Moussa Mara, candidat à la Présidentielle de 2012 : « L’élection du Président de la République est d’abord et avant tout une affaire d’équation personnelle du candidat »

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Moussa Mara, maire Commune IV

Désigné candidat à la présidentielle, dimanche dernier, à Kayes, par son parti, lors de son congrès ordinaire, Yelema et cinq autres formations politiques (Pdm, Bmdt, Rcd, Psdm, Anc), Moussa Mara mesure l’ampleur de la tâche qui l’attend. Dans cet entretien, il explique ses motivations et les raisons de sa candidature.

 

Le matin : Vous venez d’être désigné candidat à la présidentielle, quelles sont vos motivations ?

Moussa Mara : Depuis une dizaine d’années maintenant, mes camarades et moi, nous nous battons pour que des valeurs et idées soient de mise dans la gestion étatique au Mali. Ces valeurs et principes (vérité et transparence, redevabilité des élus envers le peuple, culture du résultat et culte de l’excellente, forte décentralisation de l’Etat…) doivent être au cœur de notre vie publique pour restaurer la confiance entre les élites et la population malienne afin d’approfondir notre démocratie et tracer de nouveau une route d’espérance pour le pays. Nous avons décidé de participer à la compétition pour porter ces idées, les défendre, les vulgariser afin que demain le Mali puisse être géré conformément à eux pour le bonheur du pays. Notre candidature s’inscrit dans cette démarche.

Est-ce que vous avez les moyens politiques et financiers pour briguer la magistrature suprême ou c’est pour faire figuration ?

Nous faisons confiance à nos compatriotes pour que les élections de l’année prochaine ne soient pas impactées de manière significative par l’argent. Nous avons des signes précurseurs de cet état de fait et cela depuis plusieurs années. Les élections présidentielles de 2002 n’ont pas forcément porté à la présidence celui qui avait dépensé le plus. Plus près de nous, notre parti a gagné très largement les élections municipales en commune IV en ayant dépensé 7 à 10 fois moins que d’autres pour des résultats 7 à 10 fois plus élevés. Nous comptons faire en sorte que les élections soient le lieu de débats, de contradictions, d’échanges permettant aux citoyens de faire leur choix en rapport avec leur conviction. Cela étant dit, nous savons pertinemment que les élections ont toujours un coût et nous avons pris les dispositions pour que ce coût minimal permettant à un candidat d’aller au devant de chaque malien, soit couvert par des ressources appropriées. Nous maîtrisons les circuits de financement et nous connaissons la réglementation. N’oubliez pas que je suis expert comptable. En conséquence, ne vous souciez pas pour nous car nous serons au point sur le plan financier.

Sur le plan politique également, nous comptons nous employer pour qu’une plateforme politique soit constituée autour de nos idées et de nos programmes en prévoyant qu’elle puisse s’ouvrir progressivement et se renforcer d’ici aux élections ou entre celles-ci et les législatives. Je suis persuadé que le pouvoir doit être exercé de manière cohérente par un bloc majoritaire face à une opposition reconnue, renforcée et ayant les capacités de s’opposer de manière démocratique. Nous sommes donc en train de nous employer pour poser les jalons de ce bloc politique majoritaire.

Votre parti Yelema n’est même pas encore un parti d’envergure nationale, ne pensez-vous pas que vos ambitions sont démesurées ? 

Aujourd’hui Yelema est présent dans chaque cercle du Mali, chaque commune de Bamako, dans tous les pays voisins du Mali, dans une dizaine d’autres pays en Afrique, En Europe (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne), en Amérique (Etats-Unis, Canada, Haïti), en Asie (Arabie Saoudite, Chine) et même en Australie. Là où vivent seulement une dizaine de Maliens. Le parti a participé à un seul scrutin qu’il a d’ailleurs remporté. Plusieurs dizaines d’élus locaux sont d’ores et déjà venus rejoindre nos rangs. Je ne vous parle pas des centaines de forces de la société civile ou encore des six partis politiques alliés qui s’associent pour porter ma candidature. Yelema n’a peut-être pas l’envergure de certains partis historiques mais constitue un socle avec lequel on peut entreprendre une aventure présidentielle en compagnie d’autres forces structurées, aguerries et motivées comme nous sommes en train de constituer. Enfin, n’oubliez pas que l’élection du Président de la République est d’abord et avant tout une affaire d’équation personnelle du candidat. Nos compatriotes élisent d’abord et avant tout un homme pour conduire une dynamique. Sur ce plan, je pense que nous avons un atout significatif à utiliser.

Qu’est-ce que vous proposez aux Maliens ?

La normalité ! Un pays qui fonctionne comme devrait l’être n’importe quel pays engagé sur les sentiers du progrès. La normalité c’est une administration au service de l’usager et non un usager qui supplie l’administration de lui donner ce à quoi il a amplement droit.

