragiliser CMD sur le plan international, au fil des mois, où il est désormais vu dans les chancelleries occidentales comme un problème et un blocage aux efforts de la Cedeao pour la restauration de la démocratie et pour une éventuelle intervention militaire étrangère.
CMD était tellement perçu comme l’homme de Kati à tel point il était carrément ignoré dans les sommets à répétition de la Cedeao qui lui préférerait Dioncounda.
Flanqué des ministres régaliens Cnrdre (défense, sécurité, administration territoriale), CMD était constamment à porte à faux avec Dioncounda (durée de transition, intervention militaire étrangère, négociation, concertations nationales…) à point que le Tango malien faisait plutôt “coupé décalé”.
Les prémisses de la fragilisation internationale, amènent au contraire CMD à s’accrocher et à s’affirmer davantage (son gouvernement travaille à mettre le Mali à l’abris de la cessation des paiements malgré la suspension de la coopération internationale, il envisage de faire l’audit des services publics, traque les faux diplômes de la fonction publique, multiplie les voyages hors du Mali, les nominations, les communiqués de condamnation…)
La politique d’affirmation va jusqu’à planer le doute sur sa participation personnelle comme candidat aux futures élections que son gouvernement peine plutôt à organiser.
Le ministre Cnrdre de l’administration territoriale, le Colonelissime Moussa Sinko Coulibaly, a du mal à cacher son embarras quand à la candidature de CMD aux futures élections.
Ça sent la fissure avec la junte, auparavant prise au dépourvu parce que CMD ne sait pas à qui “donner sa démission”, Kati se sent de plus en plus petit face l’astrophysicien.
De l’autre côté Dioncounda, qui a bien réfléchi au Pullman Montparnasse Hôtel à Paris pendant sa convalescence, sait qu’il n’a pas été trop aidé par le mouvement démocratique et son FDR, alors de retour au bercail, il tend la main à l’armée et à la junte, et lui réitère sa confiance au grand dam de la Cedeao qui ne comprend pas pourquoi quelqu’un avec une sécurité quasi nulle ne veut pas de troupes Cedeao à Bamako pour “sécuriser la transition”.
Mais face à un CMD quelque peu agité, affirmé et rapide, Dionconda joue la tortue et assure ses arrières.
Il n’hésite pas à proposer un haut conseil d’état pour bien intégrer la junte à un moment où son alliance avec CMD se fissure.
Il n’hésite pas à proposer une négociation triple choix pour rester proche de la médiation Cedeao menée de main de fer par le très controversé president burkinabé, Blaise Compaoré.
Il n’hésite pas à adhérer aux concertations nationales du Copam et du Mp22 à conditions qu’elles soient inclusives et constitutionnelles pour rester équidistant avec la classe politique et la société civile.
Au même moment CMD n’hésite même pas à Paris de proposer une consultation de l’assemblée nationale sur l’approbation d’une feuille de route de la transition (réclamée par la communauté internationale) apparemment sans en avoir parlé avec le président.
Et quand CMD va à Djamena pour parler intervention militaire avec fermeté et contrer Dioncounda parti à Niamey et qui adhère aux pourparlers de Ouaga, son directeur de cabinet ne reconnaît même pas Tieman Coulibaly, pourtant ministre des affaires étrangères du Mali, comme représentant du gouvernement malien, il représente plutôt Bamako.
Le “coupé décalé” bamakois bat donc son plein: “Calmement, calmement, on va s’envolement”.
Et en aucun moment CMD n’a pu croire que ces anciens alliés de la junte militaire qu’il a aidé à se légaliser dans un comité militaire de réforme…, vont aider son partenaire de Tango (Dioncounda) à gagner cette première course de la transition malienne contre lui, lui le lièvre interplanétaire.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point disait le poète!
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