C’était une première en République du Mali qu’un ministre se retrouve sur un plateau de télévision pour en découdre avec un représentant syndical sur la responsabilité de l’enlisement dans l’intransigeance au détriment du service public. L’initiative, qui traduit une transparence et un état d’esprit démocratique, a été toutefois tuée par l’enjeu secondaire : l’effort évident, de chaque côté, de s’attirer la sympathie populaire plutôt que d’éclairer l’opinion sur les contours réels de la grève de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali.
Sortis de l’épreuve laborieuse des négociations infructueuse, le Ministre Bocar Moussa Diarra et le Secrétaire général adjoint de l’Untm, Maouloud Ben Khatra, auront plus joué la prolongation de leur dialogue de sourds qu’ils n’ont contribué à un débat réellement productif. Leur confrontation a été néanmoins très instructive sur la taille et la dimension réelle des interlocuteurs mobilisés auprès des syndicalistes pour tenter de les dissuader de l’ultime option de priver les Maliens de services publics.
Après de longues journées de rencontres, les transactions se sont finalement conclues sur un constat d’échec. Elles ont notamment achoppé sur la non-satisfaction les revendications les plus pressantes et prioritaires de l’Untm que constituent la baisse des prix des denrées de consommation courante comme l’eau et l’électricité, le relèvement des indices salariaux, la suppression de l’impôt sur les salaires, entre autres.
Quoique les parties semblent s’être entendues sur une bonne douzaine de points dont l’augmentation de l’allocation familiale, cela n’a pas paru assez suffisant pour faire l’économie d’un débrayage si couteux qu’il pourrait avoir contribué à polluer une atmosphère déjà alourdie par la menace sur l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Cette donne est d’ailleurs le principal argument sur lequel s’adosse le gouvernement pour soutenir l’inopportunité de toute demande sociale, tandis que la centrale syndicale estime qu’aucun contexte ne saurait se hisser au dessus d l’aspiration à un mieux-être.
Mais l’initiative destinée à éclairer le public au moyen d’un débat télévisé a finalement tourné en tintamarre avec des protagonistes aux nerfs à fleur de peau, qui se donnaient à peine le temps de s’écouter mutuellement. Conséquence : le téléspectateur aura plutôt assisté à une foire d’empoignes qu’à un dialogue véritablement édifiant.
Dans le tohu-bohu laborieusement organisé par le confrère Nianza Coulibaly de l’Ortm, le ministre Bocar Moussa Diarra aura brillé par une singulière imprudence qui porte pour le moins un coup dur à la respectabilité et à l’image de l’Etat. Au lieu de l’incarner dans sa splendeur, il s’est plutôt montré en deçà de la grandeur régalienne par un tempérament comparable à celui d’un apprenti agitateur. Bref, l’apparence d’un véritable amateur face à son interlocuteur, le Secrétaire général adjoint de l’Untm qui, quoiqu’aussi impulsif, a manifestement mieux tiré son marron du feu pour avoir réussi à révéler un membre du gouvernement sous ses facettes les moins enviables.
En définitive, si le Code de conduite du gouvernement est encore en vigueur, les sanctions qu’il prévoit méritent de lui être appliquées sans attendre que celles-ci interviennent par un hypothétique remaniement. A. KEITA