Les Niameyens proches de la résidence présidentielle, ont été réveillées par des crépitements d’armes. Une tentative de coup d’Etat rapidement circonscrite.
A deux jours du passage de témoin entre le nouveau président de la République démocratiquement élu, Mohamed Bazoum et son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, ce dernier a échappé à un coup d’Etat. Un putsch que tentaient de perpétrer des officiers en charge de la sécurité aérienne du pays.
Le mercredi 31 mars, entre 3 heures et 4 heures, 3 militaires de la sécurité aérienne à bord d’un Pick-up, ont perpétré des tirs nourris avec des armes légères en direction du palais présidentiel. Le commando armé avait pris position dans l’enceinte du ministère des Affaires étrangères situé à quelques encablures de la résidence du chef de l’Etat sortant. La garde présidentielle, le corps d’élite surtout le mieux équipé et armé du pays, visiblement resté sur sa garde, a riposté face aux assauts venus de nulle part. Les échanges de rafales n’ont pas duré longtemps avant que les tireurs embusqués baissent la garde.
A Niamey, certains parlent de 2 assaillants arrêtés sur place et plusieurs autres à la base aérienne. Le cerveau qui serait un capitaine de la sécurité aérienne n’aurait pas été retrouvé, d’aucuns le disent neutralisés (tué). Dans un communiqué lu dans la journée de mercredi à Télé Sahel (la télévision officielle), le gouvernement, par la voix de son porte-parole, a affirmé avoir déjoué une tentative de coup d’Etat tout en la condamnant, avant de la qualifier « de lâche et rétrograde », mettant en cause des gens « voulant mettre en péril la démocratie et l’Etat de droit…». Le porte-parole du gouvernement, Aboudourahamane Zakaria, a confirmé l’arrestation de plusieurs personnes en lien avec ce putsch et déclaré d’autres activement recherchées.
À la levée du jour, les activités ont repris leur cours normal. Selon un proche du président Mahamadou Issoufou, ce dernier comme l’ensemble de son gouvernement, l’administration publique aussi bien que les habitants de la capitale ont vaqué normalement à leurs occupations. Dans la matinée, le président sortant a présidé une cérémonie de prestation de serment de magistrats de la Cour constitutionnelle, avant de participer à une autre cérémonie dans l’après-midi, avec un dispositif sécuritaire qu’il n’a pas daigné varier.
Dans la ville, il n’y avait pas non plus de déploiement de forces de sécurité autre que celles chargées de veiller habituellement à la sécurité des populations en cette période d’attaques terroristes récurrentes.
Depuis la proclamation définitive des résultats de la présidentielle le 21 février, l’opposition est en froid avec le régime. L’ancien président de la République et candidat malheureux à l’élection à la magistrature suprême, Mahamane Ousmane et les siens avaient prévu hier des manifestations pacifiques à travers tout le pays. Cela en prélude de la cérémonie de passation de témoin. Aucun mouvement d’humeur venant d’eux n’a été finalement constaté hier.
Le Niger a connu dans son histoire une dizaine de coups d’Etat. Le changement de régime par la voie des urnes qui sera concrétisé aujourd’hui vendredi entre Mohamed Bazoum et Issoufou est une grande première dans la marche démocratique de ce pays.
Abdrahamane Dicko
(Envoyé spécial à Niamey)