Suite à la non retenue du nom du député de l’opposition sur la liste des parlementaires devant siéger au CIP-Uemoa, l’opposition parlementaire a claqué la porte lors de la plénière du vendredi dernier.
Dans une interview, le président du groupe parlementaire VRD, Mody N’diaye, dénonce le diktat de la majorité, la gestion du pays par le président de la République six mois après sa prise de fonction. Selon lui, les Maliens assistent à un pilotage à vue avec l’absence d’un programme pouvant prendre en compte leurs préoccupations. Lisez plutôt.
Le Prétoire : Les députés du groupe VRD ont claqué la porte lors de la séance plénière du vendredi dernier. Que s’est-il passé ?
Mody N’diaye : Nous n’avons pas claqué la porte, mais nous nous sommes retirés momentanément parce que le consensus que nous avons eu avec la majorité concernant la désignation au titre des nominations personnelles, a été respecté au niveau de deux parlements. Mais en ce qui concerne le CIP-Uemoa, cela n’a pas été respecté. En ce sens que sur les cinq députés qui doivent représenter l’Assemblée nationale au CIP-Uemoa, un devait revenir à l’opposition parlementaire. Mais à la lecture de la liste qui a été retenue par le parti majoritaire, le nom du député qui devait représenter l’opposition ne figurait pas. Vous avez suivi vous-mêmes les débats. Nous sommes revenus en plénière pour dire qu’effectivement, c’est une omission de taille. Donc nous avons demandé une suspension pour qu’à la lumière de ce nouvel élément nous puissions revoir le groupe parlementaire VRD. Après tout cela, à la reprise, le président nous a fait comprendre que la liste va passer au vote. Alors nous avons décidé de nous retirer de la salle, car l’engagement entre nous et la majorité n’a pas été respecté. C’est pourquoi, nous sommes sortis momentanément pour permettre à la majorité de procéder à ce vote sans nous. Comment vous pouvez comprendre que le CIP-Uemoa qui est en fait le regroupement des députés des assemblées de l’Uemoa dont le siège est à Bamako, qu’au sein de ce regroupement, il n’existe pas un représentant de l’opposition ? Quand bien même le président du Cip-Uemoa, dans une correspondance, a demandé, au titre de la 5ème législature, qu’il est souhaitable que parmi les cinq députés figurent le genre et l’opposition. Donc, notre exclusion était inacceptable parce que l’engagement que nous avons pris ensemble, c’est en séance plénière. Mais cet engagement n’a pas été pris en compte.
Selon vous, l’opposition est-elle marginalisée ?
Je ne dirais pas que l’opposition est marginalisée. Car si vous avez suivi la déclaration que j’ai eue à faire au nom du groupe, j’ai rappelé qu’en ce qui concerne la désignation des membres de l’Assemblée nationale au niveau de la Haute cour de justice, au niveau des nominations personnelles, nous étions en phase totale avec la majorité sauf pour le cas du Cip-Uemoa. Pour ce cas, l’accord que nous avons conclu n’a pas été respecté.
Si vous pensez que ce n’est pas de la marginalisation, quitter la salle est-elle la solution ?
Il y a plusieurs manières de manifester son accord ou son désaccord face à des situations de ce genre. On avait beaucoup d’options. On pouvait voter contre, on pouvait s’abstenir, on pouvait rester dans la salle et ne pas prendre part au vote. Mais nous avons préféré quitter la salle pour ne pas donner l’occasion à la majorité de nous imposer son diktat. Car c’est de cela qu’il s’agit, car après l’accord nous avons saisi le président par écrit pour lui notifier nos délégués dans les différents parlements. Si à la lecture en plénière on ignore cette correspondance par rapport à la Cip-Uemoa, vous comprendrez aisément qu’il nous appartenait de marquer le coup. Tout simplement, c’était inacceptable qu’entre nous, après avoir convenu de tout, que quelque part la majorité, forte de son droit de vote, nous dise : on passe au vote. En passant au vote, avec le nombre de nos députés, nous n’allions pratiquement rien faire. Mais qu’à cela ne tienne, nous avons pensé alors, de notre plein droit, qu’il fallait quitter la salle momentanément.
