Molestage de l’honorable Mamadou Diarra : Des questionnements autour d’une bavure

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Tabassé par des policiers le 10 décembre, jour anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, le député Mamadou Diarra souffre encore des douleurs. Et la République s’interroge.

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Le passage à tabac par des agents de la police nationale, dont a été victime l’honorable Mamadou Diarra, élu en commune II du district de Bamako, le 10 décembre dans l’enceinte même de l’hôpital Gabriel Touré, restera à jamais une balafre géante sur le noble visage de notre démocratie. Selon Me Amidou Diabaté, député et professionnel du droit, c’est un cas typique d’agression et de coups et blessures volontaires au sens juridique du terme. Mais c’est surtout un cas désolant, inouï, perpétré sur la personne d’un élu de la nation, de surcroît un législateur. Circonstance aggravante, l’incident a eu lieu le jour anniversaire même de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen (10 décembre). Ce qui, inéluctablement, fait à la République et à la démocratie une mauvaise publicité dont elles n’ont pas besoin.

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Au-delà, quel sens donner à la volonté récemment proclamée par le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, de construire un Etat fort, modèle de bonne gouvernance, respectueux des personnes et des biens ? Si pour l’honorable Lancéni Balla Keïta « Notre honneur, celui de l’Assemblée nationale, est bafoué », son collègue du Parlement panafricain, Ibrahim Boubacar Keïta, est surtout inquiet pour le devenir même de l’Etat. « Nous sommes dans quel Etat, pour quel objet et quelles missions ? », s’est interrogé IBK.

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En effet, si les éléments de la force publique peuvent aussi facilement et impunément molester le citoyen ordinaire comme l’élu du peuple chez nous, quel avenir pouvons-nous donner à l’Etat de droit que nous ne cessons de ressasser ?

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Depuis le 5 avril 1993 qui a vu l’Assemblée nationale incendiée par une horde d’étudiants soutenus par certains politiciens et des badauds, le Mali ne finit pas de s’interroger sur le sens que les Maliens donnent à la démocratie. Les bavures policières de ces derniers temps, qui ont tout l’air de s’inscrire dans la banalité, en ajoutent aux interrogations. Un policier bat à sang une dame agent des douanes en pleine circulation à Bamako. Un autre amoche à San une pauvre dame handicapée physique sans défense. A chaque fois, la hiérarchie policière inflige à l’agent indélicat une simple sanction de principe consistant en sa mutation dans une autre localité. Jusqu’à ce que la mobilisation de la société civile vienne à convaincre que les faits sont gravissimes. Les différents incidents amènent surtout à se poser des questions sur la formation et la psychologie des jeunes policiers fréquemment coupables de telles exactions. Sont-ils formés pour utiliser seulement la force ou pour faire de la sécurité ? Car, agir en sécurité implique, certes, une formation physique intégrant les meilleures techniques de combat, mais aussi l’acquisition de bonnes recettes psychologiques et pédagogiques pour pouvoir réagir sereinement face à toutes les situations. En un mot, les programmes de formation des agents de la police ne doivent-ils pas être aujourd’hui revus ?

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A l’évidence, pour sortir l’honorable Diarra de la salle des soins, les policiers n’avaient pas besoin de le brutaliser comme ils l’ont fait. Ils avaient mille astuces pour exécuter les ordres reçus sans en arriver là. Toutefois, les bavures ne doivent pas nous conduire à des amalgames regrettables. L’un d’eux est de jeter l’opprobre sur toute l’institution de la police à cause du comportement malsain de certains agents.

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Tout compte fait, les officiels et les symboles de la République sont à respecter par tous.

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A commencer par les officiels eux-mêmes et les représentants de la force publique. Les officiels, surtout, qu’ils soient ministres, députés, maires ou conseillers territoriaux, doivent être des modèles dans la vie privée comme dans la vie publique. Leurs paroles, gestes, jusqu’au clin d’œil, mériteraient à prouver la force de leur personnalité et non à convaincre les citoyens de leur vanité.

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Amadou N’Fa Diallo

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