Le Palais de la Culture a abrité, le dimanche 13 mai dernier, la cérémonie de signature de la convention autour de Modibo Sidibé, ancien premier ministre, couplée à celle de son investiture comme candidat du Nouveau pôle politique de la gauche républicaine et démocratique (NPP), à l’élection présidentielle. L’événement a enregistré la présence des membres du directoire du NPP, les représentants des partis politiques, mouvements, associations et personnalités…
Constituée de six partis politiques, la coalition regroupe : l’UPD, le SPR, le REM, le RPDDM, le FUAC et les FARE An Ka Wuli. Selon les responsables de la coalition, ce choix porté sur Modibo Sidibé s’explique par le fait que le parti FARE a grandi de 2013 à nos jours et son président reste très apprécié par les électeurs maliens qui gardent de lui de bons souvenirs depuis la transition de 1991 mais surtout lors de son passage à la primature entre 2007 et 2011 : « Il est un homme au patriotisme, à l’intégrité morale, au courage politique et à la compétence avérés et reconnu… ».
Après la signature des documents par les partis politiques du NPP, le président des FARE, Modibo Sidibé s’est adressé à l’assistance pour décliner les grandes lignes de son programme redresser le Mali. « Vous venez de me désigner candidat du Nouveau Pôle Politique de la Gauche Républicaine et Démocratique, à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. Ce faisant, vous avez placé toute votre confiance en ma modeste personne, pour porter haut les valeurs et les nobles idéaux que nous partageons pour notre pays. Je vous en remercie très sincèrement et comme je m’y suis engagé solennellement devant vous, je me battrai à vos côtés et de toutes mes forces, pour faire triompher notre vision commune du Mali et honorer ainsi votre confiance. Cependant, en ce moment où je m’adresse à vous, chers camarades, et tout en me félicitant du choix que vous avez porté sur moi pour conduire cette bataille électorale, je mesure aussi le poids considérable de la responsabilité qui est désormais mienne, en votre nom et au regard de l’histoire, au regard des attentes prioritaires de notre peuple, au regard des enjeux et des défis en cours dans notre pays, dans notre sous-région, en Afrique et dans le monde », a-t-il déclaré.
Pour le candidat du NPP, l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 va se dérouler dans un contexte inédit dans notre pays et qui est caractérisé principalement par : un affaiblissement généralisé de l’Etat, désormais incapable de remplir ne serait-ce que ses missions régaliennes ; une inadéquation profonde entre le mode de gouvernance en cours et les défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires auxquels notre pays est confronté quotidiennement ; le développement de la corruption, du narcotrafic et de l’économie criminelle ; l’aggravation inadmissible de la détérioration constante des conditions de vie et particulièrement au plan alimentaire, de millions de nos compatriotes ; l’effondrement de notre système éducatif et la crise croissante de l’emploi ; la persistance des affrontements intercommunautaires fratricides… « Si chacun de ces points est indéniablement et à juste titre, une cause de grande préoccupation pour nos compatriotes, certains me paraissent particulièrement menaçants pour le devenir même de notre pays. Au titre de ces menaces, je retiens en priorité l’insécurité qui sévit dans la quasi-totalité du pays, sans qu’aucune des mesures prises pour en réduire le développement et en atténuer les impacts sur les populations n’ait produit les effets escomptés. Pire, nous assistons à son extension géographique et à une évolution encore plus dangereuse de sa nature, de ses motivations et de ses manifestations, pour notre cohésion et notre unité nationales. Du terrorisme djihadiste initialement localisé dans les régions du nord, la violence s’est répandue au centre du pays, à travers des affrontements intercommunautaires meurtriers qui risquent, si nous n’y prenons garde, de détruire les fondements même de notre vivre-ensemble séculaire. Force est de constater pour le déplorer, que la paix n’est pas acquise, l’Accord issu du processus d’Alger n’a pas engendré les résultats espérés par le peuple malien, l’insécurité s’est incrustée partout dans le pays… », déclare le président Sidibé.
L’éducation, au cœur des priorités
« Je voudrais ici faire cas de ceux de nos enfants dont la guerre a interrompu la scolarité. Je dégagerai immédiatement après mon élection les moyens nécessaires à leur identification, à leur rescolarisation et au nécessaire rattrapage auxquels ils ont droit, tous sans distinction de couleur et de fortune. Qu’ils soient exilés dans des camps ou restés dans leur ville, leur village, leur campement. Ensemble, qu’ils comprennent tous que leur nation commune les protège. Je compte pour cela sur l’engagement patriotique des enseignants… », a affirmé M. Sidibé.
