Dans le cadre de la révision de la liste électorale démarrée le 1er octobre 2011, nous avons rencontré le Directeur National Adjoint de l’Intérieur, Moriba Sinayoko. Il nous livre ici ses impressions non seulement sur l’évolution des différentes étapes de cette opération, mais aussi la situation des cartes non retirées et la détermination de l’administration à réaliser une liste électorale répondant aux normes.
Le Prétoire : Quel bilan peut-on tirer des opérations de révision de la liste électorale dont la date- butoir était prévue pour le 31 octobre dernier ?
C’est n’est caché à personne qu’en 2012, le peuple sera appelé à se prononcer sur la modification de la constitution et il va également se prononcer sur le manda présidentiel et le manda des députés, donc c’est pour dire qu’il y’a des échéances très importantes qui attendent le peuple malien. Déjà le gouvernement a fixé la date des élections.
Le referendum sera couplé avec le 1er tour de la présidentielle le 29 avril ; le 13 mai sera le second tour, le 1er juillet le 1er tour des législatives et le 22 juillet, le second tour. Donc les dates étant déjà connues, je pense que c’est quelque chose de très très importante par rapport à tout ce qui peut être prise comme disposition pour préparer les différentes opérations. Avant ça déjà dans notre loi électorale, il est prévu chaque année qu’ on puisse faire la mise à jour des listes électorales. Pourquoi cela ? Cette mise à jour est nécessaire par ce que la liste qui sera issue de cette révision qui prend fin le 31 décembre 2011, c’est cette liste qui sert pour les élections partielles de toute l’année. La liste que nous allons établir en 2011 va servir également toutes les élections de 2012 ; même les élections partielles. C’est pourquoi le Mali est l’un des rares pays au monde qui fait cette mise à jour et qui donne la chance à tous les enfants qui ont l’âge de voter (18 ans) d’être sur la liste électorale. Cette révision est une activité normale conformément à la loi électorale. Cette opération de 2011 revait un caractère spécial. Par ce que au bout du rouleau, c’est les élections générales qui vont être organisées sur la base de la liste qui sera établie en fin décembre 2011. Egalement même la classe politique, à un moment donné avait demandé qu’on aille à la mise en place du fiché électoral consensuel. Il y’a certaines dispositions qui ont été prises, qui doivent être appliquée pendant cette élection pour qu’on puisse aboutir à un fiché électoral consensuel.
Comme je disais tant tôt, cette opération de révision en cours, revêt un caractère spécial compte tenu du fait qu’il y a eu de larges concertations entre la classe politique et l’administration autour de la liste électorale. Nous avons convenu qu’il faut une liste électorale consensuelle. Pour y parvenir certains paramètres devraient être pris en compte. Il s’est agit de faire en sorte que l’électeur soit rapproché de son bureau de vote. Pour cela nous avons pris les mesures en envoyant des fiches d’affectations pour les électeurs qui estiment être trop éloignés de leurs bureaux de vote habituel. L’autre particularité tient au fait que la classe politique avait demandé que les cartes d’électeurs qui n’avaient pas été enlevées depuis 2008 soient gérées au besoin si leurs propriétaires ne se signalent pas.
