Moussa Keïta du CTSP dans nos murs : « Att s’est fichu des bons conseils, et voilà ! »

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                Le 05 Octobre 1990, l’AJDP, créée et dirigée par un certain Moussa KEITA, jeune diplômé d’alors, est la première organisation à défier à visage découvert le pouvoir du dictateur Moussa TRAORE. Très vite, les 04 jeunes marcheurs sur les 200 préalablement inscrits sont qualifiés de “fous de la démocratie”. Munis de banderoles, ils ont passé des moments difficiles avec la brutalité des forces de sécurité. C’est l’ancien leader de cette organisation, le même Moussa KEITA, qui est de retour au pays, après un premier séjour en mai 2011 au cours duquel, par une conférence de presse, il avait alerté Amadou Toumani Touré sur les dérives de la démocratie malienne. « Mais il ne m’a pas écouté, il s’est fichu des bons conseils, et voilà !», nous confie Moussa Kéïta. Mais qu’avait-il conseillé à Att ?

                Moussa Kéïta, avait déclaré :

” La présente conférence est une contribution qui vise à susciter une participation citoyenne plus accrue des Maliennes et des Maliens au débat politique et socioéconomique nécessaire au raffermissement de la démocratie dans notre pays. Aussi, après de hautes fonctions en ma qualité de membre du CTSP, acteur du mouvement démocratique et Président fondateur de l’AJDP et malien tout court, il m’est loisible d’exprimer mon avis sur les questions d’intérêt national et de proposer des alternatives pour un Mali meilleur. Je ne suis pas là pour faire des attaques personnelles, ni pour plaire ou déplaire à qui que ce soit… Toutefois, je ne saurai passer sous silence les faiblesses et les carences notoires du système à travers l’incapacité de certains des acteurs qui l’animent… “.

Moussa Kéïta avait indiqué que le Mali est caractérisé par une mauvaise gouvernance à travers l’existence d’un système corrompu et népotique dont les conséquences sociales s’expliquent par la partition du pays, parce que des corrompus, avec l’argent mal acquis sur le dos des populations, ont créé un Mali des pauvres et un Mali des riches. Cet état de fait a entraîné une justice à deux vitesses : une justice des pauvres et une justice des riches. L’impunité c’est pour les riches et la prison pour les pauvres.

Même constat pour l’école : ” une école pour les riches et une autre école pour les pauvres. Les enfants des riches prennent d’assaut les grandes écoles de l’Occident et reviennent pour occuper les places les plus convoitées ; tandis que les enfants des pauvres fréquentent des écoles les plus délabrées et manquant de toutes les commodités requises pour mieux apprendre “.

La santé est malade, l’emploi des jeunes qui était et reste une demande sociale forte demeure aujourd’hui tributaire du système de la corruption dont les pauvres sont toujours victimes. D’ailleurs comment peut-on créer un emploi pendant qu’un Ministre de la République se permet de financer du thé de son département pour un montant d’environ onze millions sans punition pendant que des milliers de jeunes sont au chômage et des milliers de familles sont affamées ? Il demeure au gouvernement, il est le seul président de parti au gouvernement, il dirige le parti qui revendique l’héritage du président de la république, mon compagnon au CTSP. Où va le Mali ? Dans quelle Direction ? Je n’en sais rien ? ” a-t-il lancé.

Après avoir dénoncé le vol et l’impunité, il a réclamé le changement : ” Alors je suis venu interpeller les Maliens par rapport aux choix qu’ils seront amenés à faire en 2012 lors des élections générales. Ces élections commencent par la présidentielle. Et c’est le lieu de confier l’avenir du pays et le devenir des populations à un homme capable de lutter contre la corruption, de faire changer les mentalités, d’accroître la production et la productivité, de créer des emplois, de réussir un bon équilibre entre le coût des denrées et les salaires, bref d’améliorer les conditions de vie des Maliennes et des Maliens. Mais aussi de faire prévaloir les valeurs sociales et culturelles qui distinguaient le Malien : la vérité, l’honnêteté, l’honneur, la dignité…’’

M. KEITA a étalé toute son amertume face à la déception des idéaux pour lesquels ils sont sortis le 05 Octobre 1990 au péril de leur vie. Ainsi, il ne comprend pas pourquoi 20 ans après la farouche lutte pour la démocratie et les dizaines de morts, notre pays fait du surplace.

En effet, pour M. KEITA tant que la démocratie et la justice ne marchent pas, le système va rester tel. C’est pourquoi, il avait interpelé son ancien collègue (c’est le terme utilisé) sur sa part de responsabilité à redresser la situation. Il est plus qu’impérieux de réagir et au plus vite pour arrêter la dérive. C’est pourquoi M. KEITA a déjà écrit à son ancien collègue du CTSP (Comité de Transition Pour le Salut du Peuple) le président ATT pour lui faire part de sa lecture de la situation. C’est dans cette même dynamique qu’il a décidé de prendre à témoin l’opinion publique nationale à travers les médias pour ne pas un jour répondre devant l’histoire.

Après les premières années de faiblesse de la pratique démocratique dans notre pays, il est temps de réagir pour que cette parodie de démocratie ne soit pas la dernière monture que le peuple n’acceptera jamais. Le peuple malien très patient est loin d’être naïf, il observe avec clairvoyance toutes les pratiques qui plombent la démocratie.

A la question de savoir si la situation l’imposait, est-il prêt à sortir comme en 1990, il affirme : ” Si je n’ai pas eu peur de sortir sous la dictature, je n’aurai pas peur de sortir sous des gens que nous avons élus démocratiquement. Je suis et je resterai à la disposition de mon pays pour dénoncer la corruption et la délinquance financière et pour revendiquer davantage de justice, de liberté, d’emploi pour les jeunes, de bien-être social pour l’ensemble des Maliens.

Ce sont là, en substance, les conseils prodigués à Att par Moussa Kéïta. Mais rien ne changera la donne à l’école, la santé, la justice, la démocratie…

Mamadou DABO

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