La normalité c’est un agent public qui est exclusivement et entièrement agent public au service du citoyen, un entrepreneur qui est entrepreneur, un enseignant qui est totalement et exclusivement enseignant et non une forêt de mélange des genres où on retrouve des fortunes colossales là où elles ne devraient pas exister.

La normalité c’est partout, à l’école comme dans nos services, le premier qui est effectivement premier, le dernier qui est effectivement dernier et non un système ou chacun peut prétendre à tout, où on ne regarde pas la compétence et le mérite mais la lourdeur de la poche ou encore le réseau relationnel.

La normalité c’est le meilleur qui gagne, celui qui ose, qui prend des risques, qui entreprend, qui travaille plus, qui se donne soit finalement celui qui réussit et non un dispositif où on a l’impression que quelque soit son sacrifice, les jeux sont déjà faits, certains sont assurés de gagner quelque soit les cas de figure qui se présenteront.

Je ne suis pas un rêveur mais je trouve que tant notre pays ne devient pas normal, rien de ce qu’on entreprendra ne pourra être durable. Rien de ce qu’on planifiera n’atteindra les objectifs car nous évoluons dans un système illogique et donc non propice au progrès. Il nous faut changer pour réamorcer la marche du Mali vers le progrès.

Quelles sont les raisons réelles de votre départ des PUR ?

Les PUR illustrent l’ambition de notre parti à mettre en place de véritables alliances politiques destinées à stabiliser notre démocratie par l’émergence de partis structurés et forts. Nous avons travaillé au sein de cette alliance plusieurs mois et nous avons bien avancé. Ce qui constitue déjà un motif de satisfaction qui préfigure de lendemains positifs pour les partis membres. Il y a eu une incompréhension au moment du choix du candidat qui nous a amenés à quitter cette alliance mais nous restons persuadés qu’elle a de l’avenir comme toute alliance politique. Nous n’excluons d’ailleurs pas de collaborer dans le futur, après les élections présidentielles ou après les législatives, pour poursuivre cette expérience.

C’est pourquoi nous estimons qu’il n’est pas positif de détailler dans la presse la nature de nos mésententes afin d’éviter d’alimenter une campagne médiatique qui ne pourra qu’être négative pour tous. Tournons-nous vers les prochaines élections et organisons nous ensuite pour poursuivre la collaboration entre nos formations politiques.

Que répondriez-vous à ceux qui vous taxent d’égoïste ?

Je me contente simplement de montrer les faits. J’ai 36 ans aujourd’hui. Je dirige depuis 12 ans le plus grand cabinet d’expertise comptable de notre pays et le 4e dans son domaine dans la zone Uemoa avec une envergure qui nous amène à travailler dans quinze pays en plus du Mali. Je suis Maire de la Commune IV, à la tête d’une coalition qui contient, outre Yelema, l’Adema, l’Urd et le Mpr. Toutes nos décisions sont soutenues par la totalité des conseillers municipaux, y compris l’opposition. Je ne vous parle pas de mes relations avec la société civile dans sa totalité. Relations qui m’ont d’ailleurs valu d’être sélectionné par l’Ong International Belge Harubuntu pour être le lauréat de leur prix en 2011 dans la catégorie des « Coups de cœur ». Un prix qui sera décerné inch’allah le 1er décembre prochain à Bruxelles et un prix qui récompense chaque année 4 africains qui se sont distingués dans les domaines de la culture, des affaires ou du développement local. Cette Ong a envoyé une équipe enquêter au Mali avant de prendre sa décision.

Pensez-vous sincèrement que quelqu’un qui est égoïste peut réussir ce parcours ? Bénéficier de ces soutiens et amitiés dans toutes les couches socioprofessionnelles et parmi les acteurs de la classe politique ?

Pouvez-vous citer les partis politiques qui soutiennent votre candidature ?

Les partis Pdm, Bmdt, Rcd, Psdm, Anc sont engagés dans le soutien à ma candidature. Le parti Pds discute avec nous dans cette perspective. Notre ambition est de réunir au moins 25 partis politiques autour de la candidature du changement.

Je vous ai indiqué que nous disposons au sein de la société malienne de puissants appuis à travers des organisations socioprofessionnelles dont certaines disposent de relais dans plusieurs milliers de villages et de communes. La campagne et surtout l’élection vous permettront d’être édifiés sur notre représentativité au sein de la société malienne.

Votre dernier mot ?

Sincères remerciements à vous et au-delà, à l’ensemble de la presse pour votre apport au débat démocratique en permettant aux candidats de s’exprimer et de présenter leur ambition pour notre pays. Continuez dans ce sens.

Entretien réalisé par : Alhassane H.Maïga et Amadou Salif Guindo

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