Nomination de Modibo Keita : Grincement de dents au RPM

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Modibo Kéïta
Le nouveau PM Modibo Kéïta

Il faut dire que frustré par la nomination du président du parti Yélèma, Moussa Mara, comme Premier ministre, le Rassemblement pour le Mali (RPM) avait pris acte de cet acte du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Le RPM ne pouvait pas digérer le fait que leur mentor de président ait choisi un chef du gouvernement qui n’a qu’un seul député à l’Assemblée nationale.

Du coup pour les faucons du parti, IBK a fait fi des principes démocratiques qui exigent le respect du fait majoritaire. Et c’était le deuxième sale tour que le locataire de Koulouba venait de jouer à son parti qui détient la majorité absolue au parlement puisque son tout premier PM, Oumar Tatam Ly, n’était même pas politique a fortiori RPM.

Cette fois-ci, IBK s’est encore moqué du RPM en plaçant sa confiance en un technocrate du nom de Modibo Kéita. L’homme qui était jusqu’à sa nomination, le Haut représentant du chef de l’Etat dans les négociations inter-maliennes à Alger, n’a pas de coloration politique.

Le nouveau Premier ministre est allé aujourd’hui à la rencontre d’un PRM blessé dans son amour propre. Ce dernier faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l’a dans un langage de diplomatie félicité à travers un communiqué signé par le chargé à la communication du BPN-RPM, Boubacar Touré alias Bou.

« Le président de la République, suite à la démission de Monsieur Moussa Mara et de son gouvernement, a nommé hier, 8 janvier 2015, Monsieur Modibo Keïta Premier ministre, chef du gouvernement. Soucieux du respect des principes républicains et de la légitimité démocratique, Son Excellence Modibo Keïta, Premier ministre, Chef du gouvernement a rencontré, ce vendredi 9 janvier 2014 à 10 heures, au siège du RPM, sis à l’Hippodrome, le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali (BPN-RPM) pour demander le soutien et l’accompagnement de notre parti. Le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali (BPN-RPM) a félicité le nouveau Premier ministre pour la haute confiance placée en lui par le président de la République. Il lui a assuré de son soutien total et son engagement en tant que parti majoritaire à tout mettre en œuvre pour la réussite de la mission à la tête du gouvernement. Le Premier ministre, Chef du gouvernement et le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali (BPN-RPM) se sont engagés à travailler en synergie en vue de concrétiser le programme du président du Président de la République ».

Mais pourquoi IBK fait-il tant le pied de nez à son parti qui est pourtant majoritaire à l’Assemblée nationale alors que lui-même a été témoin du genre de scénario au temps d’Alpha Oumar Konaré ? Alpha avait essayé au début de son mandat deux Premiers ministres à coloration technocrate en l’occurrence Younoussi Touré et Abdoulaye Sékou Sow. Il fallut que lui-même IBK, membre influent de l’Adéma, le parti majoritaire à l’Assemblée nationale, arrive à la la Primature pour stabiliser la situation. IBK ne semble pas avoir appris grand-chose de ce feuilleton ou il fait sciemment pour montrer aux faucons de son parti qu’il ne saurait se laisser dicter la loi par quelqu’un. « On ne me bouscule pas, on ne me trimbale pas », aime dire IBK.

Mais selon d’autres sources, le fait qu’IBK ne choisit pas un membre du RPM comme Premier ministre est dû au fait qu’il ne voit pas de cadre valable au sein du parti pouvant être à la dimension de la charge. Et si c’est vraiment le cas, disons que c’est triste pour le RPM.

En plaçant sa confiance à Modibo Kéita, comme Premier ministre, le président IBK a posé un acte politiquement incorrect. Pourquoi choisir un Premier ministre hors du parti ? « La démission du gouvernement Mara était une occasion pour le président de la République de nommer un membre du RPM comme Premier ministre », a expliqué un militant du RPM sous couvert de l’anonymat.

« Malgré ce déni, le président a fauté une deuxième fois en jetant son dévolu sur un Premier ministre vieillot de 73 ans. Modibo Kéita n’est pas de ce monde numérique, il est trop analogique. Le Malien d’aujourd’hui n’a pas besoin de l’abstrait alors que nous avons besoin du concret,  c’est du non sens », a-t-il ajouté.

De son coté, un proche l’ancien Premier ministre  a affirmé que ce dernier aurait voulu poursuivre, mais le président IBK a souhaité  changer de chef d’orchestre donnant  ainsi un nouveau souffle à son mandat.

 I YATTARA

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