Moussa Joseph Mara en pleine tourmente : Le revers de la récupération politique

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Près de 1,5 milliard d’euros versés pour la reconstruction du Mali, selon Bamako
Le Premier ministre malien, Moussa Mara.
AFP

Décidé à ne rester dans l’ombre de qui que ce soit, même du président de la République, encore moins d’un ministre du gouvernement, Moussa Joseph Mara a cru bon de s’affranchir de toutes les tutelles. Au moyen de la récupération politique.

À ce jeu, plus personne ne résiste à son irrésistible volonté d’en imposer à tout le monde, même au président de la République. Illustrations : à peine nommé Premier ministre du deuxième gouvernement sous l’ère IBK, Moussa Joseph Mara prend les devants, en convoquant tous les ministres avant que le président de la République ne daigne recevoir l’équipe gouvernementale au complet. Il leur explique alors ses principes et sa ligne de conduite, dont le maître mot reste la solidarité, mais aussi une certaine éthique qui tient beaucoup plus à son ambition d’étouffer les autres que de les voir s’exprimer dans leur domaine de compétence.

Commence alors une longue chevauchée solitaire. Pour lui, avec en prime, une tentative de confisquer tous les pouvoirs et toutes les prérogatives. Premier fait d’arme : Moussa Joseph Mara présente sa Déclaration de politique générale aux élus de la Nation. Du contenu de cette politique, faisons l’impasse. Retenons cette attitude cavalière de vouloir en découdre avec tout le monde, en l’occurrence, ceux qui sont censés perpétuer la politique de ses devanciers.

Il va de facto transgresser certaines règles maliennes de bienséance, comme par exemple, la politesse. Oui, Moussa Joseph Mara traite de «bandits» ceux qui ont géré le pays pendant les dernières décennies. Ecorchant et égratignant au passage le président Ibrahim Boubacar Keïta. C’était prémédité, puisqu’il savait qu’un certain discours populiste ratisse large en ces moments auprès d’une opinion nationale désabusée par tant d’errements du régime démocratique. C’était donc tout bénef pour lui.

C’est pendant cette même Déclaration de politique générale qu’il s’empressera de rassurer les élus de la Nation que Kidal reste et restera dans le giron de l’Etat malien : sa très prochaine visite dans cette ville devait en être le symbole fort. Pas besoin d’un dessin pour comprendre ce qui en est sorti, et ne parlons pas de ses conséquences inconsidérées sur la stabilité de notre pays. Là encore, Moussa Joseph Mara a voulu dépouiller de ses prérogatives le président de la République en déclarant la guerre sans se soucier de l’avis d’Ibrahim Boubacar Keïta. Ça compte peut-être pour un pet de lapin !

Pour marquer définitivement les esprits, il anime sa rencontre avec les représentants de l’administration malienne dans la région sous le bruit nourri des balles ennemies. Combien sont ces Maliens qui peuvent le faire ? C’était la morale de l’histoire, qui s’est malheureusement mal tournée. Ce qui a forcément et profondément divisé les Maliens dans leurs appréciations et interprétations de cet événement tragique. Au final, Moussa Joseph Mara s’en tire à bon compte, puisqu’il était sûr d’en tirer le meilleur parti quelles que soient les circonstances. C’est fait : il passe pour un héros pour ceux d’entre nous qui sont passés maîtres dans l’art d’analyser superficiellement les événements importants et marquants de l’histoire de notre pays.

Conséquences : l’ex-maire de la Commune IV ne sent plus de limites, s’adonne par conséquent à la récupération politique. Il est alors omniprésent sur tous les  sujets importants. Gare à celui qui se mettra en travers de son chemin. Le désormais ex-ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, en a fait les frais. Et Moussa Joseph Mara ne s’est privé de claironner que sa révocation fait partie des mesures de redressement qu’il a décidé d’entreprendre pour nettoyer dans les écuries de l’armée. Quand au même moment, à quelques jours d’intervalle seulement, le président de la République lui-même revendiquait le même exploit. Qui a alors limogé Soumeylou Boubèye Maïga ? La même constance : cet événement est encore médiatisé au profit du chef du gouvernement.

Il n’en restera pas là. Puisqu’il reviendra dire aux gens de l’opposition, qui avaient introduit une motion de censure pour obtenir sa tête, qu’il ne démissionnera pas et n’ira nulle part. Pardonnez-lui son assurance, la fatuité est masculine, surtout quand l’amour-propre est mis à rude épreuve. Une certitude (si ce n’est pas une candeur, Cheick Modibo Diarra en sait quelque chose) transpire de cette attitude du jeune homme politique : «Je suis bien installé et personne ne peut contrarier mon destin». Louanges à Dieu, mais la politique est une matière mouvante.

C’est ce qui explique peut-être la bourrasque qui le poursuit actuellement, sans avoir eu raison de lui, du moins pour le moment. En effet, des voix s’élèvent maintenant pour réclamer son départ de la Primature. Au sein même de la majorité présidentielle ! Il peut bien résister à cette tempête, comme lors de la motion de censure, mais ne se mettra jamais à l’abri tant qu’il se comportera plus royaliste que le roi. Vouloir être la tête de proue d’une majorité et en compter pour quantité négligeable, c’est audacieux, mais aussi suicidaire.

Ce qui est en cause, c’est la volonté du Premier ministre d’assumer à la fois le leadership du gouvernement et de la majorité présidentielle. Une évidence à la lecture de ses accointances avec certains partis politiques supposés être de la majorité présidentielle, au détriment du Rassemblement pour le Mali (Rpm), le parti majoritaire. Il y a donc comme une résolution d’en imposer à ceux qui sont censés officier à la tête de la majorité. La mayonnaise va-t-elle prendre ? Les jours à venir seront édifiants.

Reste que la fronde anti-Mara, même supposée, n’est autre que l’expression de l’attitude maniaque de Moussa Joseph Mara de tirer profit de tout événement sur fond de médiatisation à outrance. La récupération politique –exploitation d’un événement médiatisé par un personnage politique à son profit– peut aussi avoir son revers !

Issiaka SISSOKO

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1 commentaire

  1. Mara, 1er Ministre, c’est la grosse bétise de IBK.Par cette nomination, j’ai compris qu’il était déconnecté comme beaucoup d’autres Maliens qui osent accorder un brin de credit à Moussa Mara. Le temps est le meilleur juge. Malheurement, c’est notre Pays qui va en patir.

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