Si je vous disais que les cartes d’électeurs non retirées sont plus d’un million cinq cent mille. Voila une situation qui gonfle la liste électorale. Certains sont sur la liste sans qu’ils ne sachent par ce que, nous avons une méthode qui fait une inscription d’office. Une fois qu’une personne a 18 ans, on le met sur la liste. Donc si tu n’es pas informé, certaines personnes ne viennent pas retirer leur carte. Voila une situation qu’il faut gérer. Ensuite, on a demandé qu’il faut rapprocher l’électeur de son bureau, par ce que, nous nous somme rendus compte que des familles étaient dispersées à l’intérieur d’une même commune. Vous êtes à Hamdallaye, vous avez une de votre famille à Lafiabougou et l’autre à Djicoroni, donc on a dit que cette révision doit permettre de régulariser cette question, nous allons donner la parole aux électeurs pour qu’ils nous disent là où ils doivent voter. Par rapport à ça, nous avons pris des dispositions d’abord pour produire des supports qui vont servir pour la révision. Au niveau de ces supports, vous avez ce que nous avons appelé le tableau de mise à jour des électeurs. Avant, on exigeait deux tableaux, le tableau de radiation et le tableau de correction. Nous avons regroupé tout ça là dans un tableau appelé le tableau de mise à jour, donc sur ce tableau les corrections vont s’effectuer. Vous avez de l’autre coté un autre tableau appelé le tableau de nouveau inscrit, c’est-à-dire les enfants qui ont l’âge de voter (18 ans), donc les enfants qui sont nés en 1994. Voilà les deux documents qu’on a produits et mis à la disposition de la population. Ensuite vous avez la liste d’affectation des électeurs. C’est une fiche que l’électeur doit remplir pour voter dans tel bureau de vote. Cette fiche guide pour la détermination des centres et des bureaux de vote. C’est la liste électorale normale que nous allons produire et mettre à la disposition de la population pour vérification et au MALI et à l’extérieur pour éventuelle réclamation. En plus de ces dispositions, nous avons mis de nouveau cahier de recensement, par ce que nous avons dit que la fraude se faisait à partir des cahiers. Nous avons instruit aux communes de ne plus utiliser les anciens cahiers. Les numéros des nouveaux cahiers ont été communiqués à la délégation générale aux élections. Donc, s’il y’a un autre numéro différent des numéros communiqués, ça veut dire que c’est la fraude. Nous avons également nommé 703 commissions administratives de révision pour les communes de l’intérieur et 44 pour les missions diplomatiques et consulaires. Nous avons établi également la liste des détenteurs des cartes non retirées de 2007 et 2009, dans la mesure où les commissions doivent statuer sur le sort de ces cartes. Donc il fallait cette liste, pour que les gents puissent voir. Voila ce qu’il faut retenir en termes de bilan par rapport à cette révision de la liste électorale.
Le fait de les prolonger jusqu’au 20 novembre prochain ne constitue t-il pas un aveu d’échec, qu’est-ce que vous visez réellement à travers cette prolongation ?
Dans le processus de la révision de la liste électorale, les étapes sont réglementées par la loi électorale. La première étape c’est du 1er au 31 octobre. C’est la période des inscriptions d’offices. Autrement dit, tout ce qui rentre dans les conditions définies par la loi doivent être absolument inscrit sur la liste. C’est la période de prise en charge des personnes privés de vote, les cas de radiation et la double inscription sur la liste. Tu as bien fait de poser cette question, mois même j’ai intervenu sur les antennes pour expliquer ce processus. J’ai dis période complémentaire, ce n’est pas une prolongation. La période d’inscription d’office c’était du 1er au 31 octobre. Il y a également la période de réclamations. C’est dire quoi ? Il s’agit pour les citoyens de venir vérifier la liste et faire ensuite des réclamations s’il y a lieu. En fait, c’est le prolongement de la période d’inscription d’office appelée la période d’inscription à la demande. Pour les novices pour eux c’est une prolongation mais nous ça fait partie de la période des inscriptions parce que quand la réclamation est normale, la commission est obligée d’inscrire la personne. Pendant cette période, tout ce qui vont venir se présenter pour dire que je suis électeur, je n’ai pas mon nom sur la liste, la commission est tenue de les inscrire si non, ils peuvent faire un recours à la fin de cette période contre la commission pour n’avoir pas pris en compte leur réclamation. Déjà, il y a un retard par rapport à ça et si on arrête les opérations au 31 octobre c’est pour priver les gens de leur droit. C’est pour quoi, nous avons décidé de mettre à profit la période des réclamations pour les uns et autres de venir s’inscrire. C’est comme si la période d’inscription et de radiation continuent pendant les 20 jours. Cette période n’a aucune incidence sur le processus normal des différentes étapes. Du 1er au 20 novembre c’est la période des réclamations, cette période de réclamation est prévue par la loi électorale. Après cette période de réclamation, s’il se trouve que la commission n’a pas répondu favorable à certaines réclamations, il y a une période de recours juridictionnel qui s’ouvre pour permettre à la personne de rentrer en possession de son droit. Conformément à la réglementation, c’est donc à partir du 20 décembre qu’ils commencent à rendre le tableau rectificatif définitif. Ce tableau récitatif est le tableau de mise à jour finalise et le tableau des nouveaux inscris. C’est à partir du 1er janvier que les commissions administratives doivent envoyer les tableaux après la prise en compte des réclamations et des décisions de justice. A u niveau de l’administration territoriale, nous avons cinq jours pour envoyer ces tableaux au niveau de la délégation générale aux élections pour le traitement informatique. Donc par rapport aux étapes, nous sommes dans le temps, il n’y a aucun retard dans le processus.
