Le parti Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare An Ka Wuli) a tenu le samedi 17 décembre 2016 sa 2ème convention nationale, à la Maison des Aînés. Une occasion pour le président des Fare, Modibo Sidibé, d’exprimer ses préoccupations relatives à l’insécurité, à la situation économique, à la mise en œuvre de l’accord, à la corruption, à la gabegie, au terrorisme dans notre pays, sous un régime sans cap.
Des délégués venus de l’intérieur et de l’extérieur du Mali ont pris part à cette convention nationale dont la cérémonie d’ouverture était présidée par le président des Fare An Ka Wuli, Modibo Sidibé, en présence de la secrétaire chargée du mouvement des Femmes, Maïga Diaby Bass, du président de la jeunesse, Amadou Cissé, et des membres du bureau politique national. Plusieurs partis amis étaient également présents à la cérémonie d’ouverture.
Dans son discours, Modibo Sidibé a estimé que les concitoyens du centre et du septentrion ne disposent plus d’espaces économiques, c’est-à-dire de marchés, de foires hebdomadaires et souffrent de l’absence ou la faiblesse des services sociaux de base. Il a fait constater que l’administration n’y est pas déployée à hauteur de responsabilité de l’Etat.
«Le gouvernement n’a pris aucune mesure vigoureuse pour stopper la propagation de l’insécurité à l’ensemble du pays et sous différentes formes, y compris les affrontements communautaires, sur fond de mutations socioculturelles et écologiques», a déclaré Modibo Sidibé. Et le président des Fare d’ajouter : «nous frisons la rupture des digues socioculturelles et côtoyons la prolifération des armes légères avec les tendances d’auto-défense. Toutes choses inacceptables et qu’il faut endiguer en réaffirmant l’autorité de l’Etat, en confortant la République, qui est le ciment de toutes les communautés».
L’année 2016, considérée par Modibo Sidibé comme stratégique pour redonner du sens à l’action gouvernementale, dévoiler des réformes majeures à conduire, a été entachée par des actions erratiques, sans aucune vision, ni volonté réformatrice. Il a indiqué que la gouvernance actuelle est sans projet, ni lisibilité de l’action politique. Elle manque d’agenda politique clair et réalisable autour de l’accord et de ses détails, du dialogue national, de la révision de la constitution, des élections régionales et de cercles. Il dira que pour sortir de cette situation, la puissance publique doit gagner en crédibilité, dessiner le cap et retrouver l’autorité morale et la force politique nécessaire. Le président des Fare a également évoqué la nécessité d’une refondation par le dialogue national, et a souhaité un nouveau fonctionnement institutionnel, une nouvelle alliance entre les citoyens et leurs gouvernants.
Une situation économique dramatique
D’après les propos de Modibo Sidibé, la situation économique souffre tout autant du manque de vision politique structurée en programmes socio-économiques cohérents, si bien que la reprise économique tant attendue peine à se réaliser et se ressentir dans le quotidien des Maliens. S’agissant de l’économie réelle, le président des Fare dira que «nous attendons depuis des années du gouvernement des politiques industrielles pertinentes, des politiques économiques volontaristes efficaces et de nature à soutenir la recherche et l’innovation, à protéger les industries naissantes».
Concernant le dialogue avec l’Union européenne sur les questions migratoires, l’ancien Premier ministre a martelé que le gouvernement doit marquer très fermement son attachement aux droits et à la dignité des migrants. En dénonçant la corruption engendrée par les pratiques opaques de gestion de l’Etat, d’ententes mafieuses où l’Etat est considéré comme une proie, un outil de prédation, Modibo Sidibé ajoutera que «nous devons identifier, analyser et faire converger les innombrables initiatives du Mali qui travaille, du Mali honnête et consciencieux». «C’est sur ces piliers d’intégrité que se construira la démocratie respectable et respectée dont le pays a besoin. Cela ne sera possible sans dialogue national, sans refondation, socle d’un véritable renouveau citoyen», a-t-il déclaré.
Parlant du Nord du Mali, en dépit de certains progrès, le président des Fare constate le manque de lisibilité quant aux autorités intérimaires ; l’absence de cantonnement, de retour de l’administration et des Fama ; le manque de contrôle de l’Etat sur l’ensemble du territoire ; la multiplication des groupes armés ; les attaques contre les Fama, la Minusma, Barkhane et les civils.
Sortir de cette trappe
Selon l’ancien Premier ministre, le gouvernement ne fait pas preuve de leadership, donne l’impression de ne pas porter l’accord et s’enferme dans un tête-à-tête avec la Plate-forme et la Cma. Tout cela, dit-il, «se conjugue pour nous donner un Etat creux, contourné au profit des Ong, à la légitimité affaiblie au moment où il faut répondre au besoin d’Etat que ressentent les populations partout dans le pays».
Pour Modibo Sidibé, l’accord pour la paix n’est pas et peut être un horizon politique pour le Mali. «Il faut vite sortir de cette trappe. Partager cette exigence et aller vers un dialogue national refondateur, ouvrir de vraies perspectives pour donner la priorité absolue à la sécurité des personnes et de leurs biens, à la lutte contre le terrorisme, à l’accélération du cantonnement et les patrouilles mixtes», a-t-il ajouté.
Actualité oblige, Modibo Sidibé se réjouit de la décision récente de l’Assemblée nationale d’abandonner les poursuites judicaires contre ATT. Il souhaite que cela puisse ouvrir la voie à son retour dans des conditions conformes à son statut. Le président des Fare a en outre rappelé que son parti a obtenu 205 élus dont 2 maires et 10 conseillers aux élections communales du 20 novembre. Il a rendu hommage à ses nouveaux élus.
Diango COULIBALY