Le second tour de l’élection présidentielle malienne a eu lieu le dimanche 12 Août 2018 sur fond de contestation des résultats du premier tour. Selon les résultats définitifs proclamés par la Cour Constitutionnelle, le candidat IBK est arrivé largement en tête avec plus de 41 % suivi de Soumaila Cissé avec un peu plus de 17 %. Ces résultats définitifs qui sont les fruits des compilations de ceux des différents bureaux de vote ont fait l’objet de contestation de la part de Soumaila Cissé, qui a d’ailleurs jugé nécessaire de les attaquer auprès de la Cour Constitutionnelle, mais sans succès. La Cour a rejeté les requêtes au motif qu’elles ne sont pas faites dans les règles de l’art et dans le délai. C’est dans cette ambiance délétère, de suspicion et de partialité de la Cour Constitutionnelle, selon les partisans de Soumaila Cissé, que leur candidat a accepté d’aller au second tour. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, au second tour nous assistons malheureusement à la même scène, les résultats issus de certains bureaux de vote font déjà l’objet de contestation. Chaque candidat avait revendiqué déjà la victoire sur la base des compilations des résultats des bureaux de vote en leur possession, jusqu’à la proclamation officielle des résultats provisoires par le ministère de l’Administration Territoriale. Ces résultats ont été immédiatement rejetés par l’autre camp qui crie à la tricherie, au hold-up électoral et a appelé ses partisans à manifester pour contester ces résultats, avant même la proclamation définitive par la Cour Constitutionnelle. Les prochains jours risquent d’être houleux, tant les positions sont antagoniques et aucun camp n’est prêt à faire de concessions. Jusqu’où ira-t-on ? Quand on sait que de part et d’autre les partisans sont prêts à réclamer leur victoire. Surtout que le camp proclamé perdant a le sentiment d’avoir été floué et que les résultats qui sont proclamés sont plus une attribution des notes que l’annonce des suffrages obtenus. L’heure doit être à la sérénité et à la responsabilité pour préserver les fragiles équilibres d’un Mali en crise multidimensionnelle depuis 2012. Pour cela, chaque camp doit faire des concessions, afin d’éviter que la crise post-électorale ne s’exacerbe. Le président élu doit se considérer comme un président de transition, car déjà affaibli, avec une victoire à l’arrachée ; il ne doit pas céder au son de sirènes des zélateurs et autres opportunistes qui sont prêts à le lâcher à la moindre crise.
En conclusion, tous les acteurs politiques, qu’ils soient d’un bord ou de l’autre, doivent se résoudre à comprendre que le pays ne peut plus continuer sur la voie qu’on lui a fait suivre pendant les cinq dernières années. Le peuple malien n’acceptera plus une gouvernance basée sur la corruption, le népotisme, l’arrogance et le mépris, mais plutôt celle vertueuse et prenant en compte ses aspirations légitimes, ce qui lui permettra de se sentir concerné.
Youssouf Sissoko