Le président de la République semble chercher à tout prix une sortie honorable à onze (11) mois de la fin de son dernier mandat. Faut-il le prendre au sérieux pour une fois dans sa volonté d’assainir la gestion de l’Etat ? Ce serait un quitus de trop pour une population exténuée par les actes posés par certains cadres et ministres des gouvernements successifs du régime en place.
Le pouvoir ATT ne mérite plus la confiance des Maliens, car il a été un pouvoir de tous les rendez vous manqués. Ce pouvoir peut-il réaliser en un an, ce qu’il n’a pas pu réaliser jusque là ? Rien n’est moins sûr, car en neuf (9) ans environ une somme, jamais égalée, de 423 milliards de F CFA, se seraient volatilisée des caisses de l’Etat, selon les rapports du Bureau du Vérificateur général et des autres structures de contrôle. Où était donc le général Amadou Toumani Touré destinataire final de tous ces rapports de contrôle ?
Si réellement, le président sortant voulait montrer pattes blanches aux Maliens, il ne devrait pas garder par devers lui et durant neuf (9) ans tous ces rapports de contrôle, qui incriminent de façon certaine les bandits à col blanc de notre Administration. Selon ses propres termes, il serait en possession de plus d’une centaine de rapports, qu’il s’apprêterait à envoyer aux services judiciaires.
Quel sort devrait-on alors réserver à Ahmed Diané Séméga, qui aurait dépensé 11 millions de FCFA en un seul jour en thé ; ainsi que l’ancien directeur administratif et financier du ministère de la Santé, accusé de détournements de fonds et qui dirige aujourd’hui une prestigieuse structure : l’Autorité de régulation des marchés publics rattaché à la primature ? Et cet autre ancien PDG de la SMPC, qui aurait mis sa société au rouge pour être ensuite bombardé diplomate en Tunisie par ATT. L’immeuble qui abritait ladite société aurait été cédé à vil prix à une haute personnalité du Mali.
La liste des scandales commis par les proches du président ATT est longue. Faut-il continuer à croire à ses mesures populistes ? Non. Il a laissé ses gens pillés les ressources financières de notre pays sans se sourciller.
Quant à l’armée et ses bidasses, elle reste une force tranquille car : «c’est l’armée qui m’a fait roi ; le destin aussi».
Durant tout son mandat, les porteurs d’uniforme tireront le maximum de profits. Mais hélas ! Ils ont bénéficié de promotion ou ont eu accès à des grades supérieurs sans toujours le mériter par affinité ou camaraderie. Ainsi l’armée malienne compte aujourd’hui trente (30) généraux et deux cent cinquante (250) colonels.
Enfin, s’agissant de la justice, monsieur le président n’ignore pas que la plupart des juges se sont servis de la mauvaise interprétation du droit pour tuer le droit. La justice n’a été aussi décriée que sous l’ère des démocrates. Cette situation a conduit très souvent à une vive réaction de la population contre les décisions de justice ; l’on rappelle que le président Alpha Oumar Konaré est sorti de sa réserve pour déclarer que : «la sécurité du juge résident dans le droit dit et bien dit». Un autre rappel, l’actuel procureur général de
la République avant sa nomination avait des comportements professionnels peu orthodoxes.
Voici un extrait d’une correspondance d’un juge de la commune VI : «Nous rappelons que si le Procureur de
la République à l’opportunité des poursuites et l’appréciation souveraine pour décerner ou non mandat de dépôt contre les personnes qu’il décide de poursuivre, il est également certain que ce magistrat débout n’est plus habilité à ordonner main levée de ses mandats ou à trouver des moyens de libérer ces prévenus détenus sans aucune décision du tribunal, chose qui pourrait constituer une faute professionnelle grave».
Malgré cette mise en garde du juge du tribunal de la commune VI contre les agissements du procureur général par intérim alors avocat général, il a été nommé procureur général de la République. Ainsi va le Mali d’ATT.
32 ministères pour dix directions financières et du matériel
L’épreuve de fin de mandat s’annonce dure pour le général Amadou Toumani Touré. Il laissera le 8 juin 2012 à 12 heures un Mali politiquement divisé, socialement pauvre dont la demande sociale est très forte, une jeunesse dynamique, désabusée mais surtout violente, économiquement dépendant de l’aide publique au développement. Le gouvernement Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, composé de trente deux (32) ministères, sera reparti entre dix (10) DFM, nous apprend-on.