Comment mesurez-vous l’engouement comparativement aux années passées ?
Par rapport à cela, pour pouvoir y donner une bonne appréciation, les commissions qui sont sur le terrain (à savoir, les préfets, les sous préfets et les maires) ont un aperçu qui pourrait être plus juste que le mien. Par ailleurs, nous avons demandé aux gouverneurs de région de nous faire la synthèse de l’opération en terme d’inscription, de radiation, de correction et de gestion des cartes d’électeurs, afin de pouvoir faire une bonne appréciation. Parallèlement à cela, nous allons déployer sur terrain une mission de supervision pour nous faire une idée de tout ça.
Quel est le rôle dévolu à la CENI dans cette phase cruciale ?
Dans les différentes opérations, la CENI a un rôle de supervision des travaux. Nous sommes sur la révision des listes, la loi a prescrit certaines choses qui sont suivies par l’administration. S’il y a des violations, le rôle de la CENI c’est faire des observations et de rappeler l’administration à l’ordre. Je préfère vous dire que la révision de la liste électorale c’est les partis politiques. Sans certains pays, c’est les services des statistiques qui révisent mais au Mali, la révision se fait de façon conjointe. C’est pour quoi, tout les partis sont impliques et ils se contrôlent. Les cahiers de recensement sont dans les communes, il s’agit maintenant pour les partis de veiller à la bonne marche des opérations. Vous avez parlé de fraude, pour le moment je ne suis pas informé de cette situation en commune IV. Ce qu’il faut retenir, c’est que à chaque réunion de concertation, les partis ont dénoncé la fraude. Les auteurs doivent être démasqués et traduit en justice. Les partis ont demandé de ne plus laisser les cas de fraudes impunis.
Quelle sera la prochaine étape ?
Par rapport aux étapes, je viens de vous dire que la loi a divisé la période de révision de la liste électorale par période. Du 1er au 31 octobre c’est l’inscription et radiation, du 1er au 20 c’est la réclamation, du 20 au 25 novembre c’est la période des recours judicaires et après c’est la réalisation des tableaux à partir du 20 décembre, la délégation générale aux élections assure le traitement informatique durant le mois de janvier et février. Après, elle tire les cartes électeurs et la loi dit qu’on doit distribuer les cartes 30 jours avant les élections. Conformément aux différentes dates, on doit distribuer les cartes à partir du 28 mars 2012 à l’intérieur comme à l’extérieur. Ce qui veut dire que la délégation générale aux élections a terminé la personnalisation des cartes. Voilà les étapes qu’il faut suivre par rapport aux opérations.
Peut –on déjà se faire une idée sur le nombre d’électeurs attendu ?
On vient de finir la première étape. Il faut donner le temps aux préfets, aux gouverneurs et les autres commissions pour envoyer les rapports d’étape. Le rapport d’étape c’est la situation des radiations, les nouvelles inscriptions, le nombre des cartes au niveau de la commune ou du cercle et en fin la vérification des cartes. Voilà les statistiques que nous sommes entrain de compiler.
Quel appel tenez vous à lancer aux maliens ?
Je dirais tout simplement aux électeurs qui ne se sont pas fait inscrire, qu’ils ont encore une vingtaine de jours pour le faire. C’est l’ultime occasion pour eux de régulariser leur situation avant de prétendre au vote lors des élections générales de 2012.
Propos recueillis par
Nouhoum DICKO