Concrètement, qu’est-ce que vous reprochez à la majorité ?
Dans toutes les négociations que nous avons eues avec la majorité, nous n’avons mis l’accent que sur un seul point : le droit de l’opposition. Partout où nous avons considéré que le droit de l’opposition était violé, nous avons dit que c’est inacceptable. Ce que nous pouvons leur reprocher aujourd’hui n’est pas un grand incident. Vous savez, il y a trois parlements régionaux : le Cip-Uemoa, le Parlement de la Cedeao, et l’Union Africaine. Aujourd’hui, en termes de droit, l’opposition malienne, au niveau du parlement, doit être représentée au niveau de chacun de ces parlements. Etre au niveau de deux et ne pas être au niveau du troisième est inacceptable. Ce point, nous l’avons regretté mais nous avons dit de vive voix que cela n’entache en rien le rôle que nous devons jouer au sein du parlement. Bien entendu, il y aura d’autres projets de textes qui vont venir après la mise en place du bureau et vous allez voir comment nous allons exercer notre droit de l’opposition par rapport à tout cela.
Par rapport au droit de l’opposition, où en êtes-vous avec le statut de l’opposition ?
Je ne vais pas vous livrer de secret particulier, mais ce qui est sûr, si vous avez suivi les déclarations du président de la République depuis son accession à la magistrature suprême et du chef du Gouvernement, vous comprendrez que le statut du chef de l’opposition fait partie des chantiers qu’ils veulent mettre en œuvre. Cela pour permettre à notre pays de disposer d’une opposition crédible et qui puisse apporter un plus à la vitalité de notre démocratie. Donc on comprend aisément que la relecture va venir du président de la République ou de l’Exécutif et que cela va conforter notre environnement démocratique.
Il y a déjà une loi qui est en vigueur par rapport au statut de l’opposition, qui définit les droits et les devoirs de l’opposition. Cette loi, en vigueur depuis 2000, a été reprise sous ATT. Mais à la lecture de cette loi, il y a beaucoup de dispositions qui manquent pour conforter l’opposition dans le plein exercice de ses droits et devoirs. Parce qu’au niveau de l’actuel statut, on ne fait pas cas du statut du chef de l’opposition et de la façon dont il doit être traité. Ça c’est un élément extrêmement important. La façon dont on doit choisir l’opposition parce qu’elle n’est pas seulement parlementaire, car on peut bien être dans une situation où les partis qui représentent l’opposition n’ont aucun député. Donc tout cela doit être précisé et puis naturellement, il y a la protection par rapport au droit de pouvoir s’exprimer librement. Toutes ces dispositions doivent être renforcées pour que nous ne soyons pas dans le cas où l’opposition sort et les gens manifestent n’importe comment. Que ça soit une vraie opposition liée au débat d’idées et surtout responsable pour renforcer la démocratie dans notre pays.
Est-ce que l’opposition joue son rôle ?
Je crois que par rapport à tout ce que vous avez, la cinquième législature vient de démarrer le premier janvier de cette année. Nous sommes à deux mois de fonction et vous avez vu comment nous nous sommes battus, pour que d’abord au niveau des organes de l’Assemblée nationale nous soyons représentés. Nous pensons que cela a marché car nous sommes présents dans toutes les structures de direction de l’Assemblée nationale et nous pensons que c’est à travers les discussions que nous allons avoir à l’assemblée nationale que véritablement nous allons jouer notre rôle. En faisant comprendre à la majorité et en la forçant à accepter les préoccupations des Maliens. Parce que l’objectif ultime c’est ça. Pour ma part, je voudrais dire que l’opposition n’est pas un résidu d’une majorité ou de la démocratie. L’opposition est le vecteur essentiel dans la dynamisation d’une démocratie et ce rôle, nous entendons le jouer pour le bonheur du peuple malien et pour la vitalité de la démocratie que nous avons acquise chèrement.
