Moussa Timbiné à la présidence de l’Assemblée Nationale: Gouvernance par procuration ou la perche invisible

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Qui cherche la gouvernance par procuration et avec qui ? Cette question est à l’ordre du jour depuis l’élection de Moussa Timbiné, à la Présidence de l’Assemblée Nationale, suite au retrait pour le moins ‘’conditionnel’’ de la candidature de Mamadou Diarrassouba. Pour réaliser son rêve d’occuper le perchoir, le député élu en commune V du district de Bamako, l’honorable Moussa Timbiné, a bénéficié du soutien indéfectible de Karim Keita, le fils du président de la république, Ibrahim Boubacar Keita.

L’arrivée de l’honorable Timbiné à la tête du bureau national de l’hémicycle de Bagadadji, avec 134 voix contre 8 pour Moussa Mara, alimente les conversations de salons et les analystes politiques de toutes les sensibilités en font leur sujet favori. C’est la première fois que le bureau de l’Assemblée Nationale du Mali soit piloté par un jeune (46 ans). Et cela sur la base d’un accord entre les acteurs politiques de la majorité et ceux de l’opposition. Mais cette fois, ce énième projet se concrétise après que des rencontres aient eu lieu en haut lieu, entre le Chef de l’État IBK, son fils Karim, le président du RPM et le député Moussa Timbiné.

Suffisant pour que cette nouvelle soit interprétée comme un signe annonciateur d’une gouvernance par procuration entre le pouvoir et l’opposition et de façon plus claire entre  IBK, son fils Karim et Moussa Timbiné. La nature ayant horreur du vide, les spéculations et autres supputations, après la proclamation des résultats par la Cour Constitutionnelle, ont occupé pendant quelques jours les aires de débats. Mais ce qui a le plus fait courir ce bruit sur l’imminence d’une présidence par procuration à l’Assemblée Nationale, c’est l’urgence d’apaiser le climat politique et social qui trouble la quiétude des maliens. Il est indéniable que dans les deux camps (pouvoir et opposition) le consensus est souhaitable. Il est même indispensable pour trouver des solutions à la mesure de la situation actuelle.

En revanche, on ne sait pas trop de quel côté il semble provenir. La bienséance politique voudrait que le bon exemple vienne de l’équipe au pouvoir. C’est peut-être dans ce cadre que de temps en temps des appels à un dialogue et une gouvernance par procuration sont adressés à l’opposition, depuis la veille des législatives.

Finalement, l’opinion publique a du mal à comprendre ce jeu auquel se livrent les hommes politiques maliens. À qui profite cette stratégie de faux semblant. Il est temps de passer aux choses sérieuses au lieu d’entretenir l’illusion de « la bonne volonté » de promouvoir un climat de consensus et d’ancrer la culture démocratique dans les mœurs politiques.

Les maliens ne veulent ni dune gouvernance par procuration ni d’une perche invisible. Ils ont besoin d’un vrai cadre de discussion en mesure de favoriser un dégel du climat politique dominé par des querelles stériles entre majorité et opposition.

Depuis la proclamation des résultats des législatives par la Cour Constitutionnelle, des rumeurs persistantes circulant dans les dédales de l’Assemblée, l’Honorable Karim Keita, le député élu en commune II et non moins le fils du président IBK, explore des voies et des moyens pour élire à la tête de l’Assemblée Nationale, son protégé, Moussa Timbiné, député réélu en commune V.

À en croire des indiscrétions en provenance de Bagadadji, le député Karim Keita et son père IBK, ont travaillé activement pour décrocher le perchoir de l’Assemblée, pour Moussa Timbiné qu’ils ont eux-mêmes contribué à propulser au poste de 1er Vice président dans le bureau de la législature sortante. Le tout, pour sa « fidélité et son franc parler » depuis les périodes de vache maigre.

Pour quelle fin IBK a opté pour Timbiné

En effet, il n’est un secret pour personne que l’Honorable Moussa Timbiné, le député élu en commune V, doit son élection au perchoir de l’Assemblée Nationale au Président IBK ainsi qu’à son fils, l’Honorable Karim Keita,  qui, depuis lors gère, par procuration cette institution de la république. Il est d’autant plus évident que le nouveau président de l’Assemblée Nationale, l’Honorable Moussa Timbiné ne fait qu’exécuter les ordres et les décisions prises depuis le palais de Sébénikoro.

Le nouveau président de l’Assemblée Nationale doit donc son existence à IBK et à son fils, il est suspendu au téléphone et court, chaque fois qu’il reçoit l’appel de Sébénicoro : un véritable pantin, manipulable à volonté, entre les mains d’un manitou.

Cette gestion à distance ou par procuration, ce pilotage à vue ne manquera pas d’engendrer des répercussions négatives dans la gestion de l’hémicycle de Bagadadji. Fort donc du soutien du président de la république et de son fils, le nouveau président de l’Assemblée poussera des ailes ; il va tout bloquer, tout centraliser. Seul maître à bord, il ne demandera plus l’avis de personne. Sauf bien sûr ceux de ses mentors. Conséquence de cette situation inédite, le président IBK est décidé, coûte que coûte et quoiqu’il en coûte, à réviser la constitution du Mali. Et avec Moussa Timbiné au perchoir, il aura une grande marge de manœuvre. Cependant, en parvenant à cette révision de la constitution,  le pouvoir malien sera une monarchie sans nom. Car, ce serait Karim Keita, le fils du président de la république qui va prendre le contrôle du Sénat dont IBK veille à sa création comme à la prunelle de ses yeux. À défaut de réaliser ce rêve, tout sera mis en œuvre pour que le président de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné qui est un membre du clan puisse lui succéder.

Pour les observateurs de la scène politique, ce modèle de ‘’pilotage à vue’’ n’est qu’une manière déguisée de la gouvernance par procuration, sous la couverture ,dit-on, de Karim Keita, le fiston national, sensé veiller, à la bonne conduite des affaires publiques, et à la paix sociale. Face à cette gouvernance par procuration, on peut prédire que le président de la république prépare son dauphin afin de lui succéder. Quoiqu’il en soit,  l’histoire retiendra, ce fait, comme une des tâches les plus sombres de l’histoire complaisante et clientéliste qui gangrène le Mali. De telles pratiques mettent en péril notre pays. Que tout le monde se le tienne pour dit.

Dorénavant, ne soyons pas surpris de ce qui peut nous tomber sur la tête, avec des gouvernants préfabriqués de la sorte, qui obéissent au doigt et à l’œil : adieu l’éthique, la morale et bienvenue à la complaisance.

Si dans un pays qui peine à atteindre un taux de croissance satisfaisant, et que la plus grande marque industrielle est la fabrication « de nouveaux fortunés », des hommes, aussi farfelus les uns que les autres abondent, l’irréparable risque de se produire. Que le Chef de l’État et  le Président de l’Assemblée Nationale démentissent cette version !

 

Jean Pierre James

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