En politique, il n’est pas possible d’avoir l’occasion de discréditer et de tuer un adversaire quand on en a l’opportunité et de ne pas le faire. Le pouvoir qui s’en prive n’agit ni normalement ni rationnellement selon les codes en vigueur dans cet espace là. Cela cache forcément quelque chose !
Nous réclamions ici même il y a quelques jours, au nom de la vérité et de la transparence dans la gouvernance de notre pays, que le Président de la République respecte ses engagements solennels en la matière et décrète la publication de tous les documents relatifs aux accords que le Sénégal a signés avec Arcelor Mittal et Petro Tim.
Quelques jours plus tard (mercredi 3 novembre), c’est le Forum civil qui, en marge de la publication des résultats 2014 de l’Indice de perception sur la corruption (IPC), exige à son tour la publicité desdits accords. Hier vendredi, c’est la sous-coalition Benno Siggil Senegaal (BSS), membre de la majorité présidentielle et tête de file de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) qui «exhorte le Chef de l’Etat à faire publier tout document pouvant édifier les Sénégalais sur l’imposture qui est devenue une ‘’arme privilégiée’’ par l’opposition».
L’évidence d’une telle démarche de transparence et d’honnêteté, dans le contexte sénégalais et en souvenir des grandes batailles menées contre l’ancien régime, ne semble partagée ni par le Président de la République et son camp d’origine, ni par ses alliés classiques que sont l’Alliance des forces de progrès (AFP), le Parti socialiste (PS), le Parti de l’indépendance et du travail (PIT), la Ligue démocratique (LD) et les autres formations satellites de la mouvance présidentielle.
Niasse est neutralisé par les prébendes politiques qu’il engrange au sommet de l’Assemblée nationale, Tanor Dieng a disparu des radars, Dansokho a choisi de se battre avec des ombres qu’il s’est décidé à poursuivre, Ndoye Mendoza semble se calmer après avoir tenté de faire bouger les choses, contraint de gérer des équilibres internes chers à ses camarades ministres ou attributaires de fonctions d’Etat… Le M23 monnaie son héritage alors qu’une frange de la presse est tombée dans un jeu de connivences coupables qui a été refusé à l’ancien régime…
Clairement, si l’un des principaux alliés du Président de la République demande aujourd’hui des comptes au…Président de la République, c’est que les explications successives et répétitives des autorités ne sont pas satisfaisantes, encore moins recevables. Loin de là.
La répétition est pédagogique, dit-on. Mais celle entonnée depuis plusieurs semaines par le ministre Aly Ngouille Ndiaye est plutôt du genre ennuyeux, pas convaincant, ressassée à tour de bras dans des quotidiens de la place, comme une partie de publicité gratuite. Dire juste que Wade est victime de sa sénilité pour clore un dossier désormais sulfureux ne fait pas l’affaire !
Les accusations réitérées d’Abdoulaye Wade contre le Président Macky Sall et son frère Aliou Sall sont extrêmement graves au regard des niveaux de responsabilités qui sont mises en cause et qui n’épargnent même pas les ministres mêlés à ces deux affaires. Pour beaucoup moins que les allégations de l’ex-chef d’Etat, des hommes politiques ont déjà été mis en prison pour offense au Président de la République… Pourquoi Wade n’est pas inquiété, lui qui accuse le Premier magistrat du pays, Macky Sall et compagnie, de corruption et de concussion dans l’exercice de ses fonctions ? Qui d’autre pourrait se permettre de proférer impunément des accusations de cet acabit à l’encontre de la première institution du pays ? Du coup, n’est-on pas en face d’une rupture caractérisée du principe d’égalité des citoyens devant la loi ?
On n’est pas loin de l’absurde, c’est-à-dire au degré zéro de la bonne gouvernance, en dépit des effets de manche.
Momar DIENG