Modibo Sidibé se déclare candidat à la présidentielle du 29 avril : “Je place ma candidature sous le signe du renforcement et de l’extension des acquis”- Grande convention nationale des pro-Modibo en février prochain

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C’est désormais chose faite. Il a fait la déclaration officielle de sa candidature hier mardi 17 janvier 2012  à son Quartier général sis à Hamadallaye. L’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a donc confirmé ce qui apparaissait, depuis quelques semaines déjà, comme une évidence lorsque l’homme a commencé à  sillonner le pays pour recueillir les bénédictions de ses compatriotes. C’est devant un parterre de journalistes, plusieurs dirigeants et cadres des clubs et associations qui soutiennent sa cause que l’ancien Chef du Gouvernement a affirmé avoir "décidé de soumettre avec humilité, confiance, sérénité et détermination" sa candidature à la présidence de la République, lors de la présidentielle du 29 avril 2012. En la plaçant sous le signe du renforcement et de l’extension des acquis tout en refusant de "céder à la démagogie des promesses de circonstances".

Ils étaient tous là, les principaux lieutenants du camp Modibo Sidibé : l’ancien vice-président de l’ADEMA-PASJ, Zoumana Mory Coulibaly, l’ex-ministre Abou-Bakar Traoré, Alou Sow et Amadou Cissé (tous ex-URD), Mme Oumou Traoré du mouvement des femmes de l’ADEMA-PASJ, des responsables de plusieurs associations engagées dans la dynamique de soutien de cette candidature. Arrivé sous les ovations des militants et sympathisants, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, en compagnie de son épouse,  est monté sur le podium pour sa déclaration.

"Notre pays, le Mali, va choisir son prochain président de la République dans quelques semaines, conformément aux dispositions de notre Constitution et au calendrier électoral républicain", a-t-il introduit. Il a rappelé que, dans un monde en mutation, souvent tourmenté et instable, le Mali figure parmi les Etats de droit et les démocraties où l’accession à la magistrature suprême obéit à des règles transparentes, claires, connues et respectées de toutes les parties prenantes dans un climat apaisé.

"Notre label démocratique n’est point usurpé. C’est un précieux acquis que nous avons tous œuvré à asseoir et à consolider. Le peuple malien a su, avec courage, lucidité, imagination et fierté, hisser progressivement, au cours de son histoire, notre pays dans le peloton de tête des démocraties reconnues et respectées sur la scène africaine et internationale. Notre pays a également enregistré des progrès économiques notables, notamment aux plans agricole et infrastructurel. Rendons-en grâce à Dieu ! Je voudrais, ici, saluer le rôle fondamental et les leçons de démocratie vivante données par les présidents Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré", a souligné Modibo Sidibé.

Et l’ex-Premier ministre de préciser : "De nombreux mouvements associatifs et clubs de soutien ont sollicité ma candidature et entendent la porter, de même que des partis politiques ". Aujourd’hui, dira-t-il, après avoir parcouru pendant un mois le territoire national, échangé avec ses compatriotes du monde rural, éleveurs, agriculteurs, avec les notables, sages, chefs religieux, dignitaires et patriarches, les femmes et jeunes de toutes conditions  dans les villes, villages, organisés ou non, engagés politiquement ou non, en somme avec le Mali vivant, le Mali des profondeurs et du quotidien, l’enfant du Wassoulou prend sa décision de franchir le rubicond pour annoncer son projet politique d’intérêt national.  "J’ai décidé de soumettre avec humilité, confiance, sérénité et détermination ma candidature à la présidence de la République, lors de la présidentielle du 29 avril 2012 ", a-t-il annoncé.

Il a, alors, souhaité placer cette candidature sous le signe d’une démarche inclusive afin de nouer  avec chaque Malien, sans préjugé, assure-t-il, "un contrat de confiance, un contrat de vision, une action basée sur une vision et des valeurs fondamentales de notre nation". Et l’ancien ministre, ancien Secrétaire général du Gouvernement d’indiquer qu’il place cette candidature sous le signe du renforcement et de l’extension des acquis. Mais aussi sous le signe de l’innovation avec un projet articulé d’accélération du développement économique, social, culturel et technologique du Mali. Toute chose qui passe par "une gouvernance remodelée, dans un Etat fort, un Etat juste, avec des institutions solides garantes de stabilité et de sécurité".

Dans cette optique le candidat Modibo Sidibé a ajouté qu’il soumettra, dans les jours et semaines à venir, sa vision et les grands axes de son projet, "Mali horizon 2030" au peuple pour la plus large adhésion possible. Une convention nationale se tiendra ensuite en février prochain pour fédérer clubs, associations, mouvements de soutien, partis politiques et toutes les personnes ressources en vue de les imprégner davantage sur l’engagement à construire "un avenir radieux et rassurant pour les nouvelles générations de notre pays dans une Afrique, continent du 21ème siècle".

