En dépit des pseudo-sondages qui le relèguent au profit du candidat Cheick Modibo Diarra, les ardeurs du candidat de la Nouvelle Gauche Républicaine ne sont nullement freinées. Il a entamé une grande randonnée électorale qui s’est poursuivie, la semaine dernière, dans le septentrion malien. Il était notamment au contact des électeurs de Tombouctou et Gao avec le credo de privilégier la proximité avec les concitoyens.
Mais il faut dire qu’en la matière le candidat de ‘FARE Anka Wuli’ a récemment émerveillé par une initiative novatrice d’une singulière portée médiatique et politique. En effet, pour créer la symbiose entre lui et les électeurs, son équipe de communication, sous la direction d’une certaine Coumba Traoré, a eu l’ingénieuse idée de mettre le candidat à l’épreuve de deux heures environ d’échanges directs avec les concitoyens. L’exercice s’est déroulé dans une ambiance bon-enfant au Mémorial Modibo Keïta, la semaine dernière. Dans une salle littéralement prise d’assaut par des centaines de fidèles ou de simples sympathisants, le candidat a été accueilli à coups de youyous, aux cris de slogans «Modibo, président !», dont les échos ont pu retentir dans les millions de ménages maliens connectés à la centaines de radios et chaînes de télé choisies pour la retransmission de l’événement.
Pour ce qui est du contenu, Modibo Sidibé a bravé avec brio la kyrielle de questionnements qui préoccupent les Maliens, à un moment où le pays amorce un tournant décisif de son destin : le choix de la personne qui sera investie de la confiance pour conduire les politiques publiques pendant les 5 prochaines années. La consultation du peuple pour ce faire intervient dans un contexte de crise de confiance manifeste entre l’élite et les masses et qui n’a point échappé aux interlocuteurs de Modibo Sidibé. Tout en admettant l’évidence que les Maliens sont déçus du politiques ces dernières, le candidat des FARE estime qu’il ne manque personnellement de rien pour mériter la foi du public malien. À sa volonté d’inverser les tendances s’ajoute une réelle maîtrise des problèmes d’un pays où il a servi près d’une trentaine d’années durant aux plus hautes fonctions étatiques. Cette longue expérience, le moins qu’on puisse dire, transparaît dans son approche de bien d’autres problèmes de l’actualité brûlante abordée par ses interlocuteurs tout au long des 90 minutes consacrées au dialogue direct avec eux. Sur la corruption, Modibo Sidibé assure qu’aucun combat contre ce fléau n’est envisageable sans exemplarité dans la gestion de chose publique. Il importe en effet que les responsables arrivent à distinguer l’action publique des intérêts et options subjectifs. «Il est injuste d’aider les uns aux dépens des autres», a clamé M Sidibé en assurant la race d’hommes intègres n’a pas complètement disparu au Mali. Contre le phénomène du chômage, le candidat a résumé sa recette aux mesures suivantes entre autres : la reconversion du profil des chercheurs d’emplois moins prisés, une adaptation de la politique éducative au marché de l’emploi ainsi qu’aux avantages économiques comparatifs du pays.
Dans une société malienne à dominante confessionnelle islamique, l’ancien Premier ministre n’a pu esquiver la problématique du rôle et de la place qui reviennent cette religion dans la société. Et Modibo, en homme d’Etat averti, s’est montré sans ambages tranchant et soutient qu’il est inadmissible de privilégier une religion par rapport à une autre dans un pays qui se veut laïc. Toutefois, indique-t-il au passage, la séparation entre l’Etat et la religion n’exclut guère une intégration du monde religieux dans les politiques publiques en vue d’une meilleure exploitation des potentialités intellectuelles qu’il recèle au service de la nation.
Dans l’ensemble, les questions soulevées ne sont pas si distinctes des préoccupations recueillies par le candidat Modibo Sidibé au contact des différentes composantes socioprofessionnelles rencontrées tout au long de la campagne présidentielle. Mais l’exercice a eu le mérite de renforcer l’empathie entre lui et le public, d’entretenir la symbiose avec de potentiels électeurs Maliens au-delà des frontières du pays et de mettre en lumière ses nombreux atouts d’homme d’Etat jusque-là peu connus de certains.
A Keïta