Quant aux critères de nominations des DFM, ils dépendront du président de
la République. Dix (10) DFM pour trente deux (32) ministères cacheraient bien des intentions inavouées d’ATT. On peut s’attendre à un blocage administratif dans la gestion courante des affaires au niveau des ministères. Du coup, ces DFM deviendront des supers ministres et s’enrichiront plus que les anciens directeurs administratifs et financiers (DAF). Ce sera un autre festival des brigands.
Une occasion pour le président sortant de permettre à ses derniers protégés de prendre leur part du gâteau. Toute chose que la classe politique malienne doit combattre. A défaut d’une démission collective du gouvernement.
Safounè KOUMBA
NOMINATION DES CONSEILS TECHNIQUES ET CHARGES DE MISSION
ATT exige le dépôt de leur C.V sur son bureau
Après avoir abrogé, lors du conseil des ministres du mercredi dernier, les décrets portant nomination des directeurs des fiances et du matériel de tous les départements ministériels, le président de la République veut réduire les marges de ses ministres quant au choix de leurs collaborateurs. En effet, il exigerait d’eux le dépôt de leur curriculum vitae sur son bureau avant que le conseil des ministres ne donne son aval. Une mesure qui certainement lui permettra d’imposer ses hommes, restés à la touche depuis 2002, année de son élection.
Si cela devait arriver, les ministres politiques doivent rendre le tablier. Sauf s’ils sont guidés par le tube digestif.
Après avoir mesuré les dégâts qu’il a causés au pays par ses nominations scandaleuses, le général président réalise enfin, malheureusement à moins d’une année de la fin de son mandat, que la médiocrité érigée par ses soins en mode de gouvernance a atteint ses limites. Pourtant, tout le monde s’attendait qu’un jour ce système allait crouler, sauf ceux qui ont été parachutés à des postes à responsabilité dont leur cursus ne leur prédestinait pas.
L’arrivée du putschiste de mars 91, au pouvoir par la voie des urnes en 2002, avait suscité tant d’espoir que les Maliens et les partis politiques sans calcul lui ont fait allégeance. Mais au bout de quelques temps de gestion, c’était la désillusion totale. Le peuple malien ne se reconnaît plus dans ses slogans de campagne et dans ses actions.
Au lieu de travailler pour préverser les acquis démocratiques, au nom d’une prétendue réconciliation, le président Touré tend la perche aux caciques du parti unique dont certains sont jugés incontournables dans la marche du pays.
Autre point de frustration, les nominations. Elles n’ont jamais obéi aux textes. Les critères de compétente et de l’intégrité morale ont été sacrifiés sur l’autel du népotisme, du régionalisme, du militantisme. Les attestations de stage ou de séminaires ont été homologuées pour permettre à des parents, amis, proches et courtisans d’accéder à un poste juteux ou de gagner un marché d’appel d’offres. Aussi, a- t- on assisté à la nomination des cadres B comme conseillers et chargés de missions, alors que ces postes sont dévolus aux cadres A.
La liste de déception est loin d’être exhaustive.
Donc par ses nominations, ATT a mis le pays sens dessous dessus en encourageant la médiocrité en lieu et place de la compétence. Conséquences : la voix du Mali ne porte plus. Contrairement à certains pays voisins, notre pays est mal représenté dans les instances régionales. Plus grave, la perte souvent de certains des postes réservés à notre pays dans les organisations sous- régionales. Pour preuve, le poste de communication à
la BOAD demeure sans titulaire depuis le départ à la retraite du doyen Vincent Traoré. Au même moment, certains présidents se battent pour qu’un de leur concitoyen l’occupe. Leur argument : le Mali n’est pas intéressé.
Il y a aussi le cas du Haut- Commissaire de l’OMVS. Le Mauritanien, après avoir fini son mandat, la présidence de cette organisation devait venir à notre pays. Malheureusement, le Mauritanien est toujours. Allez ci savoir le pourquoi.
En demandant à ses ministres de déposer les dossiers de leurs conseillers sur sa table, ATT ne s’inscrit pas dans une logique du renouveau de l’action publique, mais de caser certains de ses amis chassés de la cour par des hommes de la 25ème heure. Pour leur nomination, il ne définit aucun critère. Contrairement aux directeurs des finances et du matériel. Donc, la nomination des conseillers techniques et chargés de mission dépendra de son bon vouloir. Avec cette volonté de tout voir et de tout faire, il arrivera que le cabinet de certains ministères ne sera que le grin de ATT.
Va- t- on vers un bras de fer entre ATT et ses ministres ? Rien n’est moins sûr pour qui connaît nos ministres, prêts à vendre leur âme au diable pour leurs intérêts égoïstes et haïssables. Le cas du ministre citoyen est encore dans les mémoires.
Yoro SOW