Et l’enfant du Wassoulou de conclure sa déclaration en comptant sur les prières, le soutien et l’engagement de tous à ses côtés. Afin que, tous, ensemble, a-t-il assuré, "nous réussissions le pari de la mobilisation et du dynamisme pour relever tous les défis sur le chemin du développement harmonieux du Mali ".

Bruno D SEGBEDJI

Modibo Sidibé :

Une carrière, un destin  

Modibo Sidibé accède à la notoriété en 1991 lorsqu’au lendemain des évènements de mars 1991, le président du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), Amadou Toumani Touré, le choisit pour en faire son directeur de Cabinet avec rang de ministre. Au sein de cet organe mis en place à la chute du régime du président Moussa Traoré qui a régné 23 ans durant sans partage sur le Mali, Modibo Sidibé a côtoyé nombre des jeunes officiers qui, aux côtés du président ATT, ont mis fin au pouvoir de l’autocrate. Mais il n’y avait pas que des militaires au CTSP. A la fin de la transition, Modibo Sidibé est choisi par le président Alpha Oumar Konaré, élu à l’issue des premières élections démocratiques en 1992. Il se dit que Modibo a été chaudement recommandé au président Konaré par son prédécesseur, le président ATT au moment du passage de témoin entre les deux hommes. Il est nommé ministre de la Santé, de la solidarité et des personnes âgées. La tâche est ardue, puisqu’en réalité le système de santé du Mali se trouvait, au sortir des 23 ans du régime de Moussa Traoré, dans un état plus que déliquescent.

 A la tête d’une équipe à nouveau inspirée, Modibo Sidibé innove en mettant les populations au cœur du dispositif de santé, mais en les faisant participer aux coûts des soins : c’est le système des centres de santé communautaire, qui prend véritablement son essor sous son impulsion. Devenu ministre des Affaires étrangères et des Maliens de l’Extérieur dans le gouvernement du second mandat du président Konaré, Modibo se trouve au cœur de l’action panafricaine que le président entend mener, d’autant qu’il va assumer le double mandat de président de la CEDEAO et de l’UEMOA. Les urgences ont pour noms l’intégration africaine, le défi de la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace CEDEAO, les négociations pour faire avancer l’acte constitutif de l’Union Africaine, etc.

 A la manœuvre aux côtés du président Konaré, Modibo Sidibé fait ses classes sur la scène internationale, participe aux grandes conférences, préside au nom du Mali les réunions ministérielles. Au retour du président ATT aux affaires en 2002, Modibo Sidibé est nommé Secrétaire général de la présidence de la République. Autre poste stratégique. Autre défi, d’autant que le président Touré s’est fait élire en tant qu’indépendant, sans appareil politique pour soutenir sa politique, sinon l’accompagnement intéressé de nombreux partis. Bien qu’en retrait du devant de la scène, Modibo Sidibé est la pièce essentielle du dispositif du président Touré. Du fait de  cette position de tour de contrôle, Modibo se trouve confronté à l’adversité : soupçons d’obstacle aux ambitions des uns, accusations diverses des autres, tous unis dans une commune volonté de l’écarter pour mieux accéder au président sans doute. Modibo assume, mais ne répond à aucune attaque. Il conserve cependant la confiance du président durant les cinq ans du premier mandat. A l’entame du second mandat, Modibo devient premier ministre, avec pour mission la mise en œuvre du projet de développement économique et social du président Toure (le PDES).

Le front d’opposition à sa personne ne tarde pas à se constituer. Modibo Sidibé demeure fidèle à sa ligne de conduite, consistant pour l’essentiel à demeurer concentré sur la mission qui lui est confiée. Les initiatives prises par lui se heurtent à l’hostilité de ceux-là qui devraient les porter.

Les exemples sont connus : l’initiative riz, prise pour apporter une réponse structurelle à la grave crise alimentaire de 2008 est perçue davantage comme une tentative de se faire un tremplin pour les prochaines élections (déjà). Il est frappant que bien avant la démission de Modibo Sidibé du gouvernement et, plus tard, de la police nationale et de la fonction publique, il s’est dessiné un mouvement en faveur d’un soutien aux actions de l’ancien premier ministre. Depuis qu’il a quitté la Primature, ce mouvement s’est amplifié. Aujourd’hui, plus d’une centaine de clubs, associations, et mouvements sont actifs à travers le pays et réclament qu’il se présente à l’élection présidentielle. Bien qu’étant sans parti politique, Modibo Sidibé est cependant considéré par nombre d’observateurs comme un prétendant sérieux dans la course à la présidence.

Les observateurs de la scène politique ont tendance à considérer que Modibo Sidibé comptera dans le carré d’as des favoris à l’élection. Quand on sait que certains des plus grands prétendants se préparent à ces joutes depuis de longues années et disposent d’une formation politique entièrement dédiée à cette cause, être à hauteur de compétition avec eux relève certainement de la performance.

Kassim TRAORE

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