Mode d’accès au pouvoir et légitimité des représentants : Regards croisés d’acteurs politiques et d’un journaliste-écrivain

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L’observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS) a organisé, le 26 juin 2021, dans la salle Balanzan de l’Hôtel Radisson Collection (Ex- Sheraton), le numéro huit de ses conversations citoyennes sur le thème : « Mode d’accès au pouvoir et légitimité des représentants ». Le panel dirigé par Ibrahim Maïga avait trois invités de marque dont Serge Daniel, Journaliste-écrivain, Mme Diarra Racky Talla, ancienne Ministre, membre du bureau politique de l’UM-RDA, et 5ème vice présidente du CNT (Conseil National de Transition), et Babarou Bocoum, secrétaire politique du parti SADI. Etaient présents lors de ce débat, les universitaires, les représentants de la société civile, l’ancien premier ministre Moussa Mara, etc.

L’objectif général de ces conversations citoyennes portant sur ledit sujet, indique la note indicative, est de contribuer à la refondation de la gouvernance et de la démocratie au Mali, avec une attention particulière à la stabilité institutionnelle et à la fourniture des services sociaux de base de qualité en faveur des populations. De façon spécifique, il s’agit de créer un cadre de communication, de débat et de proposition regroupant des citoyens, des acteurs politiques et des décideurs autour du mode d’accès au pouvoir et la légitimité des représentants ; d’offrir aux politiques participants une meilleure lecture des aspirations d’acteurs diversifiés par rapport au mode d’accès au pouvoir et la légitimité des représentants du peuple sur la scène publique ; de collecter des propositions concrètes en vue de faire une analyse croisée et de plaider pour la prise en compte des mécanismes, principes et procédures désirés par les participants pour régir le mode d’accès au pouvoir et la légitimité des représentants sur la scène publique.

De l’avis de Mme Diarra Racky Talla sur le thème, il faudrait interroger l’histoire du Mali concernant le monde d’accès au pouvoir. « Je pense que notre gestion n’est pas adaptée aux défis mondiaux actuellement qui ne sont que des défis du développement (amélioration des conditions de vie, la sécurité etc.) », a-t-elle précisé. Pour avancer aujourd’hui, dit-elle, il faut rebattre les cartes pour les adapter aux défis mondiaux et aux inquiétudes des populations. « Et cela ne pourrait se faire sans réformer notre constitution», propose Mme Diarra Racky Talla. Pour elle, les politiques ont raté le coach en mettant l’accent sur les personnes et non les institutions (état de droit, respect des lois que ces institutions élaborent et les font respecter). Pour bouger, conseille Racky Talla, il faut mettre l’accent sur le développement du capital humain. Car, conclut-elle, l’échec de la démocratie est la responsabilité de tous (hommes politiques, acteurs de la société civile, populations, etc.)

Non, rétorque Babarou Bocoum, l’échec de la démocratie n’est pas la responsabilité de tous. Selon lui, après la mise en place des critères et conditions d’accès au pouvoir, tout le monde avait obligation de les respecter. Mais au Mali, tel n’a pas été le cas. La lutte du mouvement démocratique a été détournée de cet objectif. «Et depuis 30 ans, on essaie de noyer le poisson dans l’eau, de détourner la question, de nous faire croire que l’échec de la démocratie est un échec collectif. Les élections sont truquées depuis 30 ans dans notre pays sous l’œil vigilant de la communauté internationale. Et la population tourne le dos à la gestion du pouvoir par le comportement peu orthodoxe, non exemplaire des hommes politiques, le deux poids deux mesures des dirigeants », explique Babarou Bocoum. Et de poursuivre que le fait que le favoritisme, le clientélisme politique nous aient été imposés au Mali et non la vraie démocratie, est à la base des coups d’Etat répétitifs, des soulèvements contre les dirigeants élus. Pour finir, Bocoum dira que l’accès au pouvoir est un gros problème, puisque ceux qui viennent achètent les gens et quand ils arrivent aux affaires, ils se moquent de servir le peuple, pensant avoir acheté leurs postes. En regardant tout ce processus, dit Bocoum, la réalité est qu’il y a une mafia qui a pris le contrôle de ce pays et qui en fait ce qu’il veut.

Pour Serge Daniel, deux problèmes essentiels sont posés au Mali dans sa gestion démocratique. Le premier problème est la mauvaise gouvernance et le second problème est celui de l’existence d’institutions fortes après la révolution de mars 1992. «Tout ce qui arrive au Mali depuis l’arrivée de la démocratie, c’est parce qu’on n’a pas d’institutions fortes. Sur la gouvernance, on prend des décisions et elles ne sont pas respectées ou appliquées par les gouvernants eux-mêmes pour donner le bon exemple aux gouvernés », soutient-il. Ce sont les deux cailloux sur nos pieds aujourd’hui, dit Serge Daniel, qui empêchent l’émergence du Mali. Pour serge, il faut aller vers un organe unique de gestion des élections. « Sinon on ne va plus tirer d’affaire; les élections seront toujours mal organisées », prévient-il. Bref, préconise Serge, il faut revoir notre mode de gouvernance, ce qui va passer par une large autonomie de toutes les régions du Mali.

Selon l’ancien premier Ministre Moussa Mara, le gros problème que notre pays, le Mali a, est la crise de représentation. Au Mali, regrette l’ancien président du parti Yelema, il faut des gardes fous, des vrais, pour que le peuple cesse d’être floué par les élus et les responsables qui sont nommés pour diriger le pays. Des gardes fous, insiste Moussa Mara, pour permettre aux citoyens de démettre un élu au cours de son mandat ou même un responsable nommé s’il ne travaille pas. Bref, il faut mettre les responsables élus et nommés sous pression pour qu’ils travaillent. Moussa Mara a fait savoir que tant qu’on a un système électoral basé sur l’argent, on ne s’en sortira jamais. «Il faut qu’on travaille sur le poids de l’argent dans les élections si on veut avoir de bonnes élections et des représentants valables dans nos postes électifs », propose-t-il. Pour terminer, prévient Mara, j’ai dit cela lors du DNI (Dialogue National Inclusif), mais je n’ai pas été écouté ; j’espère que les autorités actuelles tiendront compte de cela pour que les citoyens s’intéressent à la chose démocratique.

Hadama B. Fofana

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