Un secret de Polichinelle : le président du CENA-M.C, Ahmed Diane Semega nourrit de grandes ambitions Politiques. Il ne saurait cependant atteindre ses objectifs sans passer sur la dépouille politique de certains ténors à l’image du Premier Ministre Modibo Sidibé dont la tête semble mise à prix par ceux-là qui ont justement la bénédiction d’ATT en personne. C’est dire qu’en dehors de la scène publique, se déroule en ce moment une bataille certes aujourd’hui discrète mais qui aura de grands retentissements dans les jours à venir. Si ce n’est déjà d’ailleurs pas le cas.
Le Mouvement Citoyen – qui mieux que Modibo Sidibé le sait-, s’est illustré au fil des années et des mandats d’Amadou Toumani Touré comme un "tueur" de premier ministre. Tous les chefs de gouvernement ont, en effet été durement confronté à sa présence: Ag Hamani I et II, Pinochet et aujourd’hui Modibo Sidibé. La situation fut embarrassante au point que la presse s’en saisit et l’exposa devant le président de la République lors de la traditionnelle conférence de presse en juin 2004. Et ATT de rappeler alors que ceux du Mouvement Citoyen restaient ses amis. Des " amis", il s’en défit quand même à l’image de son ministre des Finances Bassira Touré, de celui du développement social, Djibril Tangara, tous deux supposés pourtant très proches de lui. "Je n’ai pas d’ami… C’est le Mali qui est mon ami" dira-t-il, plus tard. Le Mali, certes, (son patriotisme ne fait l’ombre d’un doute), mais ceux du Mouvement Citoyen aussi et surtout puisque les cadres ici relevés de leurs fonctions ministérielles seront, par lui, bien logés quelque part, contrairement à certains anciens ministres et hauts fonctionnaires issus des formations politiques de la place. Ceux qui resteront à ses côtés et dans son ombre apprendront alors à " mieux vivre" avec lui, le temps que ne sonne pour eux, l’heure de devenir calife à la place du calife. Nous ne sommes pas loin de ce moment.
Parmi ceux-là, l’actuel Premier Ministre Modibo Sidibé. Il ne s’est jamais affiché avec le Mouvement Citoyen. On lui attribue d’ailleurs les déboires du M.C. à travers le Ministre de l’Energie et des Mines, M Ahmed Sow. Ce dernier, en tout état de cause, était pressenti pour succéder à Ousmane Issoufi Maïga, mais c’est sur Modibo Sidibé que le chef jeta finalement son dévolu. Puisque cette nomination coïncida avec une rocambolesque affaire de conflit d’intérêt au niveau du Centre pour le Développement de l’Entreprise (CDE), ancien service employeur de M. Sow, les fines bouches ont alors tôt fait d’attribuer à l’heureux élu, la déchéance de l’autre et de son entité.
M. Ahmed Sow est aujourd’hui réhabilité. A l’issue d’une enquête de plus de trois ans par les services européens spécialisés, le dossier a été classé sans suite pour manque de preuves. Mais le tapage médiatique qui a accompagné l’accusation au Mali, n’a pas suivi sa réhabilitation. C’est en effet sur instruction du gouvernement Modibo Sidibé que l’appelé a été invité à animer une conférence de à la Maison de la Presse afin d’éclairer l’opinion publique malienne. Ladite conférence de presse tenue le le vendredi 2 novembre à la Maison de la Presse en présence de la ministre Mme Diabaté Fatoumata Guindo, ministre chargé des relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement et animée par l’intéressé lui-même, Ahmed Sow, ressemblait beaucoup plus à un tribunal. Mais aucune délcaration du Gouvernement à l’issue de la réhabilitation.
En tout état de cause, ceux du Mouvement Citoyen ne continuent pas moins de tenir l’actuel P.M toujours responsable de l’embarras et du M.C et de M Sow auquel l’on attribue la paternité de l’entité qui se muera bientôt en parti politique. Toute chose qui ne saurait laisser le PM Modibo Sidibé indifférent.
Le combat a bien commencé entre les deux poids lourds et tous les coups semblent permis. A en croire des sources bien introduites, des observateurs avisés en ont eu droit à un aperçu de cette guerre sans merci à la faveur de la traditionnelle conférence de presse du président de la République à Koulouba, le 08 juin dernier, cérémonie émaillée par un incident très révélateur des antagonismes et prises de position.
Evidemment, le PM Modibo Sidibé n’étant pas du genre à se laisser abattre par la première flèche, il faudra s’attendre à des représailles proportionnées, voire surdimensionnées. Puisqu’un remaniement n’est, pour l’instant pas l’ordre du jour, l’on est bien parti pour un combat au sommet et pour longtemps.
B.S. Diarra