Mme Sidibé Aminata Diallo, Vice- Présidente de la Coalition pour le Mali : «Un pays qui recherche l’unité et l’intégrité territoriale, devait aussi retrouver l’unité dans la parole»

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Dans la mouvance de la journée internationale de la femme et au sortir de la rencontre de la Coalition pour le Mali avec la délégation de l’opposition parlementaire tchadienne en séjour au Mali, nous avons approché l’ancien ministre de l’Education, vice- présidente de la Coalition pour le Mali, présidente du parti le Rassemblement pour l’Education à l’Environnement et au Développement Durable. Professeur à l’Université du Mali, elle nous parle de son parti, de la situation institutionnelle et socio sécuritaire du Mali et de la femme, des élections et de sa candidature à la présidentielle.

Mme Sidibé, Aminata Diallo
Mme Sidibé, Aminata Diallo

Le Pouce : Comment se porte votre parti ?

Mme Sidibé Aminata Diallo : Tout va bien et nous nous préparons pour les échéances électorales.

Le Pouce : Depuis le 08 mars, vous êtes dans une série de rencontres avec les forces de défense et de sécurité du Mali, les forces alliées (françaises et la MISMA) et les représentants de l’opposition tchadienne au sein de l’hémicycle. Qu’est- ce qui sous tend ces rencontres ?

Mme Sidibé Aminata Diallo : Nous réfléchissons à la paix dans le septentrion et au sort de nos frères et de nos sœurs qui vivent encore dans les régions qui ne sont totalement libres, comme la région de Kidal. Je pense que la préoccupation pour tout le monde, c’est de savoir quand est- ce que Kidal sera libre et comment ? Il nous faut un Kidal libre sous une administration d’un Etat unique. Une administration qui est celle de l’Etat régalien, le Mali. C’est ce qui nous intéresse. En second lieu, dans un pays où tous les citoyens sont libres de leur mouvement, égaux en devoirs et en droits, c’est dans ce pays qu’on peut prétendre faire des élections démocratiques.

Le Pouce : Vous venez de rencontrer l’opposition parlementaire tchadienne. En venant, quelles étaient vos attentes ?

Mme Sidibé Aminata Diallo : Je félicite cette opposition pour avoir fait bloc derrière le président Deby. Ce n’était pas évident d’envoyer 2000 soldats au Mali pour se battre aux côtés des forces maliennes et françaises et les forces africaines d’une façon générale. Ce que le président Idriss Deby a réalisé est extraordinaire. Il restera dans les cœurs des Maliens. Nous ne l’oublierons jamais. Un jour viendra, et nous pourrons rapidement aller présenter les hommages du Mali à l’ensemble du peuple tchadien. Nous demandons au bon Dieu que cette guerre s’arrête. Cette opposition tchadienne a montré l’unité derrière leur chef. Il faudrait que les Maliens aussi, acceptent, un jour, de parler d’une même voix. Que des voix qui s’élèvent ici et là s’arrêtent pour le bien de la République, le bien de tous. Pour le moment, nous n’avons pas pu réaliser cela. Ici, il y a des oppositions, des divisions, des trahisons et, c’est dangereux. Un pays qui recherche l’unité et l’intégrité territoriale, devait aussi retrouver l’unité dans la parole. C’est-à-dire que la liberté est donnée à chacun de s’exprimer, mais, il y a des règles qu’il faut respecter. Nous sommes dans un contexte de guerre. Ce contexte de guerre impose qu’un certain langage soit évité. Il faudra éviter tout ce qui peut perturber et faire perdre l’ordre dans la République. Il faudra que des garde-fous, des mécanismes de veille, soient installés pour que les Maliens puissent parler d’une seule voix devant le danger. On a un seul danger au Mali : c’est le terrorisme. Il n’y a pas de danger entre Maliens, entre ethnies. L’unité dans les comportements, dans les gestes, dans les paroles, s’impose. Cela est important pour prévenir une autre guerre. Nous sortirons de cette guerre, mais, comment mettre en place des mécanismes de prévention pour que nous ne basculions pas dans une autre guerre ? C’est de cela qu’il s’agisse pour la grande commission de dialogue et de réconciliation. Il faut que ce comité travaille pour la consolidation de la paix.

Le Pouce : Quel commentaire faites-vous du thème de la journée internationale de la femme qui porte sur « l’élimination et la prévention de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des petites filles » ?

Mme Sidibé Aminata Diallo : Il y a encore des femmes qui meurent dans le silence du fait des effets des violences faites sur les femmes et petites filles. Elles sont beaucoup, ces femmes du nord, humiliées mais qui ne parlent pas. Nous sommes dans une société d’hommes et de femmes qui aiment la pudeur. Qui ne veulent jamais se montrer. Il faut que demain, on réfléchisse à trouver des solutions pour rendre ces femmes heureuses. Comment faire pour qu’elles se retrouvent entre elles-mêmes pour mener une vie normale comme avant. Ceci est un défi à relever. Les violences faites aux femmes du nord, constituent une humiliation pour toutes les femmes maliennes. Un autre regard doit être posé sur les femmes. On devrait dire plus jamais ça. Le regard de la société sur ces femmes doit être différent maintenant. Il faudrait qu’on protège mieux les droits de ces femmes, de toutes les autres femmes.