Quelle appréciation faites-vous des six mois du pouvoir d’IBK?
Notre pays sort d’une crise et les problèmes sont d’une telle acuité qu’il y a beaucoup de choses à faire. Mais de notre point de vue, nous pensons que face à l’immensité de la tâche, face aux préoccupations des populations, qu’il était bon qu’à l’entame du mandat du président de la République, que l’on dispose d’une feuille de route claire, d’un programme clair. Ce programme devrait prendre en charge les préoccupations et toutes les préoccupations que le nouveau pouvoir voudrait mettre en œuvre pour permettre à notre pays de se relancer au plan démocratique, mais aussi avoir une croissance soutenue pour résoudre les problèmes du peuple malien. Mais nous constatons aujourd’hui que la représentation nationale ne dispose pas en son sein d’une déclaration de politique du gouvernement ou d’un programme de gouvernement. Donc nous pensons que ça c’est une urgence, car c’est à partir de là que nous connaitrons les réelles intentions du gouvernement pour la conduite des affaires de la nation. Si tel n’est pas le cas, nous sommes dans la perspective de comprendre que pendant les 6 mois écoulés c’est du pilotage à vue. Toutes choses qui nous inquiètent car on n’est pas rassuré par rapport à ce que le pouvoir veut faire, avec quels moyens et de quelle façon. Le regard que nous avons en ce moment au niveau du parlement c’est cela. Nous avons espéré qu’à la première session extraordinaire de l’Assemblée nationale nous allons avoir la déclaration de politique générale du gouvernement. Mais hélas, on attend toujours.
Pourquoi vous n’interpellez pas le pouvoir par rapport à cela, alors même que vous en avez le devoir en tant que parlementaire ?
Vous savez, il y a un temps pour tout. Déjà vous verrez dans les journaux, on a déjà parlée et la déclaration de politique générale va forcement venir à l’Assemblée nationale. Nous nous donnerons le droit de donner notre point de vue par rapport à cette déclaration. Donc nous nous disons d’abord : cette obligation est constitutionnelle et le gouvernement a intérêt à diligenter.
Le président de la République tarde à former un nouveau gouvernement qui aurait dû l’être depuis l’élection de l’Assemblée nationale. Quelle est votre lecture ?
Je vous assure que pour nous, c’est un non événement, parce que le gouvernement qui est en place est composé des partis qui soutiennent le président de la République. Donc, vouloir un remaniement ou une démission du Premier ministre, d’abord ça ne relève pas d’un droit constitutionnel de notre point de vue. Mais cela pourrait être une opportunité qui peut être appréciée par le président de la République. Aujourd’hui, nous pensons que si l’on demande aux Maliens, on verra que les attentes sont grandes et l’impatience est très forte. De notre point de vue, le peuple malien attend des actions concrètes du régime en place. Et le plus souvent, un remaniement ou un réaménagement ministériel, même éventuellement, un changement de Premier ministre avec une nouvelle équipe gouvernementale avec une nouvelle architecture gouvernementale, peut faire renaitre de l’espoir au niveau du peuple malien.
Propos recueillis par Nouhoum DICKO et Harber MAIGA
Bonjour Honorable,
Félicitation pour ton élection et tes prises de positions afin de mener la contradiction positive.
Toutefois, j’ai le regret de constater dans ce pays que les gens changent de veste selon les circonstances et les lieux.
Je suis surpris que l’Honarable N’Diaye, élu à Barouéli soit à l’opposition et critique la gestion d’un autre malien.
Qu’il se rappelle tout simplement de son passage au Ministère de l’Industrie en qualité de Secrétaire Général. Combien de tonnes d’Aliment Bétail ont été calciné dans les usines HUICOMA ?
Monsieur N’Diaye n’est pas innocent dans le bradage de HUICOMA.
En tout cas, il ne peut dire qu’il a la conscience tranquille en voyant des chefs de famille mourir de faim et de chagrin.
Affaire à suivre.
Toi tu es hors sujet. Enquoi mody qui est elu URD a t il change de veste
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