Moussa Mara sur les ondes de la radio Donko: « Ce découpage n’a aucun but d’intérêt général que de partage de gâteau »

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L’expert-comptable Moussa Mara, ancien maire de la commune IV du district de Bamako, ministre de la Ville et non moins Premier ministre sous le premier quinquennat d’IBK, s’oppose à la manière dont le gouvernement entend mener le projet de découpage administratif et le report des élections législatives. Le dimanche 28 octobre 2018, il a exprimé les raisons de son désaccord sur ces questions lors de l’émission Débat « la parole à tous » de notre confrère Aliou Touré de la radio Donko FM (103.8MHZ) sise à Kalaban-Coro Sangha.

Invité sur les ondes de la Radio Donko FM, le dimanche 28 octobre 2018, l’ex Premier ministre a mis la lumière sur les ambitions politiques du gouvernement sur le projet de découpage administratif, et dénonce la violation de la constitution pour le report des élections législatives. Selon Moussa Mara, le ministre de l’Administration territoriale Mohamed Ag Erlaf les a réunis le vendredi dernier sur ces problématiques. En donnant son avis, on avait compris d’abord que c’était un cadre de concertation, mais nous nous sommes rendu compte par la suite que c’est un cadre d’information et non de concertation, a expliqué Mara.

Ce qui constitue un défaut selon Monsieur Mara, qui ajoute que les raisons du découpage sont mal réfléchies. L’accord pour la paix que beaucoup citent comme raison pour ramener la paix et la cohésion sociale au nord n’indique pas le découpage, rappelle-t-il. S’agissant de rapprocher les services aux populations, cela est possible sans pourtant passer par le découpage. Les lois maliennes n’interdisent pas de construire d’écoles ou de dispensaires dans les localités qui ne sont pas des cercles ou régions. Donc on n’a pas besoin de faire un découpage pour rapprocher l’administration des populations, estime-t-il.

Pour le président du parti Yéléma, ce découpage n’a aucun but d’intérêt général que du partage de gâteau en toute vérité, parce que quand on multiplie les cercles il y aura des présidents de cercles, le préfet de même pour les régions il y a les gouverneurs et les présidents de régions. « Ils veulent créer ces places pour que des gens pour se remplissent les poches et non pour le Mali », a dénoncé Mara.

Quand vous faites des créations de circonscriptions administratives, vous devez faire en sorte qu’à un niveau du pays on ne se sente pas frustré par rapport à un autre. C’est-à-dire, il faut qu’il y ait l’équité territoriale et l’équité entre les communautés, propose-t-il. Mais tout cela ne semble pas être réuni dans l’avant-projet du gouvernement. Au-delà de ça, il estime que ce projet doit être resté dans une vision stratégique. Pour lui, quand on veut réformer un pays aussi vieux où les populations sont très attachées à leurs territoires, il nous faut un temps de bien regarder, notamment sur la soutenabilité financière, en termes de disponibilité des ressources humaines sans lesquelles leur opérationnalisation sera impossible.

A titre de rappel, les régions créées au temps d’ATT sont en majorité restées non opérationnelles. En dehors de tout ça, un travail de ce genre mérite des pourparlers et des concertations, bref des assises. Mais nous constatons qu’ils veulent précipiter le peuple à aller vers ce découpage. Ce n’est pas possible comme ça et ils vont nous plonger tous dans une crise.

En ce qui concerne le report des législatives pour l’invité dans l’émission la parole à tous, on peut reporter les élections sans proroger le mandat des députés. Selon lui, si nous ne respectons les lois, nous ne pouvons respecter rien d’autre. Cela fait 26 ans que le pays est géré par la Constitution. La prorogation du mandat des députés constitue une violation flagrante de la constitution. Pis, elle est faite par la Cour constitutionnelle elle-même qui, au départ, s’était opposée à la prolongation du mandat.

Nous disons non à la violation de la Constitution. IBK a prêté serment de respecter et faire respecter la Constitution devant tout le monde le 4 septembre passé. Et en moins de deux mois, le régime de ce même président viole la constitution. « Nous ne partageons pas ce report des élections législatives et surtout la prorogation du mandat des députés par les députés eux-mêmes, ce n’est pas constitutionnel, ce n’est pas moral et ce n’est pas logique », a conclu Moussa Mara.

Oumar SANOGO

 

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