25 ans après la marche unitaire du 30 décembre 1990 qui fut déterminant pour le succès de la révolution de mars 1991, les acteurs du mouvement démocratique, réunis au sein de la Coordination malienne des organisations démocratiques, se sont retrouvés hier mercredi, à la Pyramide du souvenir, pour une conférence débat afin de dresser le bilan et les perspectives. Au cours de laquelle ils ont plaidé pour la tenue de la conférence d’entente nationale afin de permettre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Sous l’égide de son président, le Pr Ali Nouhoum Diallo, cette conférence débat a drainé la quasi-totalité des acteurs du mouvement démocratique. Dans son intervention, Pr Ali Nouhoum Diallo a rappelé que la chaîne humaine qui s’est ébranlée le 30 décembre 1990 de la Place de la Liberté en direction du Stade Mamadou Konaté, était diversement colorée. «Les marcheurs appelés, la force de la démocratie entendait entreprendre une longue marche aux cris de multipartisme intégral, ici et maintenant. Assainissement général de l’Administration ; il fallait nettoyer les écuries d’Augias. Les nettoyer proprement», a-t-il précisé. Et d’ajouter qu’il fallait en finir avec le parti unique constitutionnel, en finir avec la centrale unique des travailleurs, l’association unique des femmes, l’association unique des jeunes. «Les marcheurs étaient en quête d’espace d’expression plurielle, en quête d’espace de libertés: liberté d’opinion, d’organisation, d’entreprendre», a-t-il rappelé. 25 ans après la marche unitaire où en sommes-nous aujourd’hui, camarades du mouvement démocratique malien ? S’interroge l’ex-président de l’Assemblée nationale. Partant, il fera remarquer qu’aujourd’hui, c’est l’existence même du Mali en tant que pays uni, en tant que nation plurielle qui est menacée. Tous les accords de paix, expliquera t-il, signés entre le gouvernement malien et les différentes rébellions du Nord malien n’ont abouti qu’à des accalmies, à des répits plus ou moins longs et n’ont pas empêché le déclenchement le 17 janvier 2012 d’une rébellion. «En dépit des interventions de Serval, de la Cedeao, de la Minusma, de la Force Barkhane, sensées débarrasser le Mali des terroristes, djihadistes, narcotrafiquants, notre patrie reste divisée en deux, nonobstant la proclamation des Nations Unies de défendre l’intégrité du territoire national, de la forme républicaine et la laïcité de l’Etat, la sauvegarde de la souveraineté d’un de ses Etats membres sur l’étendue de son territoire», a-t-il soutenu. Ainsi, il a tiré la sonnette d’alarme sur le statuquo persistant de Kidal. «Le drapeau malien ne flotte toujours pas à Kidal. Le refus de ces séparatistes de voir organiser l’élection législative partielle dans la circonscription électorale d’Ansongho, dont Talataye est partie intégrante, au motif que cette commune rurale est une entité administrative de l’Adrar, est significatif à plus d’un titre et souligne la partition de fait du Mali, entérinée par la Minusma et nos autres alliées stratégiques ou tactiques», a-t-il souligné. Et d’ajouter que les candidats admis au second tour de l’élection législative à Ansongo devraient s’opposer à la tenue du 2ème tour sans qu’ils aient la certitude que l’élection se tiendra à Talataye. Par ailleurs, il n’a pas porté de gants contre le double jeu de la Minusma dans notre pays. A l’en croire, la Minusma ne devrait pas être une force d’interposition, mais plutôt une force qui participe au recouvrement de l’intégralité du territoire national.
De son côté, Mohamed Touré, Secrétaire général de la Comode, s’est félicité des acquis enregistrés ainsi que le renforcement du processus à travers l’institutionnalisation du chef de file de l’opposition, la création de la Haute cour de justice, la Haute autorité de la communication.
Les recettes de la Comode pour la sortie de crise
Pour sortir notre pays de l’impasse dans laquelle il se trouve dans la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger, la Comode a invité le gouvernement à l’organisation immédiate de la conférence d’entente nationale pour baliser le terrain dans le cadre de la mise en œuvre dudit l’Accord. «Nous voulons que la conférence d’entente nationale se tienne immédiatement. Elle est indispensable pour un Mali uni, décentralisé avec comme pôle de développement les régions du Nord», a indiqué le Pr Diallo.
Mohamed Touré a ajouté que la situation actuelle nécessite de prendre langue avec Iyad Ag Ghali. Car, dit-il, les partenaires du Mali, notamment la force Barkhane, ont tous les moyens pour traquer et neutraliser Iyad. Pourquoi ils ne l’ont pas fat ? S’interroge le secrétaire général. «Nous pouvons discuter avec Iyad tout en posant nos conditions», a-t-il laissé entendre. Par ailleurs, il a estimé que la libération de Kidal ne fait pas partie de la mise en œuvre de l’Accord. Cette région devrait être libérée après la signature de l’Accord. Les actions devant consacrer la mise en œuvre de l’Accord, dit-il, sont entre autres: les questions politiques et institutionnelles, la défense nationale et la sécurité, la réconciliation nationale, la justice et les questions humanitaires.
Boubacar SIDIBE