Pour Modibe Sidibé, c’est ainsi qu’ils rejoindront dans la légende les grands pionniers de l’indépendance, sofas de la connaissance à qui il doit personnellement la part lumineuse de son destin. « Face à la situation chaotique que j’évoquais, le choix de la personnalité qui présidera prochainement aux destinées du peuple malien revêt une importance cruciale, car, il ne s’agira ni plus, ni moins que de choisir entre le redressement du pays et son affaissement, entre une gouvernance de l’impuissance, de l’immobilisme et de l’affairisme et une politique résolue de refondation d’un Etat malien crédible, aux institutions républicaines fortes et adaptées aux défis en cours et dont la sécurité est assurée sur toute l’étendue du territoire national. Le chemin de la grandeur, celui d’un Mali propre, d’un Mali fort, d’un Mali juste, d’un Mali réconcilié et solidaire : voilà, chers compatriotes, l’enjeu de l’élection présidentielle de 2018. Parce que nous sommes dans une période exceptionnelle, notre peuple, exceptionnel à bien des égards, aspire à porter à sa tête un homme à la hauteur du moment. Un leader qui saura réactiver les ressorts de notre pays afin de le tirer de l’abîme et de lui redonner un véritable horizon. Avec votre soutien, j’entends incarner cette exigence, parce qu’il nous faut réparer le Mali, notre Mali ! », affirme le candidat du NPP.
Une refondation de la République
Le candidat Modibo Sidibé a déclaré que la défense et la sécurité de la Nation seront le premier de ses devoirs. « Je saisis ce moment pour exprimer ma fierté d’avoir servi dans nos forces armées et de sécurité. Transition sociale, sanitaire, éducative vers un Mali où nos besoins fondamentaux d’hommes et de femmes du XXIème siècle seront solidairement satisfaits. Transition économique non pas vers la simple autosuffisance alimentaire, mais pour faire de notre Mali une puissance régionale dans les domaines où il a des atouts encore mal ou insuffisamment exploités, une puissance fortement pourvoyeuse d’emplois… », dit-il.
L’œuvre de refondation de l’Etat, poursuit M. Sidibé, à laquelle nous nous attèlerons s’inspirera des résultats qui seront issus du Dialogue National inclusif que nous tiendrons sur l’ensemble des sujets d’intérêt général, avec pour objectif principal l’élaboration d’un Pacte national nouveau qui prendra en compte les exigences de l’évolution démocratique du Mali et de la réconciliation nécessaire des différentes composantes de la communauté nationale. « Cette refondation de la République, soutenue par une ambition décentralisatrice consensuelle, passera aussi par la construction d’une citoyenneté nouvelle marquée par les valeurs morales fondamentales de la société malienne, à savoir, l’amour du pays, le culte du travail, l’esprit de responsabilité, de justice sociale, d’honnêteté et d’une manière générale, le respect sacré du bien public (…) Depuis de nombreuses années maintenant, je sillonne notre vaste pays, allant à la rencontre de nos concitoyens des villes et des villages, des campements et des hameaux. Je les ai longuement écoutés me dire leurs difficultés, leurs problèmes et leurs espoirs. Au cours de ces nombreuses rencontres citoyennes, j’ai échangé avec les jeunes et les femmes, les agriculteurs, les pasteurs et les artisans, les commerçants grossistes et détaillants, les étudiants, les travailleurs et les sans-emplois, les parents d’élèves et les agents de l’Etat, les notabilités coutumières et religieuses. J’ai visité plus d’une centaine de grins à Bamako comme à l’intérieur du pays. S’adresser aux cœurs et aux esprits de nos concitoyens. Bâtir un projet de société avec eux et uniquement pour eux. Débattre d’une vision, d’un programme à travers des rencontres de proximité, humaine, digne, voilà notre crédo… », a-t-il indiqué.
Mohamed Sylla
Bio-Express
Modibo Sidibé, l’homme des dossiers
Né le 7 septembre 1952 à Bamako, l’inspecteur général de police à la retraite, Modibo Sidibé a suivi des études supérieures pendant lesquelles il a obtenu un brevet de parachutiste (1977), un brevet d’arme (1978), une maîtrise en droit public (1976, Perpignan en France), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sciences pénales et criminologie (1979 à Aix-en-Provence en France), un DEA en théorie politique (1983 à Reims en France), un doctorat en sciences pénales et criminologie (1983 à Aix-en-Provence), un diplôme de l’Ecole nationale de l’Ecole nationale de du police du Mali (1977), et un certificat de droit des conflits armés (1985à San Remo en Italie).
Fonctionnaire de police, il a également travaillé pour le ministère de la Défense. En 1991, Modibo Sidibé, directeur de cabinet du ministre délégué à la Sécurité intérieure, est nommé directeur de cabinet d’Amadou Toumani Touré, président du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), après la chute du régime de Moussa Traoré.
En avril 1993, il entre au gouvernement en tant que ministre de la Santé, de la Solidarité et des Personnes âgées. Il est reconduit à ce poste dans les gouvernements successifs jusqu’au 16 septembre 1997 quand il devient ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Le 9 juin 2002, après l’élection du président de la république Amadou Toumani Touré, Modibo Sidibé est nommé secrétaire général de la présidence de la République. Il occupe cette fonction jusqu’au 9 septembre 2007. Ensuite, Il est alors nommé Premier ministre du 28 septembre 2007 au 3 avril 2011.
La Rédaction