Moussa Traoré et l’élection présidentielle de 2012 : Entre le gendre, le fils et les héritiers

0

De sa chute à maintenant, Moussa Traoré et sa famille avaient observé une distance avec la scène politique. Etait-ce une trêve dont la fin s’annonce ? Pour l’instant, le virus de la politique semble refaire surface dans l’entourage de l’ex dictateur. Les premiers symptômes sont là avec les ambitions présidentielles du gendre, Cheick Modibo Diarra et du fils aîné de l’ex-famille présidentielle, Cheick Bougadary Traoré. Conséquences : cette famille avec les bénédictions de Moussa et de son épouse, Mariam, se mobilise pour le gendre. Alors que Bougadary (l’enfant rebelle) semble décidé à se passer de l’onction paternelle. Du côté du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), un parti qui revendique, l’héritage de l’ancien président, c’est l’incompréhension face à toute l’agitation en cours dans la famille Traoré.

 

C’est presque une certitude pour l’élection présidentielle de 2012, le choix de Moussa Traoré n’est ni son fils aîné, Cheick Bougadary Traoré, ni éventuellement un candidat issu des rangs de ses héritiers regroupés au sein du MPR. En effet, l’ex-dictateur n’aurait pas attendu trop longtemps pour trancher entre son fils, ses héritiers et son gendre, Cheick Modibo Diarra, ancien navigateur inter planétaire à la Nasa. C’est ce dernier, qui, finalement, bénéficiera de tout le soutien de son beau père (Moussa Traoré). Au-delà, c’est toute la cour de l’ex famille présidentielle, qui sera mobilisée pour soutenir le…s décollage politique du navigateur. Celui-ci aurait déjà dans la famille une alliée, un apport de taille: l’ex impératrice, Mariam Traoré, qui nourrit l’ambition de voir le mari de sa première fille accéder à la magistrature suprême. Ambition noble et compréhensible! Et lorsque Mariam Traoré décide, point d’hésitation dans la cour …

 

Après avoir obtenu l’aval et le soutien de la belle famille, Cheick Modibo Diarra se prépare activement pour la course vers Koulouba. Longtemps, il avait été pressenti comme éventuel candidat du MPR. Mais il semble que de nombreux écueils pouvaient se dresser sur son chemin au niveau de ce parti. S’y ajoute que le Dr. Diarra n’a jamais milité dans ce parti.

 

Cheick Modibo Diarra : le navigateur sur la rampe

Alors, Cheick Modibo a décidé de créer son propre parti, le Rassemblement pour le développement du Mali (RDM). Selon nos sources, il n’attend plus que l’obtention de son récépissé. A partir de là, le navigateur inter planétaire pourra véritablement descendre dans l’arène politique. Une arène qu’il n’a du reste pas cesser de « survoler » depuis quelques mois, dans l’espoir de se présenter à l’élection présidentielle de 2012.

 

Que peut alors apporter l’ex couple présidentiel à celui qui est déjà présenté comme porte étendard de la famille? Moussa et Mariam pourront éventuellement mettre à sa disposition leur carnet d’adresse à l’intérieur et à l’extérieur du pays, même si Cheick Modibo Diarra, lui-même, s’est déjà établi une réputation mondiale. Mais le véritable problème pour le patron de Microsoft Afrique, malgré le soutien de sa belle famille, sera de réunir, autour de lui, les inconditionnels de Moussa Traoré ou au moins ce qui reste d’eux.

 

En effet, les questions fondamentales sont, aujourd’hui, de savoir si Moussa et Mariam disposent à présent de ressources (surtout humaines) pour faire élire leur favori ? Jusqu’où iront-ils dans leur soutien ? Leur soutien compensera t-il l’inexpérience politique du candidat ? Quelle sera, en retour, la vision de celui-ci par rapport à la gestion de Moussa Traoré ? Tout comme le MPR, tentera –t-il de défendre le bilan des 23 ans de règne de son beau-père ? Autant de questions qui vont peser dans la balance pour le Dr. Diarra. La « navigation » de sa candidature dépend fortement des réponses à y apporter.

