Pour faire face à la demande sociale de plus en plus pressante, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta a procédé à la nomination d’un nouveau Premier ministre ce samedi 8 avril 2017. En l’occurrence, Abdoulaye Idrissa Maïga, en remplacement de Modibo Keïta, démissionnaire.
Depuis son accession au pouvoir en 2013, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta avait toujours gardé la carte de son parti, considérée comme la grosse artillerie. Après les 7 mois d’Oumar Tatam Ly, les 10 mois de Moussa Mara et les 2 ans de Modibo Keïta, la demande sociale demeure forte. Les débrayages des syndicats des secteurs de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur en cours a créé un malaise général au sein de la population malienne. Face à cette ébullition du front social, il fallait passer à la vitesse supérieure. Ainsi, le chef de l’Etat a sorti la grosse artillerie. Il est naturellement revenu à sa formation politique, le Rassemblement pour le Mali (RPM). Ce samedi 8 avril 2017, par décret n°0315/P-RM du 08 avril 2017, il a nommé le 1er vice-président du parti présidentiel comme Premier ministre. L’officialisation de cette nomination qui avait fait le tour de la ville comme une trainée de poudre a été accueillie en fanfare par le RPM, parti au pouvoir. Ce matin, c’était la fête chez les tisserands qui se disent désormais être véritablement au pouvoir maintenant. Pour beaucoup d’observateurs politiques, et même au sein du RPM, on estime que cette nomination est une récupération du pouvoir par le parti au pouvoir qui est longtemps resté en spectateur de la gestion du pouvoir de son mentor. Quand bien même il sera la première formation politique à défendre son bilan. A ce titre, expliquent-ils, le RPM mérite ce poste. C’est à lui maintenant de faire preuve de rigueur dans la gestion des affaires publiques afin de réconcilier le Président IBK avec le peuple qui doute aujourd’hui de sa capacité à satisfaire les besoins de la nation. 2018, c’est maintenant ? A travers cette nomination, les analystes politiques s’accordent à dire que la nouvelle équipe qui s’annonce sera un gouvernement de campagne pour 2018. Ils argumentent que le Président Keïta garde de bon souvenir du nouveau Premier ministre Maïga qui fut son directeur de campagne lors de la présidentielle de 2013. En plus, apprend-on, Abdoulaye Idrissa est réputé être un homme intègre qui ne mâche pas ses mots et il est politiquement irréprochable. Une qualité recherchée par IBK pour redorer son image auprès de la population en vue de briquer un second mandat en 2018. Aussi, le nouveau gouvernement devrait-il s’ouvrir aux groupes armés signataires de l’Accord de paix en vue de la consolidation du processus de réconciliation nationale qui a connu un tournant décisif avec la tenue récente de la Conférence d’entente nationale. En plus des qualités personnelles du nouveau promu, l’occupation de la Primature donne plus de confiance aux cadres du parti au pouvoir qui ont toujours réclamé ce poste. L’obligation de résultat s’impose pour la direction du parti présidentiel qui nourrissait déjà l’ambition de faire réélire IBK en 2018. En tout cas, pour réaliser cet objectif, la nouvelle équipe gouvernementale doit urgemment s’attaquer aux grands défis de l’heure. Car elle n’aura pas de délais de grâce. Il s’agit de la gestion des grèves des syndicats de la santé, de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Mais aussi et surtout la lancinante question de la sécurité. Notamment le redéploiement de l’armée malienne sur toute l’étendue du territoire afin d’assurer l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale. Condition indispensable à la réélection d’IBK. En clair, le temps joue contre le RPM d’IBK et son Premier ministre. Ils n’ont plus droit à l’erreur dans cette course contre la montre.
Le nouveau PM au siège du RPM
En attendant la passation de pouvoirs avec le Premier ministre sortant aujourd’hui, le nouveau chef du gouvernement a rencontré les siens hier matin. En moins de 24 heures, il a réservé en toute logique démocratique sa toute première visite à ses camarades du RPM. En camarade irréprochable et politique très scrupuleux du formalisme, il est venu au siège du parti pour rencontrer et échanger avec le Secrétariat permanent du RPM, a-t-on appris. L’objectif visé, indiquent nos sources, était d’associer le parti à la confiance et à la mission assignées au parti à travers sa modeste personne par le président de la République, et solliciter son accompagnement. Il nous revient qu’en l’absence du président du RPM, le Dr Bocary Tréta, en mission du parti en France, le 2ème vice-président, Nancouma Keïta, et le secrétaire général du parti, Me Baber Gano, entourés des principaux responsables du BPN-RPM dont Mamadou Diarrassouba ont, au nom du parti, félicité le camarade Abdoulaye Idrissa Maïga et l’ont rassuré du soutien total et l’accompagnement militant de l’ensemble des responsables, militants et cadres du parti. Avant de lui prodiguer des conseils et de lui faire des bénédictions pour la réussite de sa mission. Dans la même démarche de rassemblement de tous les fils du pays, Maïga n’exclut personne. Après la rencontre des cadres de son parti, il a rencontré les chefs de partis de la majorité présidentielle à leur siège, il s’est rendu également au siège de l’opposition où il a été reçu par le chef de file, Soumaïla Cissé.
Oumar KONATE
Encore une fois, cessez de divertir l’opinion. Ceux qui prétendent que le RPM a enfin le Pouvoir, disons que Le RPM serait en quelque sorte rentré dans ses droits savent qu’il ne suffit pas choisir un cadre du Parti. Peuvent-ils attester que le RPM, sa Direction a été consultée au préalable ? Que la Direction du RPM a été invitée à fournir au moins 3 propositions de PM et que celles ci ont fait l’objet de débats, ne serait ce qu’au sein du Secrétariat Permanent du BBN censé définir les profils requis pour les défis du moment? Sans réponse à ces question, le reste relève de la propagande, voire de l’intox. Je reconnais néanmoins que malgré tout le RPM est condamné à assumer les bilans de tous les PM, malgré lui bien sûr. Les alliés de 2013, eux n’auront certainement pas grand chose à assumer, ou du moins auront le libre choix d’assumer ou pas. C’est cela la triste réalité.
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