Le Pouce : Avez-vous une proposition par rapport à cette protection?

Mme Sidibé Aminata Diallo : C’est au niveau du ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, que l’Etat malien constate les violations des droits de femmes. Les douleurs restent après la guerre. Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités pour restaurer la dignité de ces femmes. Que des cellules d’écoute soient créées dans le nord pour que ces  femmes viennent se confier et vider leur charge afin qu’elle puisse continuer d’espérer à vivre normalement. Que des Associations fassent des cris de cœur pour dénoncer l’impunité par rapport à ces actes.

Le Pouce : Comment percevez-vous la condition féminine?

Mme Sidibé Aminata Diallo : Je suis désolée. Je parle plutôt de comment assurer le quotidien des femmes qui  meurent de pauvreté. Les femmes sont en première ligne des couches les plus défavorisées de la population. Il faut d’abord combattre la pauvreté. Il faut amener leur condition de vie à un niveau acceptable. Je compte sur le système éducatif. Il peut changer la vie des femmes. Vous avez beau mis la femme au milieu des richesses, mais, si vous ne lui donnez pas les moyens de s’en sortir intellectuellement, les moyens d’avoir une santé convenable et d’éduquer ses enfants, alors, ce sera très difficile pour elle d’avoir une vie heureuse. Aujourd’hui, on a besoin de dire ce qu’on doit faire pour la lutte des droits et l’émancipation des femmes. Une femme qui éduque est émancipée. Elle est libre parce qu’elle sait conduire sa vie, sa famille, ses enfants. Il est important de songer de travailler sur les conditions des femmes rurales, comment améliorer leur accès à la terre, l’accès au foncier ; comment diminuer leur sacrifice quotidien. C’est un combat qu’il fait mener au niveau de l’agriculture, de l’élevage, au niveau de toutes ces grandes contrées où les femmes sont très actives. Ce sont les femmes rurales qui alimentent et qui nourrissent les grandes villes. Ce travail est méconnu. Soulageons leur quotidien.

Le Pouce : Que pensez-vous de la faisabilité des élections annoncées pour juillet 2013?

Mme Sidibé Aminata Diallo : Ça me semblait un peu prématuré de parler d’élection quand les régions occupées vivent toujours dans l’incertitude compte tenu de l’insécurité qui sévit dans ces zones. C’est de voir comment ou pourrait organiser le retour de ces réfugiées dans leur région d’origine. Qu’ils retrouvent leur quotidien et leur fonctionnement normal. Que l’administration dans ces zones reculées de Bamako, se retrouve. Vous voyez que Gao est cassé au ¾. Administrativement, elle n’existe pas. L’école est, totalement, démembrée puisque ce sont les classes qui servent d’habitude de bureaux de vote. Il faut réfléchir au traumatisme moral que la  guerre a occasionné chez les citoyens déplacés. Le bon fonctionnement de l’Etat, n’est pas encore prêt dans ces zones pour effectuer une élection digne de ce nom. Nous allons vers la désorganisation complète. Je doute fort que dans le contexte actuel qu’on puisse avoir des élections transparentes, crédibles et apaisées.

Le Pouce : Seriez-vous candidate?

Mme Sidibé Aminata Diallo : C’est une question que je n’ai pas écartée. Nous sommes en train d’étudier la question, mais, il faudra, d’abord que mon parti m’investisse. Evidemment, je présenterai ma candidature au parti qui est libre de m’investir. Il faut attendre que j’aie ce mandat. Il ne faut pas s’auto proclamer.

Entretien réalisé par Tiémoko TRAORE

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4 COMMENTAIRES

  1. L’unité dans la parole, c’est cela même le contraire de la démocratie, et c’est ce qui nous a amené à l’effondrement. Cette dame est l’une des fossoyeurs de la démocratie au Mali, en 2007 sa candidature a été créée de toute pièce pour servir de faire-valoir, on l’a vu, en tant que “candidate battue” au QG d’ATT au soir de son vol électoral de 2007. Ces genre de politiciens sont indignes des suffrages du Mali nouveau, du malien nouveau que nous voulons voir. Maintenant qu’on parle d’élection on les voit sortir de leur terrier de rat que le gros matou (Sanogo) a raté durant les mois de braise. On vous connait.

  2. Cette dame est une opportuniste incompétente sans ambition. Une ministre (en son temps) qui n’a pas hésité à lier des relations amoureuses avc son chef de cabinet. Son parti ne se porte pas du tt bien et ne se porteras plus jamais bien puisqu’elle a trahi ts ses militants et transformer son parti en bureau d’affaires. Que c marrant de voir une dame comme ça s’exprimer sur la vie de la nation sans avoir honte!!

  3. borka si bey ni ga dey ni. Cette dame a ete le pire exemple de femme responsabilsee mais qui a trahi les FEMMES par sa gestion personelle et maniaquale des affaires publiques (un ministere) confie a elle.

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