Pour l’instant, l’ex-dictateur, après sa chute, a vu la dissolution de son parti, l’UDPM, dont les membres et les militants ont rejoint d’autres formations créées à l’avènement du multipartisme. C’est dire que Moussa ne pourra plus compter sur cet appareil qu’était l’UDPM, pour faire élire son gendre.

 

MPR : les héritiers abandonnés

S’y ajoute que nombre de partisans de Moussa Traoré avaient, sous la direction de l’intrépide Choguel Kokala Maïga, bravé les membres du Mouvement démocratique et créé le Mouvement patriotique pour le renouveau. Les héritiers de l’ex-dictateur avaient convergé vers ce parti, qui a toujours clamé haut et fort l’héritage de Moussa Traoré. Choguel et ses amis avaient même demandé la réhabilitation de l’ancien président. En vain.

Pour l’instant, au MPR, il n’y a pas de candidature déclarée pour l’élection présidentielle de 2012. Malgré tout, le choix de Moussa Traoré en faveur de Cheick Modibo Diarra, est perçu comme une « trahison ». En effet, des responsables du parti expriment, en privé, leur incompréhension face à toute « l’agitation en cours dans la famille (Traoré) ». En attendant une clarification de la part de GMT, ce qui parait peu probable, au sein du MPR, l’on ne compte guère aller dans le sens voulu par Moussa Traoré et ses proches. Et il se trouve que l’unité familiale est mise à rudes épreuves avec l’ambition politique affichée par le fils aîné de l’ancien président.

 

Cheick Bougadary, l’enfant rebelle

« Dieu ne m’a pas demandé si je voulais être le fils de Moussa… ». Ces propos tenus la semaine dernière par Cheick Bougadary Traoré, fils aîné de la famille, traduisent, à eux seuls, tout le malentendu (divergence ?) entre Moussa Traoré et son fils.

 

Au-delà, les rapports entre les deux hommes ont toujours été distants, voire difficiles selon certains proches de la famille.

En effet, Cheick Bougadary est issu d’un premier mariage de l’ancien président, alors qu’il n’était pas encore au pouvoir. Après le divorce de sa maman, le petit Cheick Bougadary passe une partie de sa jeunesse avec celle-ci au quartier Hamdallaye à Bamako.  Pourquoi l’aîné n’était pas aux côtés de son père ? Selon certaines mauvaises langues, Mariam n’aurait jamais accepté la présence de cet enfant à Koulouba. Rejeté ? Certainement, non. Mais l’aîné des enfants est resté éloigné de son père et de la famille présidentielle.

 

Ainsi, après des études à Bamako Cheick obtint une bourse pour poursuivre ses études aux Etats-Unis. Il s’y établit et crée une société qui a une antenne à Bamako.

 

Dans l’entourage de l’ex-dictateur, personne n’a souvenance d’un acte politique posé par lui durant les 23 ans de pouvoir de son père. Au contraire. « Il était très effacé et est resté loin de la scène politique », affirme un responsable politique. Etait-ce parce que Cheick Bougadary était aussi éloigné de son père ? Tout porte à le croire.

 

Mais voilà que le fiston décide subitement de créer un mouvement politique, la Convergence africaine pour le renouveau (CARE), avec l’ambition d’emprunter le chemin de Koulouba. Comptait-il, alors, bénéficier de l’appui de son père ? Bougadary n’en espérait pas trop. Pour preuve, lorsqu’il alla informer Moussa de ses intentions politiques, celui-ci n’aurait pas caché son étonnement. Finalement, le père aurait signifié au fils qu’il avait déjà choisi quelqu’un….Cheick Modibo Diarra. En retour, Cheick Bougadary aurait précisé à son père (Moussa Traoré), qu’il n’était pas venu sollicité son soutien, mais ses bénédictions. Ce qu’il aurait obtenu.

 

Voilà comment Moussa Traoré, sa famille ainsi que ses héritiers sont aujourd’hui divisés entre Cheick Modibo Diarra, Cheick Bougadary Traoré, et le MPR.

 

CH Sylla

 

Commentaires via Facebook :